par Jean Décotte
TOULOUSE (Reuters) - Airbus figure parmi les entreprises mondiales qui comptent la plus forte proportion d'expatriés et ce multiculturalisme,
loin d'être un handicap, représente un atout pour l'avionneur, estime Adolf Ihde, directeur des ressources humaines internationales d'Airbus et
EADS.
Pour cet Allemand établi dans la région toulousaine depuis 2000, une partie du succès d'Airbus est lié à la mobilité interne des ses employés, qui
permet selon lui de faire évoluer les mentalités nationales.
L'avionneur européen compte 2.700 expatriés dans le monde pour un total de 55.000 salariés, souligne Adolf Ihde dans une interview à Reuters.
"Cela représente pratiquement 5% (des employés) en mobilité internationale. À ce titre, on est parmi les plus grosses entreprises mondiales en
terme relatif, de l'ordre de Schlumberger, Shell ou Total", fait valoir le responsable, qui chiffre à environ 1.300 sur 18.000 le nombre d'expatriés
travaillant pour Airbus à Toulouse - en majorité des Allemands.
Adolf Ihde juge que ce métissage constitue un avantage pour séduire la clientèle de l'avionneur, elle-même très diverse.
"Quand on va voir des clients avec une équipe multiculturelle, mélangée, c'est un atout, une valeur ajoutée dans beaucoup de pays", juge-t-il,
estimant que la "recette Airbus" est liée à la bonne intégration de ces expatriés.
"Quand je regarde l'environnement de travail, je n'ai jamais vu un environnement aussi international, multiculturel. La langue de travail unique,
l'anglais, aide à cette intégration", souligne-t-il.
"Tout le monde parle 'l'Airbus English'. On a vu des réunions où un Français corrigeait un Anglais sur sa manière de s'exprimer en anglais",
s'amuse-t-il.
"ON N'A PLUS DE JALOUSIES"
Le responsable met également en avant l'histoire d'Airbus, projet intimement lié à la construction européenne, qui favorise cette culture
d'entreprise internationale.
"C'est une entreprise unique en son genre, c'est toujours un projet phare et c'est un grand pilier de notre succès, même si (le dossier Airbus)
peut vite devenir très politique", estime Adolf Ihde.
"Les gens sont fiers d'être chez Airbus, le taux d'attrition (taux de départs volontaires, NDLR) est très bas. Il ne dépasse pas 3%."
En conséquence, encourager la mobilité internationale n'est pas qu'une question d'attractivité des carrières, explique Adolf Ihde.
"La mobilité est un pilier très important de l'intégration, elle permet de faire tomber les idées reçues. Ça permet de faire comprendre aux
Français qu'il ne fait pas si froid à Hambourg", dit-il.
"C'est une stratégie en parallèle: c'est un outil pour développer les compétences et les carrières mais aussi pour intégrer."
Pour faciliter leur installation, les expatriés reçoivent des aides à la mobilité pendant trois ans, puis le soutien d'Airbus décroît pendant les deux
années suivantes avant d'être retiré.
Ce qui permet, au bout de cinq ans, d'aligner les rémunérations des expatriés sur celles des locaux et d'éviter un déséquilibre qui a été source de
tensions dans un passé récent.
En 2006, le projet de gros porteur A380 avait connu d'importants retards à ses débuts du fait de problèmes de câblage, alimentant les tensions
franco-allemandes, notamment entre employés toulousains et expatriés allemands mieux rémunérés.
"Aujourd'hui on a intégré ça, on n'a plus de jalousies, parce que après cinq ans Monsieur ou Madame se trouve à l'égal de ses collègues, sur la
même grille de salaires. Il y a eu un travail d'harmonisation", assure Adolf Ihde.
Edité par Jean-Michel Bélot
Copyright © 2012 Thomson Reuters
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