(BFM Bourse) - Le smartphone du groupe de Cupertino connait un succès commercial certain, selon les premiers retours relevés par les analystes et les cabinets. L'action Apple remonte la pente et a repoussé ses records cette semaine. Les résultats et prévisions du groupe, la semaine prochaine, seront scrutés avec attention.
Sur une bonne partie de l'année, Apple a traîné la patte en Bourse. Le groupe de Cupertino affichait une performance bien inférieure à celle des autres "Sept magnifiques" de Wall Street, à l'exception peut-être de Tesla.
Le groupe a souffert de nombreuses inquiétudes. "Les investisseurs craignent que la fête ne touche à sa fin car les droits de douane, les changements réglementaires et la stratégie d'Apple en matière d'intelligence artificielle (le groupe est considéré comme un retardataire par rapport aux autres Gafam, NDLR) pourraient peser sur la croissance", estimait, cet été, Gene Munster, gérant de Deepwater AM.
Apple s'est, en effet, retrouvé pris dans la tempête des droits de douane américains car la société fabrique l'essentiel de ses iPhonse, iPads et autres Macs en Asie. Selon le cabinet de recherche Counterpoint, 80% des iPhone à destination du marché américain sont assemblés en Chine, les 20% restants provenant de l'Inde. L'entreprise avait chiffré à 1,1 milliard de dollars l'impact des surtaxes douanières sur ses résultats pour la période allant de juillet à fin septembre.
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Donald Trump avait directement pris pour cible Apple, déclarant avoir "un problème" avec le directeur général Tim Cook. Le président américain n'avait guère apprécié que le groupe à la pomme décide de produire ses iPhones en Inde pour échapper aux lourds droits de douane (jusqu'à 145%) risquant de frapper les importations chinoises.
Une épée de Damoclès a par ailleurs pesé sur le titre. Les investisseurs ont redouté que la justice américaine menace l'accord passé entre le groupe de Cupertino et Alphabet qui prévoit que ce dernier verse 20 milliards de dollars par an à Apple pour que Google soit le moteur de recherche par défaut de Safari, le navigateur des iPhones et des Macs.
Début août, l'action accusait encore une baisse de près de 20% sur l'ensemble de 2025. Puis, en quelques semaines, les planètes se sont réalignées pour Apple.
Un premier accueil timide de Wall Street
Le groupe a annoncé, début août, une hausse de ses investissements de 100 milliards de dollars aux États-Unis. Tim Cook avait alors livré la nouvelle depuis le bureau ovale, en compagnie de Donald Trump. Les marchés ont applaudi, y voyant une "habile chorégraphie politique", dixit Stephen Innes de Spi AM, pour amadouer le président américain.
Un mois plus tard, la justice américaine a jugé qu'une interdiction des accords entre Google et les fabricants de téléphones n'était pas souhaitable, préservant ainsi celui existant entre la filiale d'Alphabet et Apple. Dan Ives, analyste chez Wedbush avait alors salué "une victoire énorme pour Apple" car la remise en cause de cet accord "représentait un nuage noir" pour l'action, l'intermédiaire financier évaluant le risque à 25 dollars par titre (le cours d'Apple est actuellement à 260 dollars).
Un élément a permis à Apple d'accélérer ces dernières semaines: l'iPhone 17. Cette dernière version du célèbre smartphone du groupe de Cupertino a été dévoilée début septembre par la société.
Dotée d'un écran Oled plus grands et de meilleures performances grâce à sa nouvelle puce A19, qui rapproche le modèle standard d'un modèle Pro, le téléphone n'avait alors pas déclenché les passions à Wall Street. Le titre Apple avait même reculé de 1,6%.
Apple "a déçu lors de la présentation des nouveaux iPhone 17, jugés peu innovants", résume Edmond de Rotschild Asset Management.
Pourtant, les premiers signaux faibles de demande ont suggéré un important succès commercial pour la dernière itération de l'iPhone. Dès mi-septembre, Bank of America remarque que les dates de livraisons des iPhone 17 sont beaucoup plus étendues que celle de la gamme précédente (19 jours contre 10 jours), signe d"une demande robuste", selon elle. Cet indicateur atteignait même un plus haut depuis l'iPhone 11.
La banque fera le même constat fin septembre. "Le délai d'expédition pour l'iPhone 17 (14 jours) reste prolongé par rapport aux années précédentes, ce qui pourrait indiquer une forte demande pour le modèle ou un nombre légèrement inférieur d'unités produites cette année", a-t-elle écrit dans sa dernière note consacrée à ce sujet, mi-octobre.
Apple "retrouve son groove"
Cité par Bloomberg, l'analyste de Melius Research, Ben Reitzes, estime que la société "retrouve son groove", écrivant qu'"Apple est en mission pour faire taire ses détracteurs".
Dan Ives, de son côté, a relevé fin septembre son objectif de cours à 310 dollars sur Apple, encouragé par des premiers signaux positifs sur l'iPhone 17. Sur la base d'une étude de la chaîne d'approvisionnement en Asie, l'analyste estimait que la production devrait progresser de 20% par rapport au précédent modèle.
Dan Ives rappelait alors qu'environ 315 millions de détenteurs d'iPhone dans le monde n'ont pas acheté un nouvel appareil au cours des quatre dernières années, ce qui représente un gisement de ventes conséquent. L'intermédiaire financier jugeait que la Chine pourrait constituer le pivot de la dynamique du téléphone.
Mardi, l'analyste a réitéré ses propos optimistes. "Nos récents contrôles en Asie ont montré une forte demande pour l'iPhone à l'échelle mondiale ce trimestre, avec une amélioration supplémentaire sur le marché chinois, ce qui est un thème clé pour Apple, car cette région centrale a été un obstacle persistant à la croissance au cours de l'année écoulée et s'oriente maintenant dans une direction positive", a-t-il écrit.
Dimanche dernier, une analyse poussée de Counterpoint a montré que les ventes de l'iPhone 17 avaient largement dépassé celles de l'iPhone 16 sur les dix premiers jours de disponibilités aux États-Unis et en Chine, avec une croissance de 14%."Les consommateurs chinois ont accueilli favorablement le modèle de base, doublant presque les ventes de l'iPhone 17 par rapport à celles de l'iPhone 16", a écrit le cabinet.
Un record tapé lundi
Ces derniers chiffres ont porté l'action Apple lundi. Le titre a pris 3,94% et a signé, pour la première fois cette année, un nouveau record tant en séance qu'à la clôture. L'action est repassée dans le vert sur l'ensemble de 2025 (+5%)* et le titre a regagné près de 30% en moins de trois mois. Auparavant distancé par Microsoft, Apple s'est désormais remis au niveau du groupe de Redmond pour le titre de deuxième plus grande capitalisation mondiale. Même s'il reste encore à bonne distance de Nvidia (4.507 milliards de dollars contre 3.902 milliards de dollars).
Les ventes de l'iPhone 17, et de l'iPhone 17 Pro Max plus précisément, ont bénéficié d'un coup de boost aux États-Unis, où les opérateurs téléphoniques ont mis le téléphone en promotion pour attirer des abonnés.
"Les opérateurs ici cherchent à maximiser la valeur en convertissant de fortes subventions pour les appareils en des années de revenus mensuels plus élevés grâce à des contrats de financement de 24 mois ou 36 mois", a commenté Maurice Klaehne, analyste principal de Counterpoint, cité dans un communiqué.
"L'accent mis sur les offres Pro Max a rendu l'appareil ultra-premium d'Apple plus accessible aux clients, renforçant les tendances de 'premiumisation' et consolidant les liens des clients à forte valeur ajoutée avec l'écosystème Apple", a-t-il ajouté.
Pour Gene Munster, les derniers indicateurs avancés soutiennent l'idée que les ventes d'iPhone repartiront en hausse sur le prochain exercice du groupe (clos fin septembre 2026) et devraient dépasser la prévision du consensus (la prévision moyenne des analystes) d'une croissance de 5%.
Les résultats trimestriels du groupe, qui seront dévoilés le 30 octobre, soit jeudi prochain, testeront l'optimisme du marché sur l'iPhone 17.
"Clairement, c'est un trimestre très fort pour Apple", a déclaré au Financial Times Francisco Jeronimo du cabinet d'IDC. "Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai vu des files d'attente devant l'Apple Store comme celles que j'ai vues cette année".
En réalité, les comptes de la société n'intègreront qu'une grosse dizaine de jours de ventes du téléphone, l'appareil ayant été officiellement mis en vente le 19 septembre. Mais Wall Street surveillera les prévisions de la société pour le prochain trimestre.
Des prévisions sous haute surveillance
Apple ne donne généralement pas de perspectives de croissance pour les iPhones. Mais le directeur financier, Kevan Parekh, livre des projections pour les revenus globaux et pour les revenus tirés des services. Ce qui permet au marché de plus ou moins déduire la dynamique attendue sur les smartphones.
Selon Gene Munster, les analystes tablent sur une progression des ventes d'iPhones de 7,4% pour le trimestre clos en décembre prochain et le gérant pense que la croissance devra atteindre 9% pour satisfaire le marché. Gene Munster table lui-même sur une progression de 10%.
L'erreur n'est pas permise pour Apple au vu de ses récents parcours boursiers. Et certains bureaux d'études mettent en garde contre un excès d'optimisme. Début octobre, Jefferies a abaissé son conseil à "sous-performance" sur le titre, citant "des attentes excessives" sur la demande d'iPhone, note le Financial Times.
Plus largement, selon les données d'investing.com, 60% des analystes suivant l'action Apple recommandent de l'acheter, un taux bien inférieur à ceux de Microsoft (98%), Nvidia (92%) ou Meta (87%).
Dan Ives, lui, ne se départit pas de son indécrottable optimisme. L'analyste de Wedbush pense qu'Apple dépassera bientôt la barre des 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, rejoignant ainsi Nvidia et Microsoft.
Ce qui n'empêche pas l'analyste d'égratigner Apple au passage. "L'éléphant dans la pièce reste la stratégie d'IA invisible, avec la plus grande base installée de consommateurs au monde de 2,4 milliards d'appareils iOS et 1,5 milliard d'iPhones, le moment est venu pour Apple d'accélérer ses efforts en matière d'IA grâce à des partenariats externes", a-t-il écrit dans sa note publiée mardi.
*Les variations et les capitalisations ont été arrêtées vendredi après la clôture européenne.
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