par Robin Pomeroy
ROME (Reuters) - Le gouvernement italien se démenait dimanche pour sauver in extremis Alitalia de la faillite, moins de 24 heures avant que la compagnie aérienne italienne risque d'être contrainte d'annuler des vols faute de pouvoir financer l'approvisionnement en kérosène de ses avions.
Interrogé pour savoir s'il était optimiste sur la possibilité qu'un accord de dernière minute soit conclu pour sauver la compagnie en grande difficulté, le ministre du Travail Maurizio Sacconi a répondu par l'affirmative, avant de repartir aussitôt pour les négociations d'urgence engagées avec les syndicats.
Ceux-ci ont rejeté jusqu'ici la proposition d'un consortium d'investisseurs italiens de racheter les pans les plus rentables de l'activité d'Alitalia et de relancer la compagnie avec une voilure réduite et des ambitions seulement régionales, ce qui se traduira aussi par des suppressions d'emplois et des réductions de salaires.
Les négociations s'étaient interrompues vendredi, faute d'accord, alors que l'administrateur nommé après le dépôt de bilan officiel d'Alitalia en août avait donné aux deux parties jusqu'à jeudi soir pour s'entendre, faute de quoi il avait agité la menace de poursuivre le processus devant aboutir à la liquidation de la compagnie.
Cette issue semblant de plus en plus ce préciser, les organisations syndicales ont appelé à un compromis.
"Nous tentons de trouver une solution à ce feuilleton, et tant d'obstacles demeurent encore", a déclaré Giuseppe Caronia, dirigeant du syndicat UILT. "Mais le climat est différent et tout le monde est conscient qu'il n'y aucune alternative à un tel accord. Je suis modérément et prudemment optimiste."
SENTIMENT D'URGENCE AVANT LUNDI
L'autorité italienne de l'aviation civile (Enac) a prévenu samedi que la licence d'exploitation d'Alitalia risquait maintenant d'être suspendue après que la compagnie eut confirmé des informations de presse selon lesquelles elle peinait à financer auprès de fournisseurs échaudés ses achats de kérosène.
L'administrateur Augusto Fantozzi a annoncé de son côté que rien ne pouvait désormais garantir que les vols pourraient être maintenus à partir de lundi.
Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a assuré quant à lui qu'il ferait tout son possible pour sauver Alitalia de la liquidation. Il a convoqué samedi à Rome une réunion ministérielle consacrée à l'avenir de la compagnie nationale qui, a-t-il dit, doit rester sous contrôle italien, et appelé dans la soirée les syndicats à revenir à la table des négociations pour des négociations d'urgence.
Une disparition de la compagnie nationale constituerait un sérieux revers pour Berlusconi alors que celui-ci avait promis pendant la campagne des dernières législatives qu'il utiliserait ses contacts dans le monde des affaires pour trouver un repreneur italien.
Reflet de l'enjeu pour les toutes les parties concernées, le quotidien La Stampa écrit qu'il y a "un ferme sentiment qu'un effondrement (d'Alitalia) constituerait un coup dur non seulement pour les gouvernement, mais aussi pour les syndicats, les salariés, le patronat et, en fait, pour l'ensemble du pays."
CAI, le groupe d'investisseurs intéressé par certains actifs d'Alitalia, a déclaré en public qu'il ne consentirait pas d'autres concessions, mais selon cette fois La Repubblica, l'administrateur délégué du consortium Roberto Colaninno aurait amélioré son offre sur les salaires, qu'il proposerait désormais de réduire de 20%, et non plus d'environ 25%.
Une offre de rachat d'Alitalia par Air France-KLM, qui avait la bénédiction du gouvernement de centre-gauche au pouvoir à l'époque, avait échoué en avril face à l'hostilité des syndicats. Berlusconi, alors dans l'opposition, avait aussi menacé de bloquer ce scénario s'il gagnait les élections.
L'État italien détient 49,9% d'Alitalia, dont l'action est suspendue en Bourse depuis juin. La compagnie n'a pas gagné d'argent depuis 1999 et croulait en juillet sous une dette de près de 1,2 milliard d'euros.
Version française Gilles Guillaume
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