(BFM Bourse) - Le site américain Politico révèle que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a donné raison à Washington dans le dossier qui l'oppose depuis près de 15 ans à l'UE sur des subventions, jugées illégales, accordées à l'avionneur européen. Cette décision autorise l'administration Trump à dégainer son arme favorite, celle des tarifs douaniers.

Cela fait désormais près de 15 ans que les États-Unis contestent les aides européennes en faveur d'Airbus, Washington les jugeant illégales au regard des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le verdict, attendu tout l'été par les deux parties, leur donnerait raison. Un groupe spécial de règlement des différends de l'OMC, réuni vendredi, aurait en effet estimé que les États-Unis étaient en droit de réclamer d'infliger des droits de douane supplémentaires à l'Union européenne en rétorsion aux subventions illégales accordées à Airbus, rapporte Politico, qui cite un document toujours confidentiel transmis à Bruxelles et Washington. Quatre officiels européens ont confirmé l'information au journal américain. L'information a également été confirmée à Reuters par deux sources proches du dossier.

Washington avait déjà annoncé auparavant que si le jugement de l'instance de Genève était en sa faveur, celui-ci serait suivi de l'imposition de droits de douane supplémentaires. Ces tarifs douaniers pourraient représenter un total de 11,2 milliards de dollars (10,1 milliards d'euros), sachant que l'administration Trump ne compte pas limiter ces sanctions au secteur aéronautique. D'autres produits comme les machines agricoles, le fromage, le vin ou le luxe pourraient être ciblés. Les valeurs de ce dernier secteur sont d'ailleurs orientées à la baisse lundi matin en réaction à ces informations de presse américaine, avec des pertes de 2,4% pour LVMH ou encore de 1,3% pour Hermès (-0,7% pour Kering) peu avant 11h15.

Vers des représailles européennes?

Mais c'est bien Airbus qui est le plus durement touché, le titre de l'avionneur cédant 3,7% à 120,86 euros, un recul qui met un terme à trois séances consécutives de hausse. Dans le même temps, le titre Boeing rebondit de plus d'1% dans les échanges avant-Bourse à Wall Street.

Si le repli du titre de l'avionneur est aussi prononcé, c'est parce que les informations de presse américaine suggèrent que l'administration Trump pourrait décider d'imposer des tarifs douaniers à hauteur de 100% sur les avions Airbus ainsi que sur les équipementiers aéronautiques. Dassault Aviation lâche également 2,4% tandis que Safran recule de 1,9%.

Le porte-parole de l'avionneur européen a indiqué que le groupe "ne commente pas les rumeurs sur un rapport qui n'a pas été rendu public". Son homologue du côté de la Commission européenne a réagi de la même manière, précisant tout de même que l'institution européenne avait indiqué aux États-Unis qu'elle était prête à travailler sur une solution juste équilibrée pour les industries aéronautiques des deux parties". Par ailleurs, l'Union européenne pourrait décider de prendre des mesures de représailles si les Etats-Unis mettent bien en place les sanctions évoquées.