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Marché : Pour 3,6 milliards de dollars, Thales veut acquérir le champion de la cybersécurité Imperva

mardi 25 juillet 2023 à 12h39
Thales lance une grande acquisition

(BFM Bourse) - Le groupe va ajouter des capacités et des nouveaux métiers en matière de cybersécurité via cette opération.

Alors que Thales avait auparavant des vues sur l'activité cybersécurité d'Atos, c'est finalement vers un groupe américain que la société jette son dévolu.

L'entreprises de technologies et de défense a annoncé ce mardi le projet d'acquisition de la société Imperva auprès du fonds de capital-investissement Thomas Bravo, sur la base d'une valeur d'entreprise de 3,6 milliards de dollars (plus exactement de 3,7 milliards de dollars auxquels sont soustraits 100 millions de dollars d'avantages fiscaux).

Il s'agit de la deuxième grande opération réalisée par Thales en quelques jours, avec l'annonce du rachat , il y a deux semaines, de Cobham Aerospace Communications pour 1,1 milliard de dollars.

"Imperva va renforcer la croissance des activités de sécurité des données de Thales et permettre l’entrée du groupe sur le marché porteur de la sécurité des applications", a expliqué la société dans un communiqué.

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Un chiffre d'affaires gonflé dans la cybersécurité

Avec ce rachat, le chiffre d'affaires de Thales dans la cybersécurité passera à 2,4 milliards d'euros (pour l'année 2024, en comptant l'activité de Thales, le rachat d'Imperva mais aussi celui de l'australien Tesserent annoncé en juin), contre environ 1,5 milliard d'euros en 2022.

Présent dans 180 pays et comptant plus de 1400 collaborateurs, Imperva a dégagé en 2022 des revenus de 500 millions de dollars. Son siège social est basé en Californie et la société américaine présente une croissance à deux chiffres de ses revenus ainsi qu'une marge opérationnelle d'environ 20% prévue d'ici à 2027, alors que celle de Thales a atteint 11% en 2022. Le groupe précise que le profil financier d'Imperva est "en ligne" avec celui de ses activités de cybersécurité.

"Cette acquisition aura un impact immédiat sur le profil de croissance et de marge de Thales", a expliqué la société dirigée par Patrice Caine.

Le rapprochement des activités de cybersécurité de Thales et d’Imperva donnera naissance à un acteur avec un large portefeuille de produits et de solutions de cybersécurité, s’articulant autour de trois types de produits : identité, sécurité des données, et sécurité des applications, ce troisième métier étant donc apporté par Imperva à Thales.

Cette opération "complétera la division DIS (identité et sécurité numérique, NDLR) de Thales en renforçant la sécurité des données et en ajoutant des capacités dans le domaine de la sécurité des applications, qui est le segment à la croissance la plus rapide du marché adressable de Thales dans le domaine de la cybersécurité civile", note la banque Jefferies.

Des synergies de 110 millions de dollars par an

Le groupe estime que les complémentarités permises par cette opération de croissance externe permettront de dégager des synergies de coûts de 50 millions de dollars par an en rythme de croisière et de réaliser des synergies de 60 millions de dollars par an au niveau des revenus. Thales compte atteindre le plein effet des synergies de coûts d'ici à 2028 et d'ici à 2029 pour les synergies de revenus.

Sur la base de cette acquisition, Thales a communiqué des nouvelles perspectives pour sa division DIS, à savoir une croissance en données comparables de 6% à 7% par an sur la période de 2024-2027 pour atteindre des revenus compris entre 5,4 milliards d'euros et 5,5 milliards d'euros en 2027 et une marge opérationnelle de 16,5% en 2027.

La société compte par ailleurs regrouper l'ensemble des activités de cybersécurité civile au sein de DIS alors que cette division n'en rassemble pour l'heure qu'une partie, le reste se situant dans sa division Défense.

Concernant le prix de cette acquisition, la valeur d'entreprise de 3,6 milliards de dollars correspond à un multiple de 6,1 fois le chiffre d’affaires attendu en 2024, "en ligne avec les transactions précédentes et les multiples de valorisation applicables à des sociétés comparables dans la cybersécurité", assure Thales.

Lors d'une conférence de presse, le PDG, Patrice Caine a déclaré être "très confortable avec le niveau de valorisation consenti" pour acquérir "cet actif unique". Le directeur financier, Pascal Bouchiat, a lui expliqué qu'au cours des deux dernières années les acquisitions dans la cybersécurité avaient été réalisées avec des valeurs d'entreprises représentant 7 à 8 fois le chiffre d'affaires attendu, donc un peu plus que le multiple accepté par Thales (6,1) pour ce rachat.

Le prix correspond également à un multiple de 17 fois le résultat opérationnel attendu en 2024 post-synergies et 13 celui de 2027 post-synergies.

Un mélange de cash et de dette pour payer la transaction

Le groupe français a indiqué que l'opération ne remettait pas en cause sa politique d'allocation du capital, qu'il a ainsi confirmée avec un taux de distribution du dividende de 40%, en ligne avec les années précédentes, et la poursuite de son programme actuel de rachat d’actions.

Par ailleurs, la société s'attend à ce que l'opération ait un effet "relutif" (donc positif) "significatif" à moyen terme sur son bénéfice net par action. Ce qui, considère Jefferies, implique "une certaine dilution dans les premières phases, compte tenu des intérêts supplémentaires (sur de la nouvelle dette levée pour financer l'acquisition, NDLR), que nous estimons à 115 millions d'euros pour Thales, sur la base d'un taux d'intérêt de 3,5%".

Le directeur financier, Pascal Bouchiat, a précisé lors d'une conférence de presse que cette acquisition aurait un impact neutre sur le bénéfice par action du groupe lors de la première année, impact qui sera ensuite de plus en plus positif les années suivantes.

Le dirigeant a également indiqué que l'opération serait financée pour moitié par la trésorerie disponible de la société et pour l'autre moitié par des émissions obligataires qui auront lieu "dans les prochains mois".

"Pas sûr que cette transaction soit bien perçue ce matin, le prix payé étant très élevé, même si le rationnel stratégique apparait pertinent", juge de son côté Invest Securities.

A la Bourse de Paris, Thales recule de 0,5% vers 12h40 à la suite de cette annonce.

Thales s'attend à finaliser l'opération au début de l'année 2024.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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