par Philip Blenkinsop et Ingrid Melander
BRUXELLES (Reuters) - BNP Paribas va reprendre l'essentiel des activités belges et luxembourgeoises de la banque Fortis en difficulté dans le cadre d'un accord conclu dimanche soir, qui fera de l'Etat belge le premier actionnaire de la banque française.
Cet accord, qui vient conclure d'intenses tractations entre les parties, permet à la BNP de prendre 75% du capital de Fortis Banque Belgique, a annoncé en fin de soirée le Premier ministre belge Yves Leterme.
L'Etat belge recevra en échange des actions nouvelles de la banque française, dont il détiendra 11,7% du capital (pour une valeur de quelque 8,25 milliards d'euros), devenant ainsi le principal actionnaire de la BNP devant le groupe d'assurances français Axa.
Une opération similaire est prévue avec le Luxembourg et permettra à la banque française de prendre 67% des activités dans le Grand Duché, qui conservera de son coté 33% de la filiale locale de Fortis. La Belgique conservera également une minorité de blocage de 25% sur son territoire.
Selon le quotidien financier belge L'Echo, le groupe français reprendra également les activités bancaires de Fortis en Turquie (ex-Disbank) et les activités bancaires en Pologne. Fortis Insurance Belgium et Fortis Investments, la filiale de gestion d'actifs, seront également repris par le groupe français.
Les actifs "toxiques" de Fortis seront cantonnés dans un "véhicule" ad hoc qui recevra quelque 10,4 milliards d'euros de produits structurés. Ce véhicule sera contrôlé à 24% par la Belgique, 10% par la BNP et 66% par Fortis.
La Commission européenne a été consultée sur ce projet, a précisé un porte-parole de l'UE.
Le Premier ministre belge, Yves Leterme, a cherché à préserver l'unité des activités du groupe de banque et d'assurance en Belgique et au Luxembourg après la décision prise vendredi par les Pays-Bas de nationaliser l'essentiel des activités néerlandaises de Fortis.
HYPO REAL, DEXIA
Les difficultés de Fortis, moins d'une semaine après un premier plan de sauvetage des Etats du Benelux qui prévoyait d'injecter 11,2 milliards d'euros dans le groupe de bancassurance, sont une nouvelle illustration de l'aggravation de la crise financière qui touche désormais de plein fouet le continent européen.
Lors d'une conférence de presse, Baudouin Prot, le directeur général de la BNP, a déclaré que cet accord était un "message de confiance" dans les capacités de Fortis à se développer.
Dans une lettre ouverte à la Belgique, la banque française indique que l'entrée de Fortis au sein de BNP Paribas fait du groupe le numéro 1 de la zone euro par les montants des dépôts, en s'appuyant sur un marché domestique fort de quatre pays : la Belgique, le Luxembourg, la France et l'Italie.
Le gouvernement néerlandais a accéléré le démantèlement du groupe bancaire en annonçant vendredi le rachat des activités de banque et d'assurance de Fortis aux Pays-Bas pour un montant de 16,8 milliards d'euros, y compris l'essentiel des activités de la banque néerlandaise ABN Amro, réagissant ainsi à une vague de retrait d'argent par des déposants.
Avec l'allemande IKB, Fortis est l'une des premières banques de la zone euro à tomber sous l'effet de la crise mondiale du crédit.
Elle a acquis sa participation dans ABN au plus haut du marché pour 24,2 milliards d'euros l'an dernier, peu avant l'éclatement de la crise des subprimes aux Etats-Unis, qui a débouché sur une crise du crédit, ce qui a rendu plus difficile d'emprunter de l'argent pour financer l'opération.
Ce deuxième plan Fortis, dont les modalités doivent être précisées lundi matin avant l'ouverture des marchés, intervient alors qu'un mini-sommet à Paris réunissant les quatre pays européens membres du G8 (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie) a permis samedi des avancées en matière de coopération pour lutter contre la crise financière, même si aucune réponse globale, à l'image du plan Paulson aux Etats-Unis, n'est en vue sur le vieux continent.
En dehors même de Fortis, les Européens s'inquiètent des conséquences de l'échec du plan de renflouement de 35 milliards d'euros de la banque allemande Hypo Real Estate (HRE).
Un porte-parole du ministère des Finances allemand a indiqué dimanche que le gouvernement allemand allait garantir les dépôts bancaires privés, semblant ainsi changer son fusil d'épaule après les propos de la chancelière allemande Angela Merkel, qui a reproché samedi à l'Irlande d'avoir recours à un tel procédé.
La banque franco-belge Dexia, qui a fait l'objet mardi dernier d'un plan de sauvetage de 6,4 milliards d'euros a publié dimanche un bref communiqué dans lequel elle assure qu'Hypo Real Estate (HRE) n'aurait qu'un impact "très limité" sur la solvabilité du groupe.
Dans un communiqué publié à l'issue d'un conseil d'administration dimanche soir, Dexia a également indiqué que "le groupe était en mesure de faire face aux conditions dégradées que l'on a pu observer sur les marchés financiers".
"L'augmentation de capital de Dexia, annoncée le 30 septembre, tenait précisément compte, entre autres, d'impacts négatifs qui pourraient provenir de la détérioration générale de la solvabilité de certaines contreparties bancaires", ajoute la banque dans un communiqué.
Version française Jean-Michel Bélot, avec la contribution de Paul Taylor, Darren Ennis à Bruxelles, Foo Yunchee à Amsterdam, Matthieu Protard et Julien Ponthus à Paris
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