PARIS (Reuters) - Airbus a annoncé l'arrêt des négociations engagées pour céder à l'équipementier Latécoère ses sites français de Méaulte (Somme) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), qui seront filialisées et resteront donc pour l'instant dans le groupe.
Cette décision, saluée par les syndicats français du groupe, laisse planer des doutes sérieux quant à la capacité de l'avionneur européen à parvenir à transférer à ses fournisseurs une partie des coûts de recherche pour le développement des matériaux destinés à l'A350.
Dans un communiqué publié mercredi, Airbus fait savoir que les accords portants sur la cession des sites de Laupheim et Filton seront finalisés dans les semaines à venir. L'avionneur est actuellement en discussions pour vendre l'usine de fabrication d'ailes au britannique GKN.
Le constructeur aéronautique souligne encore qu'il donne la priorité au développement de son futur A350 "ainsi qu'à son entrée en service dans les délais prévus" et qu'il fera face aux dépenses en capital nécessaires pour atteindre cet objectif.
Pour ce qui est des deux sites français de Méaulte et Saint-Nazaire, Airbus explique qu'"aucune solution viable n'a pu être atteinte dans les délais fixés, en particulier à cause du contexte financier".
Dans un communiqué séparé, Latécoère dit que "la conjoncture économique mondiale et la faiblesse du dollar qui pèsent sur le secteur aéronautique n'ont pas permis de finaliser cette opération", et a démenti tout problème de financement.
Le groupe n'écarte pas l'éventualité de participer au programme de l'A350, "sous d'autres formes". Toutefois, a indiqué le président de son conseil de surveillance, "pour donner la priorité à l'amélioration de notre situation financière, il est exclu de financer les phases de développement des produits".
SYNDICATS SATISFAITS
Mercredi à 9h30 GMT, le cours du titre d'EADS, la maison mère d'Airbus, avançait de 1,55% à 16,37 euros, tandis que celui de Latécoère perdait 1,68% à 14,04 euros.
Airbus a fait savoir qu'il restait attaché à atteindre ses objectifs en terme de réductions des coûts tels que définis dans le plan Power 8 qui doit lui permettre d'économiser 2,1 milliards d'euros par an au prix de 10.000 suppressions d'emplois d'ici 2010. Il doit permettre d'attirer des investisseurs externes.
Les responsables d'Airbus ont toutefois dit que les fournisseurs de l'avionneur ne parvenaient à s'accorder sur la manière de partager le risque lié au change, EADS subissant de plein fouet le renchérissement de l'euro face au dollar.
Les doutes sérieux entourent également la capacité des fournisseurs de taille relativement réduite de s'acclimater à la crise globale des crédits.
Pour développer son 787, Boeing avait également développé des partenariats avec d'autres entités, même si la société américaine a depuis annoncé des retards de livraisons de l'appareil.
Remarquant que le groupe avait conservé trois implantations en Allemagne, dont la vente à MT Aerospace avait échoué le mois dernier, les syndicats français protestaient contre une différence de traitement.
Ils se disent satisfaits. "Cette décision est celle de la sagesse de la part de notre direction qui a enfin tenu compte de la détermination des salariés", a déclaré mercredi à Reuter Jean-François Knepper, délégué FO.
"Il faut maintenant que l'Etat soutienne de toute urgence notre tissu industriel aéronautique en épaulant la future filiale française - Aérostructures - d'EADS dans laquelle seront intégrés ces deux sites", a t-il ajouté.
"Nous saluons cette décision qui met fin à l'angoisse des personnels, mais nous demandons maintenant à notre direction qu'elle fasse un point précis sur l'avancement du futur A350 en termes de ressources, de financements et de planning", a dit Marina Lensky, déléguée centrale CFTC.
"Nous sommes très satisfaits (...), mais il ne faut pas rêver, a t-il ajouté. Aucun financier sérieux ne viendra investir plus tard sur cette filiale française comme le prétend la direction. Le seul partenaire possible à venir, c'est l'Etat", a dit Xavier Pétrachi, délégué central CGT.
Yann Le Guernigou et Nicolas Fichot à Toulouse Airbus annonce l'arrêt des négociations engagées en vue de la cession à l'équipementier Latécoère de ses sites de Méaulte et Saint-Nazaire , faute d'être parvenu à trouver une "solution viable" dans les délais fixés. /Photo d'archives/REUTERS/Daniel Joubert
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