(BFM Bourse) - La banque allemande est passée de conserver à acheter sur l'action de l'équipementier ferroviaire. L'établissement considère que la société devrait à la fois améliorer ses marges et sa génération de trésorerie.

Alstom sort de nouveau du CAC 40. L'équipementier ferroviaire a quitté ce lundi à 9h l'indice parisien, éjecté par le groupe hôtelier Accor. Ce déclassement vient sanctionner le difficile parcours boursier du concepteur du TGV, avec une chute de plus de 40% sur un an et de près de 70% depuis trois années.

L'action Alstom avait surtout plongé de près de 38% sur une séance à l'automne après que le groupe a annoncé avoir brûlé plus d'un milliard d'euros de trésorerie sur les six premiers mois de son exercice décalé. La société réfléchit actuellement à plusieurs façons de renforcer son bilan financier. Parmi les leviers envisagés figurent des cessions d'actifs, l'émission de titres de quasi-capital via par exemple l'ouverture du capital de filiales (comme Air France-KLM l'a fait avec le fonds Apollo) ainsi qu'une augmentation de capital.

Le but est, via ces mesures, de réduire son endettement de 2 milliards d'euros d'ici à 2025 et de préserver ainsi sa note de crédit, actuellement située sur le dernier cran de la catégorie non spéculative.

Alstom doit donner davantage de détails le 8 mai, lors de la publication de ses résultats annuels. Le groupe livrera la ventilation de son désendettement par type de mesures. Autrement dit, la taille de l'augmentation de capital devrait être connue à cette date.

Alors que cette échéance approche, Deutsche Bank a envoyé un important message de confiance ce lundi, en relevant à l'achat son conseil sur l'action Alstom à "acheter" contre "conserver" précédemment tout en maintenant inchangé son objectif de cours de 17 euros. Ce qui accorde un potentiel de près de 40% sur la base du cours de clôture de vendredi.

À la Bourse de Paris, ce changement de recommandation est suivi. L'action Alstom bondit de 9,6% à 13,495 euros.

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Le pire est passé sur le cash

La banque allemande a passé au crible la dynamique de la génération de cash du groupe et du besoin en fonds de roulement. Conclusion: "le pire est désormais derrière le groupe", écrit Deutsche Bank.

La banque juge que les paramètres clef sur le besoin en fonds de roulement (créances, acomptes, stocks) devraient se stabiliser, tandis que la génération de trésorerie sera portée par la croissance des revenus (Deutsche Bank anticipe une croissance annuelle entre 5% et 9% sur les deux-trois prochains exercices) et l'amélioration de la marge opérationnelle ajustée.

Deutsche Bank estime que cette marge devrait passer de 5% sur l'exercice clos en mars 2023 à 7,8% sur celui clos en mars 2026.

Cette amélioration sera notamment permise par la sortie progressive des contrats à pertes du carnet de commandes, la montée en puissance des contrats avec une clause d'indexation sur l'inflation, l'extraction des synergies issues du rachat de Bombardier Transport (475 millions à 500 millions d'euros d'ici à l'exercice 2025-2026) ainsi que les économies dégagées sur les frais généraux. Le groupe a annoncé en novembre 1.500 suppressions de postes qui correspondent à 10% du total des fonctions commerciales et administratives.

Or pour chaque amélioration de 50 points (0,5%) de marge, Deutsche Bank calcule qu'Alstom génère 90 millions à 100 millions de flux de trésorerie en plus.

In fine, la banque allemande estime que Alstom devrait brûler 640 millions d'euros de trésorerie sur l'ensemble de l'exercice 2023-2024 (après en avoir brûlé 1,12 milliard sur le premier semestre). Mais la génération de cash repasserait dans le vert dès 2024-2025 (461 millions d'euros) avant de tutoyer le milliard d'euros (927 millions d'euros) en 2025-2026, selon ses prévisions.

Un 'short squeeze' en mai

L'établissement d'outre-Rhin s'attend par ailleurs à ce que le rendez-vous de mai donne lieu à un "short squeeze", c'est-à-dire un mouvement de hausse brutal de l'action, parce que les investisseurs qui ont vendu à découvert l'action Alstom seraient contraints de déboucler leurs positions en achetant massivement le titre.

Deutsche Bank estime qu'Alstom devait retenir la borne haute de sa cible de cessions, pour le moment prévues entre 500 millions et 1 milliard d'euros. Le mesure de quasi-fonds propres lèveraient 500 millions d''euros, via par exemple des émissions d'obligations perpétuelles de la part de filiales (par exemple une centrée sur les services), explique Deutsche Bank.

La banque allemande s'attend au final à ce que l'augmentation de capital ne s'élève qu'à 500 millions d'euros, ce qui, selon ses calculs, impliquerait une dilution de 30% du bénéfice par action, alors que le cours de Bourse (à la clôture de vendredi soir) sous-entendait une dilution, plus forte, de plus de 50%.

"S'il est couronné de succès, le programme de désendettement devrait aider le groupe à ramener sa dette nette à zéro en mars 2026", explique Deutsche Bank. "Ce programme est la première étape dans le processus de 'normalisation' d'Alstom en tant qu'action investissable pour de nombreux investisseur", poursuit l'établissement.

Dernier point évoqué par Deutsche Bank: la gouvernance. L'ex-directeur général de Safran, Philippe Petitcolin, doit devenir président du conseil d'administration après l'assemblée générale de juin prochain. Il retrouvera Bernard Delpit, directeur financier d'Alstom, et ancien directeur financier de Safran sous l'ère de Philippe Petitcolin. L'établissement allemand salue "une meilleure gouvernance avec un important focus sur le cash", notant que Bernard Delpit a déjà mis en place des mesures pour améliorer la gestion de la trésorerie.