(BFM Bourse) - L'entreprise de services numériques a enregistré une croissance organique de 4,6% sur le quatrième trimestre, supérieure aux attentes et portée notamment par la bonne performance de sa future filiale Evidian.

Le sol semble avoir fini de se dérober sous les pieds d'Atos. L'entreprise de services numériques a connu une année 2022 difficile, avec plusieurs avertissements sur résultats, le départ d'un directeur général arrivé il y a seulement six mois, et un plan stratégique initialement mal reçu par les investisseurs, en raison surtout de craintes sur son financement. Ce qui a été ponctué par une chute de 76% de l'action en 2022.

Mais, à défaut d'être étincelantes, les dernières publications de la société montrent qu'elle avance sur le chemin de son redressement. Après un troisième trimestre encourageant, les résultats du quatrième trimestre et de l'ensemble de l'année 2022 le confirment.

Sur les trois derniers mois de 2022, la croissance du groupe a accéléré pour atteindre en données organiques (hors effets de périmètre et de changes) 4,6% sur un an. Certes, le groupe a bénéficié d'une base comparaison favorable puisque le quatrième trimestre 2021 avait vu son activité se contracter de près de 9%. Mais le rebond s'avère supérieur aux attentes des analystes qui tablaient, selon un consensus cité par Stifel, sur une progression limitée à 2,7%.

Promesses tenues pour Evidian

Atos a été porté sur la fin d'année 2022 par le dynamisme d'Evidian, sa future filiale qui regroupera ses activités en forte croissance (cybersécurité, transformation numérique, big data, supercalculateurs) et qui, dans le cadre du plan stratégique du groupe, sera scindée via une introduction en Bourse prévue fin 2023.

Evidian a enregistré une croissance organique de 11% au quatrième trimestre, portée notamment par "la montée en puissance de l’activité Advanced Computing", le calcul informatique de haute performance, et "la dynamique vigoureuse enregistrée une fois encore dans les services de cybersécurité", explique la société.

L'activité TechFoundations, qui regroupe les métiers historiques d'Atos, comme l'infogérance, a elle enregistré un repli organique de 1,2%. Mais en excluant les activités que le groupe doit céder ou sur lesquelles il réduit volontairement ses contrats - comme le BPO, l'externalisation des processus métiers, et les reventes de matériels et de logiciels – les revenus sont en croissance organique de 1% au quatrième trimestre.

"Le redressement de TechFoundations se confirme et s'amplifie, ce sur ce quoi le marché pouvait avoir des doutes, et la croissance d'Evidian tient ses promesses", note un analyste parisien.

Le chemin est encore long

Sur l'ensemble de l'année 2022, les revenus d'Atos sont quasi stables en variation organique (-0,1%) à 11,3 milliards d'euros. La marge opérationnelle s'inscrit à 3,1% contre 2,8% attendu par les analystes. La perte nette s'est nettement réduite sur un an à 1 milliard d'euros contre près de 3 milliards en 2021, exercice où le résultat net avait été marqué par de lourdes dépréciations.

Par ailleurs, la dette nette ressort inférieure aux attentes, ce que les analystes saluent également. A fin décembre la dette nette d'Atos s'inscrit ainsi à 1,45 milliard d'euros contre 1,7 milliard d'euros attendu par le consensus, remarque Invest Securities. "Si le chemin est long pour retrouver un groupe séduisant, les résultats 2022 devraient être salués ce jour", estime le bureau d'études.

Evidian, dont Airbus songe à prendre une participation de 30% au grand dam de son actionnaire TCI, a notamment une importante route à parcourir. A l'horizon 2026, la société est censée afficher une marge opérationnelle de plus de 12%, et des revenus de 7 milliards d'euros avec une croissance annuelle moyenne de plus de 7%.

Or en 2022, la marge opérationnelle d'Evidian s'est inscrite à 5,2% (contre 7,8% en 2021) et la croissance organique à seulement 2%. "La marge s'effrite alors que le groupe évolue sur des métiers avec des rentabilités de plus de 10%. Cela vient mettre à mal les valorisations sur cette future société qui circulent (environ 7 milliards d'euros, NDLR) et qui paraissent complaisante", pointe un intermédiaire financier.

Des journées investisseurs prévues

Au niveau des perspectives, les objectifs communiqués par Atos s'avèrent supérieurs aux attentes. Le groupe table sur une croissance organique située entre -1% et 1% et une marge opérationnelle comprise entre 4% et 5%, quand le consensus attendait auparavant un repli organique de 1,3% et une marge de 3,8%.

Atos n'a, par contre, pas livré de prévisions de génération de trésorerie pour 2023. Le co-directeur général Nourdine Bihmane a indiqué aux analystes que des cibles de cash spécifiques seraient attribuées pour 2023 à chacune des deux entités qui seront issues de la scission de la société, c'est-à-dire Evidian et Atos recentré sur "TechFoundations". Ces objectifs seront dévoilés lors des journées investisseurs de chacune des deux entreprises qui devraient avoir lieu en mai.

En dehors de ces résultats, Le Monde a rapporté que la société discutait d'une potentielle vente de ses activités historiques d'infogérance à l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky. Contacté par BFM Bourse, Atos n'a pas fait de commentaire tandis qu'un porte-parole de Daniel Kretinsky, interrogé par Le Monde, n'a pas commenté non plus.

A la Bourse de Paris, a terminé la séance en hausse de plus de 5%, alors que le SBF 120 a reculé de 0,5%. Depuis le début de l'année, le titre a repris environ 60%.