(BFM Bourse) - La société d'investissement présente dans la logistique pétrolière, la communication et les batteries électriques a publié des résultats marqués par des effets de périmètre gigantesques. Surtout, l'entreprise n'a pas livré d'annonce quant à l'utilisation de sa trésorerie nette de 5,31 milliards d'euros, ce qui déçoit.
Les résultats de Groupe Bolloré sont particulièrement difficiles à lire. La société détenue par la famille Bolloré et présente dans la logistique pétrolière (avec Bolloré Energy), les batteries électriques (avec Blue Solutions) la communication (via sa participation de 29,9% dans Vivendi) et la musique (via ses 18,1% dans Universal Music Group) a livré ses comptes annuels lundi 17 mars après la clôture.
Cette publication est marquée par des effets de périmètres et comptables assez vertigineux. La société a notamment finalisé en février 2024 la cession de sa société Bolloré Logistics au groupe CMA CGM (propriétaire du groupe RMC-BFM) pour 4,8 milliards d'euros, dégageant une plus-value nette de 3,6 milliards d'euros.
Ces comptes sont par ailleurs publiés après la scission en quatre entreprises cotées de Vivendi, une opération survenue fin 2024. Via des cotations indépendantes, Havas (à Amsterdam), Canal+ (à Londres) et Louis Hachette Group (à Paris) sont ainsi sorties du giron de Vivendi.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Déconsolidation
Ces scissions ont amené Groupe Bolloré à constater qu' il "n’exerce qu’une influence notable sur les groupes Canal+, Louis Hachette Group et Havas NV, et perd le contrôle au sens IFRS10 (une norme comptable) de Vivendi". En conséquence, ces quatre entreprises sont désormais mises en équivalence dans les comptes et leurs résultats ne sont donc plus intégrés dans ceux de Groupe Bolloré depuis le 14 décembre.
En conséquence, le chiffre d'affaires de Groupe Bolloré a atteint 3,13 milliards d'euros en 2024, contre 13,7 milliards d'euros en 2023. Ce car ce poste n'intègre plus les revenus de Vivendi, de Louis Hachette Group, d'Havas et de Canal+. En retraitant les effets de périmètres, les revenus ont reculé de 4% sur un an.
Le résultat opérationnel ajusté de Groupe Bolloré s'inscrit à 1 million d'euros, contre 994 millions d'euros en 2023 (et 61 millions d'euros en 2023 en retraitant les variations de périmètres).
Le bénéfice net s'inscrit à 1,84 milliard d'euros. Ce chiffre s'explique en grande partie par la plus-value de 3,6 milliards d'euros réalisées sur la cession de Bolloré Logisitics, qui est diminuée par une moins-value de déconsolidation liée à la scission en quatre de Vivendi, chiffrée à 1,9 milliard d'euros.
La trésorerie nette de Bolloré s'établit à 5,31 milliards d'euros à fin décembre 2024, contre une dette nette de 1,47 milliards un an plus tôt. Cette hausse s'explique par la cession de Bolloré Logistics mais aussi par la déconsolidation de la dette nette de Vivendi (autour de 2 milliards d'euros).
Manque d'annonces sur l'usage du cash
Après la publication de ces comptes, l'action Bolloré se retrouve sous pression à la Bourse de Paris, reculant de 6,5% vers 11h40.
"Le problème ne vient pas de l'opérationnel mais de l'absence d'annonce sur l'utilisation du cash (5,3 milliards d'euros, donc) . Le marché espérait peut-être des rachats d'actions, une OPAS (opération d'achat d'action simplifiée) ou la poursuite de la simplification de la structure de la 'galaxie Bolloré'. Or rien de tout cela n'a été annoncé", explique un analyste.
En 2023, par exemple, Bolloré avait annoncé une OPAS sur ses propres titres portant sur un peu mois de 9,8% lors de la publication de ses comptes au titre de l'exercice 2022. La position de trésorerie nette s'élevait alors à 1,2 milliard d'euros.
À l'issue de cette publication, Oddo BHF a réitéré son opinion à "neutre" sur le titre dans l'attente notamment de précisions sur l'utilisation du cash de la société. "Si le groupe est pour le moment très patient, il nous semble très peu probable qu’il conserve une telle position de cash pendant de nombreuses années. Un scénario possible serait qu’il acquiert une participation de taille moyenne dans un groupe coté pour ensuite éventuellement l’accroître au fil des ans, et ainsi constituer un nouveau pilier", développe le bureau d'études.
Oddo BHF attend aussi d''éventuelles nouvelles annonces sur la simplification de la structure de l'ensemble des sociétés de la "galaxie Bolloré". Mi-septembre, une première vague a été lancée avec des offres publiques d'achat sur trois sociétés (Financière Moncey, Compagnie du Cambodge, et Société industrielle et financière) devant aboutir à un retrait de la cote.
"Une évolution de ces deux points (l'utilisation du cash et la simplification de la structure, NDLR) pourrait constituer un catalyseur sur le titre alors que l’essentiel de l’actif net est pour le moment constitué de cash ou de participations cotées versant un dividende régulier", conclut Oddo BHF.
Recevez toutes les infos sur BOLLORE en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email