par Yann Le Guernigou
PARIS (Reuters) - BNP Paribas a annoncé un bénéfice net en recul un peu moins prononcé que prévu pour le deuxième trimestre, l'activité vigoureuse de sa banque de financement et d'investissement (BFI) permettant d'atténuer l'impact de dépréciations supplémentaires dues à la crise des marchés du crédit.
Comme sa rivale Société générale, qui avait aussi fait état mardi d'une baisse moins forte que redouté de ses résultats, BNP Paribas s'est distinguée par la forte performance de ses activités de marché dans un environnement difficile.
Le résultat net, part du groupe, s'est élevé à 1.505 millions d'euros, soit 34% de moins qu'un an plus tôt, contre 1.477 millions attendus par les analystes interrogés par Reuters. L'absence de plus-values, alors que le résultat du deuxième trimestre 2007 en incluait 349 millions, et l'impact de la crise du crédit (457 millions de dépréciations nettes et 129 millions de provisions spécifiques) expliquent cette évolution.
Hormis 44 millions de provisions sur le portefeuille d'investissement de la filiale américaine BancWest, la totalité de cet impact est liée à l'exposition de BNP Paribas aux rehausseurs de crédit américains, un des secteurs les plus touchés par la crise.
Ces nouvelles dépréciations et provisions portent à 2,6 milliards d'euros la facture pour BNP Paribas de la crise du crédit entamée il y a un an, ce qui en fait un des établissements les moins touchés parmi les grands acteurs de la banque de financement et d'investissement.
FINANCEMENTS RECORDS
La Bourse a salué ces résultats, le titre BNP Paribas gagnant 5,56% à 63,30 euros vers 14h35, signant la meilleure performance de l'indice DJ Stoxx des banques européennes, qui gagne 0,48% au même moment. Société générale, qui a bondi de près de 10% la veille, poursuit sur sa lancée et prend encore 1,83% à 66,29 euros.
Avec un recul de 12,5% depuis le début de l'année, l'action BNP Paribas enregistre une des moins mauvaises performances de l'univers bancaire européen, le marché intégrant le fait qu'elle avait jusqu'ici traversé la crise en limitant les dégâts.
"BNP Paribas a publié des résultats solides, comme Société générale mardi. Cette dernière a fait mieux en BFI mais BNP sort gagnante dans la gestion d'actifs et la banque de détail en France. Et le bilan des deux est 'clean'", dit un analyste d'une banque américaine basé à Londres.
Son résultat brut d'exploitation du deuxième trimestre a accusé un repli de 20,8%, à 2.665 millions d'euros, légèrement plus que les 2.626 millions attendus par le consensus. Il traduit une évolution des revenus comme des coûts nettement supérieure aux anticipations des analystes.
Les premiers ont vu leur recul limité à 8,5% (à 7.517 millions contre 7.173 millions attendu) et les seconds sont restés quasi stables à 4.852 millions, alors qu'ils étaient attendus en recul de plus de 6%.
L'essentiel de la différence, au niveau des revenus et des coûts, est à mettre au compte de la banque de financement et d'investissement. Malgré les dépréciations d'actifs, l'activité de celle-ci a nettement surpassé les prévisions : 1.852 millions d'euros (1.406 millions attendu), soit 24,5% de moins que le record enregistré au deuxième trimestre 2007 mais 41% de plus qu'au premier trimestre 2008.
Elle s'explique par une forte performance du pôle actions et conseils et surtout des financements, qui ont enregistré une activité record.
TIER ONE À 7,6%
Les pôles International Retail Services (banque de détail à l'étranger et services financiers) et Asset management et Services (gestion d'actifs, banque privée, assurance et services aux investisseurs) ont également publié des revenus records pour le deuxième trimestre.
La rentabilité des services financiers et des réseaux étrangers a pour sa part souffert d'une remontée du coût du risque chez la filiale américaine BancWest ainsi que dans le crédit à la consommation et le leasing.
Le directeur général, Baudouin Prot, a déclaré que la hausse du coût du risque - il a été multiplié globalement par plus de 2,5 - reflétait la détérioration de l'environnement économique mais qu'il n'anticipait pas d'aggravation majeure au niveau de l'ensemble du groupe.
Le réseau France a tiré son épingle du jeu avec une croissance de 3,0% de ses revenus sous-jacents, là où la Société générale devait se contenter de 0,9%. Baudouin Prot a souligné que la nouvelle hausse du taux du Livret A intervenue le 1er août aurait un impact sur les marges au deuxième semestre, pour ajouter que la banque s'évertuerait de maintenir un écart d'au moins 1% entre la hausse de ses revenus et celle de ses coûts.
BNP Paribas a fini le trimestre avec un ratio Tier One de 7,6%, inchangé par rapport à fin mars. Bien qu'il soit inférieur à ceux de ses concurrents français, qui dépassent 8,0%, la banque estime qu'il est à un niveau "adéquat".
Elle en veut pour preuve la qualité de sa note - elle est une des rares banques encore notée "AA+", ce qui lui confère un avantage concurrentiel -, confirmée récemment par S&P, et assure n'être soumise à aucune pression pour lever des fonds propres.
S'exprimant devant la presse, Baudouin Prot a déclaré que sa banque disposait des fonds propres nécessaires pour alimenter une croissance organique significative, qui reste sa priorité, tout en la complétant par de petites acquisitions.
Alors que le nom de BNP Paribas est souvent cité dès que des banques sont mises en vente, il a indiqué que le groupe entendait "garder la tête froide" en termes de croissance externe.
Yann Le Guernigou, édité par Jacques Poznanski
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