PARIS (Reuters) - EADS publie un résultat opérationnel 2008 supérieur aux attentes mais prévient que le retard du programme de l'avion de transport militaire A400M pourrait conduire à une nouvelle charge qui affectera ses performances en 2009.

Le géant européen d'aéronautique et de défense estime que "son niveau de visibilité" cette année "reste mitigé" et que des incertitudes pèsent sur le second semestre. Dans un communiqué, il indique que son résultat d'exploitation 2009 devrait baisser par rapport à celui de 2008 mais rester "significativement positif."

"La révision des plans industriels pour terminer le programme A400M pourrait générer une charge significative, pesant sur l'EBIT, charge dont l'amplitude dépend des résultats des négociations avec les clients et les sous-traitants", ajoute-t-il.

Louis Gallois, président exécutif d'EADS, souligne toutefois que "même si le programme A400M a exigé une grande attention de notre part, le groupe a regagné de la stabilité."

"2009 sera une année très difficile pour notre secteur industriel mais nous pouvons compter sur l'excellence de notre portefeuille de produits. Notre carnet de commandes, important et diversifié, devrait nous permettre de maintenir nos livraisons à des niveaux élevés en 2009 et nous donnera une certaine marge de manoeuvre. La protection de notre trésorerie est fondamentale", explique-t-il.

Le résultat opérationnel avant amortissement des écarts d'acquisition et éléments exceptionnels d'EADS a atteint 2,83 milliards d'euros l'an dernier. Il s'était élevé à 52 millions d'euros en 2007 au terme d'un exercice marqué par des charges de restructuration importantes, des retards dans la production du gros porteur A380 d'Airbus et la faiblesse du dollar.

Les retards de l'avion de transport militaire A400M se sont traduits par une nouvelle provision de 363 millions d'euros au quatrième trimestre. Au total, les dépassements de coûts du projet, estimé à quelque 20 milliards d'euros, s'élèvent à plus de deux milliards d'euros.

CARNET DE COMMANDES RECORD

Le résultat net d'EADS en 2008 a totalisé 1,57 milliard d'euros, contre une perte nette de 446 millions un an plus tôt, tandis que le chiffre d'affaires a progressé de 11% à 43,26 milliards. Le carnet de commandes augmente de 18% à 400 milliards d'euros, un record.

Le consensus des 11 analystes interrogés par Reuters - arrêté au 4 mars - anticipait en moyenne un résultat d'exploitation de 2,18 milliards d'euros, un résultat net de 1,18 milliard et un chiffre d'affaires de 41,64 milliards.

De son côté, EADS visait un résultat d'exploitation supérieur à 1,8 milliard d'euros, un chiffre d'affaires supérieur à 40 milliards d'euros et un free cash flow (flux de trésorerie disponible) de plus de deux milliards.

Airbus, principale division d'EADS, est revenue dans le vert en 2008 avec un résultat d'exploitation de 1,79 milliard d'euros. En 2007, elle avait enregistré une perte opérationnelle de 881 millions.

EADS propose de verser un dividende de 20 centimes par action au titre de 2008 après 12 centimes par action pour 2007 et 2006.

Le groupe ajoute que ses flux de trésorerie disponibles s'établissaient à 2,55 milliards d'euros fin 2008 - ils s'élevaient à 3,35 milliards d'euros en 2007 - et que sa trésorerie nette atteignait 9,2 milliards.

Le dossier A400M constitue l'un défis majeurs d'EADS pour 2009. Le développement de l'avion a accumulé les difficultés ces dernières années et le groupe a annoncé début 2008 que le programme accusait désormais trois à quatre ans de retard par rapport au calendrier initial.

EADS, qui négocie avec les pays clients d'éventuelles pénalités, a fait savoir que la première livraison interviendrait au mieux trois ans après le premier vol mais qu'aucune date n'était encore fixée pour cette sortie dans les airs.

Dans son communiqué mardi, l'entreprise souligne qu'une résiliation globale du contrat A400M, qu'elle juge "improbable", déclencherait des remboursements d'environ 5,7 milliards d'euros. Elle pointe néanmoins que "chaque nation de lancement (les pays de l'OTAN, ndlr) peut réclamer l'annulation de chaque avion qui pourrait être retardé de manière substantielle."

L'action EADS a clôturé en hausse de 0,7% à 10,195 euros lundi à la Bourse de Paris pour une capitalisation de 8,2 milliards d'euros.

Le titre accuse un recul de 15,2% depuis le début de l'année.

Matthias Blamont, Tim Hepher, édité par Jacques Poznanski

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