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Marché : Qu'est ce que le no-landing, ce scénario économique qui commence à préoccuper la Bourse?

samedi 12 octobre 2024 à 07h00
Les marchés se posent des questions sur ce scénario

(BFM Bourse) - Le "no landing", un scénario où une croissance américaine élevée se combine à une inflation persistante, a commencé à inquiéter les investisseurs il y a quelques jours. Car il poserait un dilemme important à la Réserve fédérale américaine.

C'est une question qui revient fréquemment en Bourse: comment l'économie (surtout l'économie américaine) va-t-elle atterrir? Les termes "soft-landing" et "hard-landing" sont ainsi régulièrement employés par les spécialistes de marché.

Ces anglicismes renvoient à la façon dont l'économie se comporte à mesure que l'inflation baisse. Les grandes banques centrales ont fortement remonté leurs taux directeurs pour juguler la hausse des prix en 2022 et 2023 puis les ont maintenus à des niveaux élevés jusqu'en juin pour la Banque centrale européenne (BCE) et en septembre pour la Réserve fédérale américaine (Fed).

Le "soft landing" (atterrissage en douceur) décrit un scénario où l'économie encaisse le choc des hausses de taux sans tomber en récession tandis que les banques centrales parviennent à maîtriser l'inflation. Dans le cas d'un "hard landing", l'inflation revient certes à un niveau acceptable mais l'économie tombe récession (pour simplifier).

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Un scénario où l'inflation repart

Les marchés ont pendant plusieurs mois misé sur le scénario du "soft landing", qui semble effectivement le plus probable, tout en redoutant le "hard-landing". Fin septembre, Bank of America notait que le "soft landing" était déjà pleinement intégré pour les marchés européens.

"La question qui se pose c’est la réaction de l’économie suite à cette période de taux élevés : allons-nous vers un 'soft landing', scenario le plus probable ou une récession plus dure ?", s'est de son côté interrogé Arnaud Colombel, directeur de gestion chez Mandarine gestion, dans une note publiée lundi.

Mais un autre scénario pour l'économie américaine commence également à flotter dans les esprits: le "no-landing". "Un soft landing (ou no landing) aux États-Unis redevient le scénario de base, après que les craintes d'un ralentissement de l'économie américaine cet été ne se soient pas concrétisées", a par exemple écrit lundi Deutsche Bank.

Ce scénario "sans atterrissage" de l'économie correspond au cas de figure où "la croissance économique américaine resterait solide, tandis que le ralentissement actuel de l'Europe s'inverserait", expliquait en mars John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud.

"L'inflation de base resterait stable et s'établirait à un ou deux points de pourcentage au-dessus des objectifs de la banque centrale, ce qui encouragerait les responsables de la politique monétaire à continuer de maintenir les taux d'intérêt à un niveau élevé", poursuivait-il.

Des taux qui pourraient ne plus baisser

Le problème reste que ce scénario, s'il se réalisait contraindrait les banques centrales à réexaminer les cycles d'assouplissement monétaire qu'elles viennent de débuter.

"Dans ce cas théorique toujours, la Fed serait tenue de gérer les taux directeurs plus étroitement et nous pourrions assister à des bulles d'actifs et à des déséquilibres en matière d'emploi, entre autres", pointait John Plassard.

Le spécialiste soulignait que dans un tel scénario, les obligations d'Etat souveraines constitueraient les actifs les plus en danger, avec le risque de fortes liquidations sur ces titres. Du côté des actions, la volatilité pourrait augmenter. "L'incertitude des marchés boursiers pourrait conduire à un comportement prudent de la part des investisseurs", jugeait John Plassard.

Ce scénario d'un "no-landing" a gagné en vigueur, fin de semaine dernière, après le dernier rapport sur l'emploi américain, qui a fait état de créations de postes près de deux fois plus fortes qu'attendu par les économistes au mois de septembre. Le chômage a par ailleurs reculé et les salaires américains horaires ont repris leur hausse.

Ce qui a amené les obligations américaines à souffrir. Le rendement du bon américain du Trésor à 10 ans est passé de 3,84%, jeudi, environ à plus de 4% depuis lundi. Rappelons que les prix des obligations évoluent dans le sens inverse des taux.

"Ce qui pourrait se produire, c'est que la Fed ne procède plus à des réductions de taux, ou qu'elle se trouve dans l'obligation d'augmenter à nouveau les taux", a prévenu George Catrambone de DWS America, cité par Bloomberg.

Le problème est que les investisseurs intègrent encore 50 points de base (0,5 point de pourcentage) de baisses de taux de la part de la Fed d'ici à la fin de l'année, selon l'outil Fedwatch du CME Group. Et 150 points de base d'ici à fin 2025.

Jason Draho d'UBS tempère toutefois les craintes. "Un scénario de no-landing est un risque que s'il s'agit réellement d'un scénario de ré-accélération de l'inflation", explique le spécialiste. "Rien n'indique que cela se produise aujourd'hui, mais c'est un risque en 2025", conclut-il.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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