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Marché : Après avoir dépassé les 4.000 dollars l'once, jusqu'où l'or peut-il grimper?

Aujourd'hui à 07:00
L'or monte

(BFM Bourse) - Le métal précieux ne cesse de repousser ses records, porté par une demande toujours vigoureuse et par les incertitudes géopolitiques. UBS voit la matière première atteindre 4.200 dollars l'once à la fin de l'année, et Goldman Sachs table même sur 4.900 dollars l'année prochaine.

L'or n'en finit plus de battre ses records. Encore cette semaine, le métal précieux a franchi, pour la première fois, la barre des 4.000 dollars l'once, un seuil inédit.

Depuis le début de l'année, l'or s'adjuge plus de 50% (51,4% à la clôture européenne de vendredi), une hausse avec laquelle aucun indice actions ne rivalise. Selon le New York Times, l'or est paré pour signer sa meilleure année depuis 1979, lorsqu'avait éclaté le second choc pétrolier causé par la chute du régime du Shah d'Iran, alors un important exportateur de pétrole. Ce qui s'était traduit par un doublement du prix du baril.

La vitesse à laquelle grimpe la "relique barbare" - comme la surnommait l'illustre économiste John Maynard Keynes - prend de court les stratégistes de marché. Pour donner un exemple, pas plus tard que mi-septembre, Deutsche Bank avait rehaussé ses projections pour l'an prochain, tablant sur 4.000 dollars l'once en moyenne. L'établissement remarquait alors que l'or avait déjà cassé sa précédente projection (3.700 dollars). La dernière prévision de la banque allemande n'a ainsi tenu que trois semaines, à peine.

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De nombreux facteurs de hausse

Nous avons déjà écrit à de multiples reprises sur les facteurs qui expliquent la progression du métal précieux. Les incertitudes politiques et géopolitiques causées par la politique économique erratique de Donald Trump, notamment avec les droits de douane, ont renforcé le rôle de valeur refuge de l'or. D'autant que d'autres valeurs refuge traditionnelles, comme le dollar, les obligations américaines (mais aussi le yen avec l'arrivée prochaine d'une Première ministre japonaise favorable à la relance budgétaire et encline à plaider pour des taux bas) ont vu leur statut être fragilisé cette année.

Les incertitudes autour de la maîtrise des finances publiques, notamment américaines, ont également pu exercer une influence.

"Les rouages budgétaires du gouvernement grincent à nouveau, les déficits se creusent et l'aura de fiabilité du dollar vacille sous les projecteurs. Les traders ont déjà vu ce spectacle: lorsque la confiance dans les institutions qui impriment des billets s'effrite, l'or devient l'institution qui perdure", tranche Stephen Innes, de Spi AM.

Les achats importants des banques centrales, notamment de la Chine et des pays émergents, constituent un vent porteur depuis maintenant près de deux ans.

"Dans un premier temps, cette tendance avait été motivée par les préoccupations des pays concernant les sanctions sur leurs avoirs étrangers à la suite des décisions des États-Unis et de l'Europe de geler les avoirs russes. Toutefois, cette tendance s'est transformée en une stratégie plus large de diversification des réserves en dollars et des avoirs en dollars", avait souligné UBS en février.

Plus récemment, le début du cycle de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), en septembre dernier, a encore renforcé l'attrait du métal.

Pour rappel, des taux plus bas ont tendance à soutenir l’or. Contrairement aux actions (avec des dividendes) et aux obligations (avec des coupons), l'or ne produit pas de revenus. Son cours est en conséquence aidé par une baisse des taux d'intérêt, car il devient alors de plus en plus intéressant d'investir son argent dans de l'or plutôt que de le placer.

Le "shutdown" fait mal

La faiblesse du dollar, qui souffre face aux autres devises mondiales depuis le début de l'année, constitue un autre facteur de support technique.

Comme l'ensemble des matières premières, les cours de l'or sont libellés en dollar. Un repli du billet vert rend, toutes choses égales par ailleurs, l'or moins onéreux pour les investisseurs dont la devise de référence n'est pas le dollar.

Enfin, le "shutdown", c'est-à-dire la paralysie d'une bonne partie des services fédéraux américains et, dans une moindre mesure, le climat d'incertitude politique en France ont entretenu le rallye.

Les bouleversements politiques en France et au Japon s'ajoutent aux inquiétudes budgétaires et contribuent à la remontée du cours de l'or, a ainsi écrit Nicky Shiels, responsable de la recherche et de la stratégie métaux chez MKS PAMP SA, dans une note citée par Bloomberg.

Quant au"shutdown", il prive actuellement le marché d'indicateurs économiques extrêmement importants (comme le rapport sur l'emploi américain) pour prendre le pouls de l'économie américaine, ce qui peut peser sur l'appétit pour le risque.

'"L'or a encore du champ"

Est-ce que l'or a épuisé son potentiel après avoir autant progressé depuis maintenant près de deux ans ? À l'unanimité, les stratégistes et analystes répondent par la négative et voient donc encore du potentiel pour l'or.

Pour Deutsche Bank, l'or "a encore du champ pour poursuivre sa course". Listant les facteurs négatifs et positifs, l'établissement estime que le positif a nettement l'avantage. Outre les baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), la banque souligne que la mise à mal de l'indépendance de la banque centrale américaine par l'administration Trump est de nature à soutenir l'or en raison "de l'incertitude sur la fonction de réaction" de l'institution. Rappelons que Donald Trump ne cesse de réclamer à cor et à cri des baisses de taux toujours plus prononcées.

L'administration américaine tente actuellement de remodeler le comité de politique monétaire de la Fed à sa main et le pensionnaire de la Maison Blanche doit décider dans les prochains mois d'un successeur à Jerome Powell.

UBS, de son côté, a relevé la semaine dernière ses prévisions, tablant désormais sur 4.200 dollars l'once d'or à fin décembre prochain. La banque voit ensuite le niveau de l'or se stabiliser autour de ces cours l'an prochain.

Le gros de cette révision est dû à des anticipations d'achat d'or plus robustes de la part des fonds indiciels, les ETF, qui témoignent de l'appétit des investisseurs particuliers.

"Nous pensons que la baisse des taux d'intérêt réels aux États-Unis, la poursuite de la faiblesse du dollar américain et les rebondissements politiques actuels entraîneront une hausse des prix, poussant les flux entrants vers les ETF au-delà de nos prévisions initiales, à environ 830 tonnes pour l'ensemble de l'année", explique la banque helvétique. Elle tablait auparavant sur 450 tonnes pour cette demande.

Concernant la demande des banques centrales, la banque suisse estime qu'elle se situera entre 900 tonnes et 950 tonnes d'or, un tout petit peu en dessous du record de 2024, qui dépassait de justesse les 1.000 tonnes.

Les 5.000 dollars l'once l'année prochaine?

Goldman Sachs a aussi relevé, mardi, ses prévisions. La banque prévoit une once d'or à 4.900 dollars à fin décembre prochain contre 4.300 dollars précédemment.

Dans les faits, la banque américaine a relevé le point de départ de sa trajectoire, au vu de la récente hausse des cours de la matière première. Elle anticipe toujours une progression de 23% sur un an, mais en prenant un atterrissage en 2025 à environ 4.000 dollars (contre 3.500 dollars précédemment).

Comme UBS, la banque américaine pointe l'importance des achats d'or par les banques centrales et pense d'ailleurs qu'elles continueront à diversifier leurs réserves en acquérant des quantités importantes du métal précieux pendant encore trois ans.

Goldman Sachs souligne aussi la vigueur de la demande provenant des ETF occidentaux. La banque américaine pense que cette demande sera soutenue par les futures baisses de taux de la Fed, estimées, en cumulé, à 1 point de pourcentage d'ici à la mi-2026.

Sans trop de surprise, Goldman Sachs écrit que les "risques sont orientés à la hausse" sur ses prévisions, c'est-à-dire que la banque a plus de chance de devoir les relever que les abaisser.

"Je recommanderais de surpondérer l'or, malgré son prix élevé, afin de se protéger contre le dollar américain et de se préparer à d'autres chocs à venir", a, pour sa part, déclaré à Bloomberg David Chao, stratège des marchés mondiaux chez Invesco Asset Management.

Pour ING aussi, cette tendance haussière sur l'or "a encore de beaux jours devant elle". La banque néerlandaise cite comme catalyseurs une poursuite des achats des banques centrales et la guerre commerciale menée par Donald Trump. L'établissement néerlandais table aussi sur une hausse des avoirs des ETF et une intensification des anticipations de nouvelles baisses des taux de la Réserve fédérale américaine.

Ce qui l'a incité à revoir à la hausse ses prévisions concernant l'or. ING table désormais sur un prix moyen de 4.000 dollars l'once au quatrième trimestre, ce qui porterait la moyenne annuelle à 3.402 dollars l'once, avant d'atteindre un prix moyen de 4 150 dollars l'once en 2026.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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