(BFM Bourse) - Sycomore AM appelle les actionnaires de Believe à ne pas apporter leur titres à l'offre de rachat lancée conjointement par le fondateur du groupe d’édition musicale et plusieurs fonds d'investissement.
Le projet de rachat de Believe par son fondateur et plusieurs fonds d'investissement, ne sera un long fleuve tranquille. Ce projet donne actuellement lieu à une véritable bataille boursière.
Mercredi soir, un nouveau belligérant s'est en effet invité dans l'arène, et non des moindres puisqu'il s'agit de Sycomore AM, qui détient 0,99% du capital de Believe. Cette société de gestion est connue pour être un actionnaire tenace et engagé et s'est récemment illustrée pour sa croisade contre l'ancien président d'Atos.
Cette fois-ci, l'actionnaire, certes minoritaire du groupe français de musique numérique, se mobilise contre les modalités de l'offre formulée le mois dernier par les fonds d'investissement TCV et EQT, associés à Denis Ladegaillerie, le PDG et fondateur du spécialiste de la musique numérique.
Une offre trop basse
Le point d'achoppement est tout trouvé : le prix de l'offre de 15 euros par action proposé par le consortium qui est jugé "trop faible" par Sycomore AM. En tant qu’actionnaire de long terme, Sycomore AM ne souhaite pas accepter une offre de rachat en deçà du prix de 19,50 euros par action retenu pour l'introduction en Bourse de Believe, opération à laquelle Sycomore AM avait participé.
La société de gestion n'est pas la seule à avoir pointé du doigt la faiblesse du prix offert par le consortium. Plusieurs observateurs de marché ont estimé ces dernières semaines que le prix de 15 euros proposé dans le cadre de cette offre ne traduisait pas la juste valeur de Believe.
La société de gestion s'est logiquement prononcée contre ce projet, d'autant plus le développement économique de Believe "se porte bien", souligne Sycomore AM. Elle rappelle que l’entreprise a réalisé une croissance de son chiffre d’affaires de plus de 20% en moyenne par an et une multiplication de son résultat brut d’exploitation (Ebitda) par 7 depuis son introduction en Bourse en 2021. Une évolution qui lui donc a permis d'atteindre, deux ans en avance, les objectifs fixés lors de sa cotation.
"Sa trajectoire boursière ne reflète donc ni la valeur intrinsèque de l’entreprise ni la qualité de son équipe dirigeante", déplore Sycomore AM. C'est d'ailleurs ce qui a attisé l'appétit de Warner Music Group qui est sorti du bois, début mars en déclarant avoir pris contact avec Believe, en date du 21 février en vue d'un potentiel rapprochement.
Warner Music Group estimait alors valoriser les actions Believe à un prix minimum de 17 euros par action (dividende inclus) sur la base des informations publiques qu'elle avait à sa disposition. Soit deux euros de plus que l'offre initiale du consortium. Le géant américain de l'industrie musicale avait indiqué dans son communiqué que son offre serait bénéfique car elle s'inscrirait dans un réel projet de développement de Believe.
Le groupe américain a taclé au passage le projet d'offre publique d'achat annoncé par le consortium, jugeant que leurs motivations seraient "purement financières". Warner Music Group affirme même que la proposition du consortium n'irait pas dans l’intérêt de Believe et de ses autres parties prenantes (actionnaires, employés, artistes et labels).
Un rachat de Believe serait donc un moyen pour le groupe américain de se redynamiser alors qu'il a perdu du terrain par rapport aux autres majors ces dernières années, avait indiqué Stifel dans une précédente note consacrée à Believe. Le bureau d'études s'attend donc à ce que le groupe américain formule donc une offre de 20 euros par action pour rafler la mise.
Une cote parisienne qui se dégarnit
Outre le prix, l'opération en elle-même envoie un signal négatif pour l'attractivité de la cote parisienne. Rappelons que le consortium a signé des accords avec plusieurs actionnaires en vue de récupérer 75% du capital de Believe. A la suite de ces multiples opérations d'apport, le consortium envisage de déposer pour le deuxième trimestre 2024, une offre publique d’achat (OPA) visant les actions Believe qui seraient toujours en circulation.
Le but étant d'ensuite de retirer la société de la cote, dans l'hypothèse où le consortium atteindrait les niveaux de détention nécessaires pour initier une procédure de retrait obligatoire, à savoir 90% du capital. Pour Sycomore AM, une telle issue léserait donc les "actionnaires minoritaires qui auront pourtant soutenu la société et son management depuis son premier jour de cotation".
Si ce projet venait en effet à aboutir, Believe viendrait donc alimenter une liste déjà bien garnie d'entreprises ayant quitté la cote parisienne ces dernières années. En 2023, 31 entreprises ont tourné le dos à la Bourse de Paris, soit six de plus qu'en 2022, selon le 15e baromètre des offres publiques d'EY.
A côté, les prétendants à une entrée en Bourse à Paris ne se bousculent pas. Ce qui à poussé le législateur a émettre une proposition de loi en faveur de l’attractivité économique de la place financière de Paris. Elle s’apprête à être débattue à l’Assemblée nationale ces prochains jours.
"Le retrait de la cote de Believe serait particulièrement confiscatoire pour ses actionnaires et laisserait des traces sur la participation d’investisseurs institutionnels et sociétés de gestion à de futures introductions en Bourse de sociétés pourtant à la recherche de capitaux", poursuit Sycomore AM.
Il faut dire que le parcours des entreprises qui sont entrées à la Bourse de Paris ces 10 dernières années n'est pas flatteur. Dans une publication LinkedIn, Pascal Quiry, l'auteur de la lettre financière Vernimmen et professeur à HEC, avait indiqué qu'à fin 2022, sur les 139 entreprises qui se sont introduites sur la Bourse de Paris depuis 2014 et encore existantes, 77% avaient un cours inférieur à leur prix d’introduction.
Dans le cas de Believe, le spécialiste s'interrogeait sur le problème de la valorisation: "soit le prix de l’introduction était bon et dans ce cas le prix de sortie est sous-évalué, et on lira avec intérêt le rapport de l’expert indépendant (charger de se prononcer sur le caractère équitable d'une offre publique d'achat, NDLR). Soit il n’était pas bon, et le prix de sortie est correct", avait-il ajouté.
Sycomore AM encourage donc fortement les actionnaires de Believe à ne pas apporter leurs titres à l’offre, "et à croire dans le futur de cette pépite de la musique".
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