(BFM Bourse) - La société a publié un prospectus boursier en vue d'émettre un maximum de 25 milliards de dollars via un mélange d'actions et de dette et a également annoncé une nouvelle ligne de crédit de 10 milliards de dollars. Ce alors que sa note de crédit est menacée.

Fragilisé par les déboires techniques de ses avions, notamment le 737 MAX, Boeing évolue sur une ligne de crête très étroite. Ses résultats financiers souffrent, le groupe ayant brûlé pour 8,3 milliards de dollars de cash sur les six premiers mois de 2024. La société n'a pas encore communiqué son flux de trésorerie disponible pour le troisième trimestre, mais le groupe a indiqué vendredi, sur la base d'indicateurs préliminaire, que le seul flux de trésorerie opérationnel serait négatif à hauteur de 1,3 milliard de dollars.

Ces lourdes sorties de cash s'expliquent par un ensemble d'éléments, notamment des livraisons d'avions plus faibles, des charges passées sur des contrats de défense, ainsi que des stocks trop élevés par rapport aux cadences de production réelle dans la division d'aéronautique civile.

Problème: à ces difficultés s'ajoutent les impacts d'une grève qui a débuté le 13 septembre dernier et qui risque d'accentuer la consommation de trésorerie. Selon Bank of America, cette grève coûte environ 50 millions de dollars par jour et allonge de surcroît le temps nécessaire à Boeing pour améliorer la qualité de son processus industriel.

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Note de crédit menacée

Surtout, les agences de notations ont prévenu que ces débrayages posaient une menace pour la note de crédit, actuellement en catégorie investissement (qui marque la frontière entre les "bons" et les "mauvais" élèves pour simplifier) de Boeing. "Une grève prolongée pourrait avoir un impact opérationnel et financier significatif, augmentant ainsi le risque d'une dégradation de la note", prévenait Fitch, en septembre.

Pour la même raison, S&P s'est faite plus menaçant la semaine dernière, prévenant qu'elle avait placé la note du groupe sous revue négative. Selon ses projections, l'avionneur brûlera 10 milliards de dollars de cash cette année.

S&P notait alors que le groupe risquait de finir l'année avec moins de 10 milliards de dollars de liquidités disponibles (sa cible) si la grève perdurait tout au long du quatrième trimestre. Et avec 4 milliards de remboursements en avril, l'agence jugeait "probable" que Boeing recherche des financements supplémentaires pour consolider sa trésorerie.

Le cas échéant ce mardi. La société a publié un prospectus auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme américain de la Bourse, dans lequel la société déclare envisager de lever jusqu'à 25 milliards de dollars d'argents frais sous diverses formes (dette senior, dette subordonnée, actions, etc…). Le rival d'Airbus a également noué un accord avec les banques Citi, Goldman Sachs, JPMorgan et Bank of America pour une ligne de crédit d'un total de 10 milliards de dollars.

Chute de 40% de l'action en 2024

Bank of America remarque que le prospectus émis auprès de la SEC est valide pour trois années.

"Comme nous l'avons indiqué précédemment nous nous attendions à ce que Boeing émette entre 10 et 15 milliards de dollars d'actions pour maintenir sa note de crédit en catégorie investissement (..;) Bien que le montant de (la levée d'argent) n'ait pas encore été divulgué, nous considérons l'allongement du délai comme un élément positif", écrit Bank of America.

"Nous pensons que Boeing proposera d'abord des actions, ce qui devrait renforcer le bilan de l'entreprise à court terme tout en conservant la possibilité d'émettre ultérieurement une dette en actions avec un risque plus faible de dégradation de la note de crédit", poursuit la banque américaine.

A Wall Street, ces actions sont relativement bien accueillies par le marché, l'action Boeing prenant 1% vers 17h quand le S&P 500 recule de 0,3%. Mais sur l'ensemble de 2024, Boeing plonge de 42%....