PARIS (Reuters) - BNP Paribas annonce une chute de 55,6% de son bénéfice net pour le troisième trimestre, à 901 millions euros, en raison d'une multiplication par quatre des provisions liées essentiellement à l'aggravation de la crise financière en septembre.
D'après le consensus établi par Reuters, les analystes attendaient en moyenne une contraction de 37% du résultat net à 1.270 millions d'euros.
Natixis a dégradé mercredi sa recommandation sur le titre, d'achat à accumuler avec un objectif de cours inchangé à 69 euros.
Vers 9h40 Le titre BNP Paribas perdait 2,56% à 57,00 euros, soit une performance supérieure à l'indice sectoriel DJ Stoxx des banques européennes, en baisse de 0,8% au même moment.
La banque, qui précise ne pas avoir utilisé au troisième trimestre les nouvelles dispositions d'assouplissement des normes comptables, a estimé à 1,1 milliard d'euros après impôts l'impact de la crise sur ses comptes du trimestre, portant ainsi sa facture de la crise à 3,7 milliards d'euros.
"L'impact direct de la crise financière est très supérieur à celui des trimestres précédents", indique-t-elle dans un communiqué.
Son coût du risque, qui mesure le niveau des provisionnements, grimpe du coup à 1.992 millions d'euros à fin septembre, en tenant également compte, mais dans une moindre mesure, de la dégradation de l'environnement économique.
Le coût du risque intègre notamment 138 millions d'euros dans les activités de finance personnelle, "principalement dans le crédit à la consommation en Espagne et dans les pays d'Europe de l'Est", souligne BNP Paribas.
Le produit net bancaire recule de 1% à 7.614 millions d'euros tandis que le résultat brut d'exploitation se replie de 2,2% à 2.979 millions, ces chiffres étant au-dessus des prévisions des analystes.
LA BFI RESTE BÉNÉFICIAIRE
Dans la banque de financement et d'investissement (BFI), activités les plus affectés par la crise financière, le résultat avant impôt chute de 95% à 38 millions d'euros mais BNP Paribas reste bénéficiaire. Les revenus restent toutefois en progression de 4,6% par rapport au T3 2007.
Les provisions s'y élèvent à 1.032 millions d'euros dont 462 millions liés à son exposition aux rehausseurs de crédit, 343 millions liés à son exposition à Lehman Brothers, la banque d'investissement américaine en dépôt de bilan, et 83 millions suite à la faillite de banques islandaises.
Dans la banque de détail en France, le produit net bancaire ressort en progression de 1,5%. Le groupe fait état d'une hausse de 10,5% des encours de crédit et de 9,2% des dépôts.
Aux Etats-Unis, sa filiale BancWest a enregistré une perte exceptionnelle de 87 millions d'euros sur les actions de préférence des deux organismes de refinancement de crédit immobilier Freddie Mac et de Fannie Mae.
BNP Paribas indique par ailleurs que son ratio de solvabilité financière Tier One est resté stable à 7,6% à fin septembre, ratio qui sera porté à 7,95% une fois le rachat de Fortis finalisé.
DÉBUT DU RAPPROCHEMENT AVEC FORTIS EN DÉCEMBRE 2008
Profitant d'une gestion des risques plus stricte et relativement moins exposé à la crise que ses principaux concurrents, le groupe dirigé par Baudouin Prot a participé à la recomposition du paysage bancaire mondial en rachetant début octobre les activités de Fortis en Belgique et au Luxembourg.
Avec cette opération de quatorze milliards et demi d'euros, BNP Paribas est devenue la première banque de dépôts de la zone euro.
"Le début du rapprochement opérationnel entre BNP Paribas et les activités de Fortis (...) s'effectuera en décembre 2008", indique mercredi la banque.
Sa grande concurrente française, Société générale, a fait état lundi d'un résultat net en chute de 83,7% pour le troisième trimestre sous le poids des dépréciations d'actifs dans ses activités de banque de financement et d'investissement.
La banque dirigée par Frédéric Oudéa a indiqué qu'elle n'avait pas eu recours pour le trimestre clos à fin septembre à l'assouplissement des normes comptables autorisées par les autorités européennes, permettant de ne pas valoriser en valeur de marché certains actifs illiquides.
Cette modification des normes comptables a en revanche permis jeudi dernier à Deutsche Bank d'éviter une perte au troisième trimestre, la banque allemande parvenant ainsi à dégager un bénéfice avant impôt de 93 millions d'euros malgré de lourdes pertes dans son trading pour compte propre.
Parmi les banques françaises, Crédit agricole et Natixis doivent publier jeudi prochain leurs comptes trimestriels.
Matthieu Protard, édité par Jacques Poznanski
Copyright (C) 2007-2008 Reuters
Recevez toutes les infos sur BNP PARIBAS ACT.A en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email