par Nicolas Fichot et Tim Hepher

TOULOUSE (Reuters) - Les syndicats qui ont combattu le projet de vente d'une partie des usines d'Airbus estiment que l'avionneur est sur le point d'abandonner son projet de cession de deux usines à Latécoère.

Les organisations syndicales ont fait pression sur Airbus pour qu'il renonce à céder à Latécoère les usines de Méaulte et Saint-Nazaire après l'abandon de la vente de trois usines en Allemagne.

Les salariés français estiment avoir été traités de manière inéquitable lors du processus de vente, mais des responsables du secteur estiment que l'abandon du projet tient davantage à la crise financière mondiale qu'aux rivalités internes chroniques au sein d'Airbus.

Des responsables syndicaux ayant souhaité conserver l'anonymat ont déclaré qu'EADS, maison mère d'Airbus, a dû renoncer aux discussions de vente des usines en raison de la difficulté de réunir les crédits nécessaires.

"La direction d'EADS a observé les difficultés de Latécoère pour lever des fonds et envisage de créer une nouvelle aérostructure en France comme elle a l'intention de le faire en Allemagne", a dit une source syndicale.

Selon une deuxième source syndicale, Airbus souhaite désormais conserver une majorité de contrôle des usines plutôt que d'en conserver une participation minoritaire avec une option pour en sortir complètement.

Latécoère a reconnu des changements dans la manière dont Airbus comptait procéder mais a démenti tout problème de financement.

"Nous sommes toujours candidats à l'achat de deux sites en France aux conditions qui ont été présentées à l'origine", a déclaré un porte-parole du groupe. "A ma connaissance, nous n'avons connu aucun des problèmes financiers dont on a entendu parler ici ou là".

Airbus s'est refusé à tout commentaire.

CHUTE DU DOLLAR

Latécoère a fait savoir qu'il comptait lever 300 millions d'euros pour financer l'achat des deux usines. Mais la nouvelle dépréciation du dollar depuis que Latécoère a émergé comme favori pour le rachat des usines françaises a suscité des interrogations dans le secteur sur la capacité des deux parties à finaliser un accord.

A la différence de leurs homologues d'Airbus, les syndicats de Latécoère avaient soutenu le projet de reprise de certaines usines d'Airbus afin de créer un équipementier de plus grande taille avec un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros.

Mais une source syndicale au sein du groupe a dit que ces projets semblaient également compromis.

"Airbus cherche une excuse pour s'aligner avec le modèle allemand", a dit cette source.

En mars, Airbus a annulé les discussions pour la vente de trois usines allemandes à MT Aerospace, filiale d'OHB, en raison de l'euro fort. Il discute également de la vente d'une usine britannique à GKN.

Les ventes d'usines entrent dans le cadre d'un projet de restructuration comprenant 10.000 suppressions d'emplois et visant à réduire les coûts et à attirer des investisseurs externes.

La presse allemande rapporté ce week-end qu'Airbus pourrait rencontrer des problèmes pour vendre ses sites français et devoir annoncer de nouveaux retards pour l'A380.

Version française Cyril Altmeyer

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