TOULOUSE (Reuters) - Airbus annonce une nouvelle hausse de ses livraisons en 2008, une performance record, mais se prépare à un exercice 2009 plus délicat avec la perspective d'une diminution de ses commandes et la difficile gestion du programme militaire A400M.
Le constructeur aéronautique, principale division du groupe européen EADS, s'est également engagé à livrer 18 exemplaires du gros porteur A380, quelques semaines après avoir indiqué que l'objectif initial de 21 livraisons ne pourrait pas être tenu.
L'an dernier, Airbus a livré 483 appareils, 30 de plus qu'en 2007, et signé 777 commandes fermes représentant une valeur de 100 milliards de dollars (76 milliards d'euros) sur la base, indicative, du prix catalogue.
Avec une part de marché de 54% sur le créneau des avions de plus de 100 places, Airbus dépasse son concurrent américain Boeing, tant sur le front des commandes que des livraisons, et voit son carnet de commandes total progresser de 9% à 3.715 appareils.
Affecté par une grève de 57 jours à l'automne dernier, Boeing finit 2008 avec 375 livraisons et 662 commandes.
A eux deux, Airbus et Boeing ont livré 858 avions l'an passé, soit 4% de moins qu'en 2007.
"Nous savons tous que 2009 sera difficile pour l'industrie aéronautique mais chez Airbus nous sommes préparés et confiants", a déclaré Tom Enders, président d'Airbus, au cours d'une conférence de presse.
Interrogé sur la rentabilité de la société, il a répondu: "je répondrai que oui (Airbus a été profitable en 2008)"
De fait, 2009 se présente comme une année périlleuse. Le dirigeant a estimé que le constructeur enregistrerait moins de commandes que de livraisons, ce qui marquerait une première depuis 2003, même si selon Tom Enders, le niveau de livraisons cette année sera comparable à celui de 2008.
"En raison des difficultés économiques actuelles, il est plus difficile que jamais de fournir une prévision de commandes mais j'estime que le ratio book-to-bill (commandes sur livraisons) devrait être inférieur à un", a-t-il expliqué.
ÉVITER LES STOCKS
Le groupe envisage de mobiliser sa trésorerie pour financer ses clients et ses fournisseurs afin de pallier la prudence des banques tout en continuant à investir, au moins un milliard d'euros, dans son programme phare, le moyen-porteur à long rayon d'action A350 XWB.
Airbus veut à tout prix éviter la constitution de stocks trop importants et Tom Enders a souligné à ce sujet que ses équipes disposaient de solutions si les livraisons venaient à baisser. Il n'a pas précisé lesquelles.
Airbus n'a par ailleurs communiqué aucun détail de sa situation financière mais Louis Gallois, président exécutif d'EADS, a affirmé mardi que son entreprise disposait, fin 2008, de liquidités d'environ neuf milliards d'euros, de quoi soutenir ses divisions.
Le financement client d'Airbus était également à ses plus bas niveaux depuis 20 ans en 2008, légèrement au-dessus du seuil d'un milliard d'euros. Tom Enders a signalé que le groupe était capable de monter jusqu'à cinq ou six milliards.
Le patron d'Airbus a par ailleurs affirmé que le programme d'économies "Power 8" avait permis de dégager environ 1,3 milliard d'euros en 2008 et que son successeur "Power 8+" libérerait 650 millions d'euros de synergies annuelles supplémentaires en 2012.
Le développement de l'A400M constitue un autre sujet des plus sensibles alors que l'avion de transport militaire a désormais plus de deux ans de retard en raison de problèmes persistants de motorisation.
Airbus, qui hérite de sa gestion depuis l'annonce de la récente réorganisation d'EADS, souhaite poursuivre les efforts en vue d'honorer ses commandes mais veut renégocier avec les pays clients.
"Compte tenu des dispositions contractuelles et de l'organisation du projet, nous n'y arriverons pas, les conditions actuelles sont la recette du désastre, a plaidé Tom Enders, il serait irresponsable de continuer dans la configuration actuelle."
L'A400M, un projet de quelque 20 milliards d'euros, a entraîné des surcoûts de 1,7 milliard d'euros dans les comptes d'EADS au cours des deux derniers exercices. Les analystes craignent d'autres provisions importantes.
Matthias Blamont, Tim Hepher, Kerstin Dörr. Avec la contribution de James Regan, édité par Jacques Poznanski
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