(BFM Bourse) - La montée éclair de l'Etat néerlandais au capital d'Air France-KLM hérisse le gouvernement français, qui semble vouloir conserver le monopole de l'interventionnisme. Le raid commence aussi à rebattre les cartes au sein du tour de table au-delà des deux Etats.
C'est fait. Comme annoncé mardi, l'Etat néerlandais a atteint 14% du capital d'Air France-KLM, la holding chapeautant les compagnies historiques française et néerlandaise. Mardi soir, La Haye avait lancé un pavé dans la mare en révélant avoir acquis en quelques jours 12,68% du capital pour 680 millions d'euros (soit un prix de revient d'environ 12,5 euros par action).
Les Pays-Bas peuvent donc revendiquer quasiment une position d'égal à égal avec la France, qui détient 14,3%. En pratique, du fait de son antériorité, la France garde l'ascendant en termes de droits de vote, avec plus de 22% des droits de votes exerçables (les actionnaires au nominatif se voient attribuer au bout de deux ans un droit de vote double pour chaque action détenue).
Rappelons que l'Etat français avait accepté de diluer sa participation puisqu'il détenait 17,6% en 2017 avant l'arrivée de Delta Air Lines et China Eastern Airlines. Ces deux entreprises ont acquis chacune 8,8% en octobre 2017 dans le cadre d’augmentations de capital réservées.
Une curieuse variation du cours d'Air France-KLM
Pour les Pays-Bas, la seule façon de réussir une telle opération était de mettre le camp français devant le fait accompli. L'intermédiaire financier mandaté a donc commencé à acheter des titres Air France-KLM sur le marché parisien le 20 février, dès le lendemain de la publication des résultats financiers 2018 du transporteur aérien. A partir de là, pas question de faire dans le détail: pour acquérir pratiquement 60 millions de titres en quelques jours, la banque a dû se positionner sur pratiquement tous les titres proposés dans le carnet d'ordre.
Cela explique la curieuse variation du cours d'Air France-KLM mercredi 20 février, avec un démarrage en baisse de 5% et un rebond progressif jusqu'à 5% en clôture, et l'envolée ininterrompue des jours suivants dans des volumes considérables. L'acquéreur jouait contre la montre puisque tout franchissement de seuil significatif doit être rendu public dans les cinq jours. Ce que l'Etat néerlandais a donc fait mardi soir après ces séances d'achat frénétique sur Air France-KLM.
Les deux Etats sont donc quasiment ex aequo les plus gros actionnaires de l'opérateur, suivi de ses partenaires Delta et China Eastern.
Vente massive d'un fonds américain
Derrière, il est gros à parier que les positions des investisseurs purement financiers ont aussi évolué. The Capital Group Compagnies a déjà fait savoir jeudi qu'il avait franchi en baisse le 26 février le seuil de 5% du capital pour ne plus détenir qu'une poignée d'actions (contre 5 à 6% auparavant). Le fonds américain a ainsi profité de l'aubaine face à un acheteur stratégique pressé et peu embarrassé de considérations financières, dont l'appétit avait poussé le titre jusqu'à un sommet de plus d'un an.
Reste à savoir si d'autres actionnaires financiers -notamment du côté français Natixis et DNCA avec quelques pourcents chacun- ont également apporté des titres en répondant à la brutale demande.
A noter également parmi les principaux porteurs que les employés détenaient collectivement 3,9% du groupe, à côté d'un auto-contrôle de 0,3%, des positions qui quant à elles n'ont pas vocation à fortement bouger.
En résumé, voici désormais les principaux actionnaires d'Air France - KLM :
- L'Etat français : 14,3% des actions
- L'Etat néerlandais : 14%
- Delta Air Lines : 8,8%
- China Eastern Airlines : 8,8%
- Salariés du groupe : 3,9%
- Auto-contrôle : 0,3%
- Autres actionnaires : 49,9%
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