par Matthias Blamont

SEVILLE, Espagne (Reuters) - EADS se déclare confiant dans sa capacité à faire voler l'avion de transport militaire A400M dès cet été, en dépit de la persistance des défis techniques. Quant aux débouchés, le groupe se dit optimiste.

"Nous prévoyons toujours un premier vol de l'A400M au cours de l'été même si nous avons encore beaucoup à faire, notamment dans l'intégration des moteurs", a déclaré Carlos Suarez, directeur général d'Airbus Military, la division en charge de ce projet évalué à quelque 20 milliards d'euros, au cours d'une visite de presse organisée sur le site d'assemblage final de l'avion à Séville.

"Même s'il peut toujours y avoir des retards, à l'heure actuelle, le calendrier reste inchangé", a de son côté indiqué Peter Scoffham, responsable du marketing militaire d'Airbus Military.

L'A400M devait à l'origine effectuer son premier vol fin 2007 et un premier exemplaire aurait dû être livré à l'armée de l'air française en octobre 2009.

Aujourd'hui, avec un retard de six mois, la France devrait réceptionner son premier avion en avril 2010.

Peter Scoffham a estimé que la demande pour l'A400M augmenterait sensiblement à l'avenir compte tenu de ses qualités intrinsèques. Selon lui, quelques 200 à 400 commandes pourraient être enregistrées au cours des 15 à 20 prochaines années.

"Nous avons les capacités pour faire face à une augmentation de la production si cela était nécessaire", a-t-il dit.

En 2012, l'usine de Séville sera capable d'assembler 28 appareils par an.

L'A400M a jusqu'ici enregistré 192 commandes pour un carnet courant jusqu'en 2021. La prévision des dirigeants ne tient en outre pas compte du potentiel offert par certains pays comme la Chine ou les Etats-Unis.

EADS a remporté fin février un contrat majeur pour la fourniture de 179 avions ravitailleurs à l'US Air Force . Selon plusieurs spécialistes du secteur, ce succès remporté avec l'américain Northrop Grumman démontre que les Etats-Unis sont prêts à acquérir des technologies sensibles en Europe ou ailleurs, si le produit proposé est le meilleur.

LES MOTEURS, MAILLON FAIBLE

L'A400M cumule les superlatifs. Synthèse de plusieurs avions de transport militaire comme le C-17, le C-130 et le C-16O Transall, l'aéronef sera en mesure d'assurer des missions autant logistiques que tactiques ou humanitaires.

Sa haute teneur en matériaux composites lui permettra de transporter des pelleteuses, des chars blindés ou des hélicoptères et de se poser sur des terrains particulièrement difficiles. Il est également conçu pour ravitailler des avions de chasse en vol.

Le programme A400M, calqué sur des procédures de conception, de développement et de production d'Airbus est toutefois pénalisé par un retard de six à douze mois, notamment en raison des difficultés présentées par l'assemblage des moteurs dont la construction a été sous-traitée à un consortium européen dont font partie Rolls Royce et Safran.

Carlos Suarez a précisé que les coûts "internes" du développement de l'A400M avaient augmenté de 1,4 milliard d'euros, conséquence des difficultés techniques restant à résoudre.

La semaine dernière, EADS a toutefois confirmé que l'installation des turbopropulseurs de nouvelle génération était bien en route.

Carlos Suarez a toutefois refusé de dire si certains pays clients de l'A400M avaient exigé des compensations financières et quel est le niveau d'avions vendus pour atteindre l'équilibre financier du programme.

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