PARIS (Reuters) - L'Autriche, le Danemark et la Suède ont décidé à leur tour lundi de garantir les dépôts de leurs banques, suivant en cela l'exemple de l'Allemagne qui en a pris l'initiative dimanche pour protéger ses épargnants au moment où elle travaillait au sauvetage d'Hypo Real Estate, poids lourd de la finance outre-Rhin.
L'unité affichée samedi à Paris par les pays du G4, qui s'étaient engagés à agir de façon concertée pour protéger leurs banques, a été ainsi sérieusement entamée par l'exacerbation de la crise financière.
Celle-ci a aussi pour conséquence une recomposition du paysage bancaire européen où BNP Paribas, un des établissements paraissant les moins touchés, a annoncé le rachat des activités belges et luxembourgeoises de Fortis pour 14,5 milliards d'euros.
L'opération, qui en fera la première banque de dépôts de la zone euro, sera financée notamment par une augmentation de capital de neuf milliards d'euros. BNP Paribas accueillera à son tour de table la Belgique et le Luxembourg, qui en détiendront respectivement 11,6% et 1,1%.
Le journal Le Monde écrit lundi que les Caisses d'épargne et les Banques populaires, deux banques à réseau françaises, envisagent un rapprochement et qu'une réunion en ce sens devait avoir lieu dans la journée.
Autre grande banque européenne, l'italienne UniCredit s'est résolue à lancer une augmentation de capital de 6,6 milliards d'euros, s'estimant victime de la vague de "défiance sans précédent entre opérateurs financiers".
A l'issue d'un week-end de négociations ardues, Berlin est parvenu de son côté à un accord de sauvetage d'Hypo Real Estate mobilisant le secteur privé pour 15 milliards d'euros sous forme d'apport de liquidités, en plus des 35 milliards convenus précédemment.
Mais l'Allemagne a aussi décidé dimanche de garantir l'ensemble des dépôts privés dans ses banques, après avoir critiqué la veille, lors du sommet de Paris, une initiative similaire de l'Irlande.
LES MARCHÉS DÉVISSENT
L'Autriche, le Danemark et la Suède ont suivi lundi sans pour autant rassurer les marchés boursiers, en forte baisse sous la pression des valeurs financières.
Vers 11h15, l'indice Euro Stoxx 50 des grandes valeurs de la zone euro perdait 4,87%, tiré à la baisse par le secteur financier (-6,63% pour les assurances et -6,34% pour les banques). BNP Paribas signait la moins mauvaise performance des grandes banques européennes avec un recul de 3,9%.
Dans ce contexte, le président du conseil italien Silvio Berlusconi a tenté dimanche de relancer l'idée d'un plan européen de sauvetage du système bancaire, à l'image du plan Paulson de 700 milliards de dollars aux Etats-Unis.
Ce scénario avait été catégoriquement rejeté la semaine passée par l'Allemagne et Paris comme Berlin ont démenti chacun de leur côté l'existence d'une telle proposition.
Le ministre allemand de l'Economie, Peer Steinbrück, a concédé lundi que les opérations de sauvetage de banques au cas par cas pouvaient ne plus s'avérer suffisantes. Il a indiqué que Berlin devait réfléchir à une protection globale de son système financier et qu'un "plan B" était à l'étude sur ce point, "mais pas sur une base européenne".
L'absence de réponse globale à la crise explique l'inquiétude des marchés. "Cela devient un problème de plus en plus global qui nécessite de plus en plus une réponse globale", a déclaré Dwyfor Evans, stratégiste chez State Street Global Markets à Hong Kong.
"Les banques centrales sont maintenant considérées comme les principaux apporteurs de liquidité sur les marchés. Cela fait très mauvaise impression", a-t-il ajouté.
En Asie, la Corée du Sud a annoncé qu'elle mobiliserait une partie de ses réserves de change pour apporter des liquidités à ses banques et a proposé à la Chine et au Japon la tenue d'un sommet pour discuter de la crise.
En Europe, les ministres des Finances devaient se réunir lundi soir au niveau de l'Eurogroupe en prélude à un conseil Ecofin ce mardi.
Yann Le Guernigou, édité par Jacques Poznanski
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