par Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - Les actionnaires de BNP Paribas ont donné leur feu vert à l'émission d'actions de préférence au profit de l'Etat français dans le cadre de la deuxième tranche de soutien public au secteur bancaire touché par la crise financière.
En janvier dernier, le gouvernement français avait décidé d'assortir son plan de soutien bancaire d'une option permettant aux banques de renforcer leurs fonds propres "durs" via l'émission d'actions de préférence, et non plus seulement par l'intermédiaire de dette subordonnée come en décembre dernier.
Ce mécanisme, très technique, offre l'avantage de renforcer le ratio de solvabilité financière "core tier one" des banques, ce ratio étant le plus surveillé par les marchés financiers.
Dans le cadre de cette opération, BNP Paribas prévoit d'émettre 5,1 milliards d'euros d'actions de préférence sans droit de vote qui seront souscrites par la Société de prise de participation de l'Etat (SPPE) et qui pourront être rachetées ultérieurement par la banque.
Une fois l'émission réalisée, les actions préférentielles de l'Etat français devraient représenter environ 11% des fonds propres de BNP Paribas. Le ministère de l'Economie avait indiqué fin janvier que l'Etat ne demanderait pas de siège au conseil d'administration en échange.
La banque dirigée par Baudouin Prot, la seule banque française à ne pas avoir procédé l'an dernier à une augmentation de capital, verra ainsi son ratio de solvabilité financière "core tier one" passer à 6,5% contre 5,4% à fin 2008.
"Le point essentiel, à mes yeux, est que l'entreprise bénéficie, à tout moment, de la capacité de racheter ces actions de préférence au rythme que nous souhaiterons et selon les quantités que nous souhaiterons", a déclaré Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas.
"Nous souhaiterons sûrement les racheter. Le rythme auquel nous les rachèterons dépendra fondamentalement de l'évolution de la conjoncture et de nos résultats", a-t-il ajouté.
UNE AUGMENTATION DE CAPITAL N'EST PAS EXCLUE ULTÉRIEUREMENT
Conformément aux souhaits de la Commission européenne, cette aide publique intègre un mécanisme incitant les banques à rembourser le plus rapidement possible l'Etat.
Plusieurs analystes financiers ont en effet estimé que les coûts de rémunération et de remboursement de ces actions préférentiels étaient particulièrement élevés, ce qu'a confirmé la direction de BNP Paribas devant les actionnaires.
"Plus nous pourrons les racheter tôt, mieux cela vaudra", a tenu à souligner Baudouin Prot.
"Nous y sommes d'ailleurs incités puisque d'un côté, les conditions de rachat sont plus chères avec le temps, et de l'autre côté, les conditions de rémunération sont aussi plus élevées avec le temps", a-t-il poursuivi.
Dans un document transmis aux actionnaires, BNP Paribas a estimé le coût de remboursement de l'opération entre 5,6 milliards et 8,1 milliards d'euros.
L'Etat recevra en outre une rémunération évaluée entre 400 millions et 800 millions d'euros par an. Mais cette rémunération ne sera due que si la banque décide de verser un dividende.
Pour rembourser cette aide de l'Etat, Baudouin Prot n'a pas exclu, parmi les options envisagées, de procéder à une augmentation de capital.
"Pour racheter ces actions de préférence, nous pourrons procéder de deux façons. En maintenant les résultats du groupe dans l'entreprise. (...) La deuxième possibilité c'est de procéder dans les prochaines années à une augmentation de capital", a-t-il fait savoir.
BNP Paribas avait prévenu dès le 26 janvier dernier qu'elle solliciterait la deuxième tranche d'aide de l'Etat français, en plus de celle reçue en décembre dernier. Elle va dans ce cadre convertir l'aide de 2,55 milliards d'euros reçue en décembre en actions de préférence, comme le plan français l'y autorise.
Rattrapée cet automne par la crise financière, BNP Paribas a accusé au quatrième trimestre une perte de 1,37 milliard d'euros. La banque a toutefois terminé l'année 2008 avec un bénéfice net de 3 milliards d'euros.
L'action BNP a clôturé vendredi en baisse de 1,07% à 32,25 euros alors que le CAC 40 a terminé en repli de 1,78%.
Elle est l'une des rares valeurs bancaires européennes en hausse depuis le début de l'année (+6,6%) alors que l'indice sectoriel DJ Stoxx se replie de 13,8% depuis janvier.
Edité par Benoît Van Overstraeten
Copyright (C) 2007-2009 Reuters
Recevez toutes les infos sur BNP PARIBAS ACT.A en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email