par Matthias Blamont
PARIS (Reuters) - Air France-KLM annonce la dissociation des fonctions de président et de directeur général du groupe, Jean-Cyril Spinetta cédant à partir du 1er janvier 2009 la conduite opérationnelle de la première compagnie aérienne européenne à son actuel directeur général exécutif, Pierre-Henri Gourgeon.
A cette date, Jean-Cyril Spinetta conservera seulement la présidence du conseil d'administration de la holding Air France-KLM et celui de la compagnie Air France tandis que Pierre-Henri Gourgeon deviendra directeur général d'Air France-KLM et directeur général d'Air France.
"Après avoir exercé depuis onze ans cette responsabilité exécutive à la tête d Air France, puis d'Air France-KLM, il m'est apparu nécessaire, alors que nous sommes confrontés à une conjoncture difficile, de promouvoir une solution interne assurant la continuité de la gouvernance", déclare Jean-Cyril Spinetta dans un communiqué.
Chez KLM, Peter Hartman reste président du directoire de la compagnie.
Pierre-Henri Gourgeon, 62 ans, est entré dans le groupe Air France en 1993 à la tête de la filiale de restauration en vol Servair avant d'être nommé conseiller à la présidence en 1996, puis d'accéder au poste de directeur général délégué en 1998.
DES DÉFIS CONSIDÉRABLES
Jean-Cyril Spinetta restera dans les mémoires comme le chef d'orchestre du rapprochement d'Air France et de KLM en 2004, une fusion jugée très risquée à l'époque.
Le schéma, qui a maintenu l'indépendance des marques Air France et KLM ainsi que leurs hubs (plates-formes de correspondances) de Roissy et Schipol, est aujourd'hui considéré comme un modèle de réussite par ses concurrentes.
Air France-KLM est aujourd'hui la première compagnie européenne, dispose de la flotte la plus jeune du Vieux continent, et dirige l'alliance Skyteam avec son partenaire américain Delta.
Pierre-Henri Gourgeon arrivera néanmoins aux commandes de l'entreprise dans un contexte particulièrement détérioré, au moment où les prix du pétrole se maintiennent à des niveaux préoccupants et où la crise financière fait craindre un ralentissement économique durable. Sur l'exercice 2007-2008, le bénéfice opérationnel de la société a reculé de 16%.
Le nouveau dirigeant a devant lui des défis considérables : maintenir la place d'Air France-KLM dans un jeu européen orchestré par une vague de restructuration manifeste, résister à la flambée des cours du pétrole à l'heure où les systèmes de couvertures sont de moins en moins efficaces et apporter des réponses concrètes à la concurrence du train à grande vitesse.
Air France-KLM, qui a échoué cette année à prendre le contrôle de son partenaire italien Alitalia, voit par ailleurs sa grande concurrente Lufthansa se positionner sur l'ensemble des grands dossiers du fusions-acquisitions du moment dans le secteur.
La compagnie allemande, en passe de prendre le contrôle de la britannique BMI, a été sollicitée pour étudier un rôle dans le redressement d'Alitalia par un consortium d'investisseur privé. Lufthansa a également présenté une proposition financière pour la participation de 43% que détient l'Etat autrichien dans Austrian Airlines, une opération sur laquelle s'est également manifestée Air France-KLM.
Dans une interview au Nouvel Observateur publiée jeudi, Jean-Cyril Spinetta se déclare convaincu que le paysage du transport aérien sera "profondément différent" fin 2009 de ce qu'il est aujourd'hui. Son successeur est prévenu.
Matthias Blamont, édité par Jean-Michel Bélot
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