(BFM Bourse) - Très remonté contre la stratégie du groupe, un actionnaire minoritaire d'Atos monte au créneau pour pousser son président Bertand Meunier vers la porte de sortie lors de la prochaine assemblée générale.

Le gérant d'actifs Sycomore AM a indiqué jeudi qu'il comptait agir pour évincer le président du conseil d'administration du groupe informatique Atos, Bertrand Meunier, lors de la prochaine assemblée générale, dont la date n'est pas encore connue.

Le président d'Atos est la cible de nombreuses critiques en raison des difficultés du groupe qui, en deux ans, a enregistré près de 4 milliards d'euros de pertes nettes cumulées (en 2021 et 2022) et a vu son cours chuter de 80% (depuis début 2021).

L'été dernier, après l'annonce d'un plan de scission, plusieurs petits actionnaires avaient déjà réclamé le départ de Bertrand Meunier, dont Sycomore Asset Management, qui possède "un peu moins de 1%".

Lors de l'AG, Sycomore compte soit déposer deux résolutions pour révoquer le président et trois membres du conseil d'administration, soit voter contre le renouvellement de leur mandat, a indiqué devant la presse Cyril Charlot, cofondateur de Sycomore.

"Un problème de gouvernance"

Cyril Charlot a dénoncé "un problème de gouvernance" au sein d'Atos, qui ont conduit à trois équipes de direction différentes depuis le départ de Thierry Breton en 2019. Il conteste aussi la présence au conseil d'administration de membres aux parcours trop éloignés des activités d'Atos.

Le gérant souhaite le départ de trois membres de longue date: Aminata Niane, présidente d'une agence de développement d'infrastructures, Lynn Paine, professeure de gestion, et Vernon Sankey, ancien patron du groupe agro-alimentaire Reckitt & Colman.

"Nous allons aussi demander des éclaircissements sur le projet de scission", a ajouté Cyril Charlot.

Mi-2022, Bertrand Meunier a annoncé un plan pour scinder Atos en deux entités cotées d'ici le 2e semestre 2023. L'une, rebaptisée Evidian, comprendra ses activités les plus dynamiques (cybersécurité, cloud, supercalculateurs), et l'autre regroupera les activités historiques d'infogérance (gestion informatique pour compte d'autrui), d'assistance aux postes de travail et de services aux entreprises.

"Des synergies avec les activités traditionnelles"

Airbus, qui négociait le rachat de 30% d'Evidian, a jeté l'éponge en début d'année. Le groupe aéronautique, selon des analystes, ne serait finalement intéressé que par les activités de cybersécurité, qui pourrait aussi intéresser d'autres grandes sociétés du secteur.

"Vendre la cybersécurité pourquoi pas, mais on aimerait qu'Atos nous explique ce qui justifie de vendre les autres activités alors qu'il y a des synergies possibles avec les activités traditionnelles", a estimé le cofondateur de Sycomore AM.

Compte tenu de ce bilan, Cyril Charlot "ne voit pas comment notre résolution se serait pas votée massivement par les actionnaires", en précisant être en contact avec plusieurs d'entre eux.

(Avec AFP)