par Julien Toyer et Matthias Blamont
ISTANBUL/PARIS (Reuters) - Les pays de lancement de l'A400M pourraient accorder jusqu'à 1,5 milliard d'euros de prêts afin de boucler le financement de l'avion de transport militaire mais son constructeur EADS devra faire lui-aussi un effort supplémentaire, a déclaré le ministre français de la Défense.
Alors que les négociations sur la répartition des surcoûts du programme semblaient faire du surplace, Hervé Morin a annoncé jeudi que la France pourrait s'engager à elle seule à hauteur de 400 millions d'euros et qu'il espérait conclure les discussions d'ici fin février et si possible dans les quinze jours.
"J'ai eu l'accord du Premier ministre (François Fillon) pour que la France mette en oeuvre un dispositif d'avances remboursables à hauteur d'environ 400 millions d'euros", a déclaré le ministre à quelques journalistes en marge d'une réunion de l'Otan à Istanbul.
"Nous nous sommes mis d'accord sur un dispositif d'avances remboursables (...) On estime qu'il s'agit d'entre 1 et 1,5 milliard. C'est de cela dont on parle (...) Si les autres suivent", a-t-il encore dit.
Ces avances remboursables, mode de financement habituel du secteur aéronautique, viendraient s'ajouter aux deux milliards d'euros déjà mis sur la table par les sept pays à l'origine du programme (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Belgique, Luxembourg et Turquie) dans le but de faire aboutir la négociation sur le financement, a poursuivi le ministre.
Hervé Morin a par ailleurs indiqué que "compte-tenu du potentiel d'exportation du programme, ce système d'avances remboursables pourrait être commun aux pays ayant les retombées industrielles les plus importantes, c'est-à-dire la France, l'Allemagne et l'Espagne".
EFFORT SUPPLÉMENTAIRE
Il a dit espérer que les discussions entre pays et avec EADS aboutissent d'ici fin février et si possible dans les quinze prochains jours pour qu'un accord soit officialisé lors de la réunion informelle des ministres de la Défense de l'Union européenne, les 24 et 25 février, à Palma de Majorque.
Mais, a prévenu Hervé Morin, "cette conclusion n'interviendra clairement que si EADS fait un effort supplémentaire (...) Les Etats veulent cet avion mais pas à n'importe quel prix".
Initialement estimés à 20 milliards d'euros, le développement et l'assemblage des 180 premiers A400M pourraient totaliser un peu plus de 31 milliards d'euros.
En tenant compte des économies de coûts identifiées par EADS à hauteur de 3,6 milliards d'euros, les financements manquants sont eux estimés à 7,6 milliards.
Sur ce montant, EADS a proposé d'avancer 3,2 milliards d'euros et le groupe a passé 2,4 milliards d'euros de provisions dans ses comptes. Son résultat net 2009 pourrait être entièrement effacé par l'inscription de nouvelles charges.
Si cette offre des Etats se concrétisait, il resterait désormais à rassembler une somme allant de 900 millions à 1,4 milliard d'euros.
IMPORTANCE STRATÉGIQUE
L'appareil, qui a accumulé les retards et les surcoûts depuis son lancement, doit être construit en Espagne et permettrait de créer quelque 40.000 emplois directs et indirects en Europe, dont 12.000 en France.
Lors d'une rencontre à l'Elysée jeudi, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy avaient réitéré leur attachement à la poursuite du programme.
"En ce qui concerne l'A400M, je crois que les négociations doivent se poursuivre, nous sommes d'accord pour dire qu'il s'agit d'un projet d'une importance stratégique et que tout doit être fait pour parvenir à une solution", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.
"C'est un projet décisif qui doit aboutir très rapidement", a ajouté le président français Nicolas Sarkozy.
EADS, maison mère du constructeur Airbus, avait dramatisé les enjeux du programme et espérait parvenir à une solution fin janvier afin de présenter une photographie claire de ses comptes lors de la publication de ses résultats annuels le 9 mars.
"C'est le temps politique qui s'oppose au temps économique. La question du calendrier devient cruciale pour EADS alors que la date de publication des résultats approche", a réagi une source industrielle.
Un porte-parole d'EADS s'est refusé à tout commentaire.
L'action EADS a cédé 2,56% à 14,25 euros à la Bourse de Paris jeudi dans un marché en baisse de 2,75%.
Avec la contribution de Sophie Hardach et de Dave Graham, édité par Jean-Michel Bélot et Danielle Rouquié
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