par Tim Hepher

PARIS (Reuters) - Louis Gallois, président exécutif d'EADS, a déclaré vendredi à Reuters qu'il n'avait jamais menacé d'annuler le programme de 20 milliards d'euros de l'A400M malgré les retards accumulés par le futur avion de transport militaire.

Mais il a ajouté qu'EADS discutait avec les gouvernements européens clients du calendrier de livraisons de l'A400M, projet industriel phare du groupe européen.

Un magazine allemand a rapporté le mois dernier que Louis Gallois avait dit aux gouvernements européens clients qu'il était prêt à renoncer l'A400M plutôt que de devoir leur régler des pénalités pour les retards qu'EADS attribue à la production des moteurs.

Interrogé par Reuters sur la véracité de cette information, Louis Gallois a répondu: "Non, bien sûr que non".

La France et l'Allemagne ont réclamé à EADS des pénalités pour les retards - ceux-ci pourraient être compris entre six et 12 mois - et le ministre français de la Défense Hervé Morin a déclaré jeudi à Reuters qu'il espérait qu'Airbus rattraperait une partie du retard.

"Il y a d'abord des discussions sur le moment auquel on va sortir cet avion", a dit Louis Gallois en marge de l'inauguration d'une exposition sur le centenaire de l'industrie aéronautique et spatiale française sur les Champs-Elysées.

"Nous avons indiqué que le système propulsif n'était pas prêt", a-t-il ajouté, faisant référence aux quatre moteurs turboprop et aux systèmes et logiciels qui les soutiennent.

Airbus a annoncé la semaine dernière que le premier vol de l'A400M, initialement prévu fin 2008, était reporté à une date qu'il n'a pas précisée, entraînant un conflit avec les motoristes.

Sept pays de l'Otan (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Espagne, Belgique, Luxembourg et Turquie) ont commandé au total 180 A400M. L'Afrique du Sud et la Malaisie en attendent douze autres.

En 2007, le groupe a passé 1,4 milliard d'euros de provisions pour compenser les pertes résultant des retards du programme A400M.

Louis Gallois a refusé de préciser quel montant avait été mis de côté dans le cadre des provisions pour les pénalités de retard.

Alors qu'EADS pourrait être obligé de payer des pénalités aux gouvernements clients, son contrat avec les motoristes prévoit un plafond sur les pénalités dues à EADS si les moteurs ne sont pas prêts à temps.

Interrogé sur les spéculations selon lesquelles EADS pourrait parvenir à compenser son exposition à l'A400M par les pénalités qu'il pourrait toucher si des pays européens réduisaient leurs commandes de l'avion de combat Eurofighter, Louis Gallois a répondu qu'un tel échange serait "difficile à arranger". Mais il a ajouté: "Je ne veux pas préjuger des discussions".

PRESSIONS SUR LES COÛTS MAINTENUES

Louis Gallois, qui a mené un plan de restructuration chez Airbus pour faire face à la hausse de l'euro face au dollar, a estimé que le récent rebond du billet vert ne réduisait pas la pression sur les réductions de coûts.

"Airbus est exposé à deux cycles - le cycle de l'aviation et le cycle du dollar. Notre concurrent (l'américain Boeing) n'est exposé qu'à l'un de ces cycles.

Louis Gallois a réaffirmé à sa volonté de se développer aux Etats-Unis et estimé que des acquisitions étaient "encore attractives à 1,40 dollar" pour un euro.

"Cela dit, tout le monde va regarder la situation avec encore plus de prudence".

Il a dit qu'Airbus aiderait "bien entendu" l'équipementier Latécoère. Le directeur général de Latécoère François Bertrand a dit jeudi qu'il allait demander des remboursements anticipés sur ses dépenses de recherche sur l'A380 en raison des retards de livraisons de l'appareil.

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