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Marché : Pourquoi les déboires de plusieurs banques américaines font baisser les taux d'intérêt des Etats

lundi 13 mars 2023 à 15h40
La faillite de SVB a pourrait freiner les hausse de taux de la Fed

(BFM Bourse) - Face à la disgrâce de plusieurs établissements outre-Altantique, le marché commence à espérer que les banques centrales atténuent les relèvements de taux qui mettent à mal les banques les plus fragiles. En conséquences, les rendements obligataires plongent.

Quand tout va mal sur le marché, une irréductibles classe d'actifs a souvent tendance à résister: les obligations d'Etat, soit les obligations dites "souveraines".

C'est le cas ce lundi, alors que l'ensemble des places boursières souffrent, redoutant les répercussions de la déchéance de la banque américaine SVB (Silicon Valley Bank), plombée par des retraits massifs de dépôts des clients. Cette banque a été fermée et placé sous le contrôle de la FDIC, l'agence américaine de garantie des dépôts, qui essaie de trouver des repreneurs. Une seconde banque, Signature Bank, a été fermée et la FDIC va garantir l'intégralité de ses dépôts, comme ceux de SVB.

Tandis que les marchés actions dévissent, la valeur des obligations souveraine progresse car leurs taux plongent. Pour rappel, les prix des obligations évoluent en sens inverse de leurs rendements.

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Illustration de la hausse des taux

Vers 14h30, sur le marché secondaire, le taux à 10 ans des Etats-Unis évolue à 3,483% contre 3,705% vendredi, un repli significatif sur ce type de marché. Le taux à 10 ans de l'Allemagne se situe lui à 2,221% contre 2,504% vendredi, même chose pour la France, avec un rendement à 10 ans à 2,760% contre 3% vendredi.

Le mouvement est encore plus sensible sur les taux courts, le rendement du titre de l'obligation allemande à deux ans s'élevant à 2,534% contre 3,087% vendredi.

"Le marché se dit que face aux risques de tensions sur le marché bancaire, les banques centrales seront obligées de ralentir le rythme de leurs resserrements monétaires", souligne Louis Harreau, économiste en charge du suivi de la Banque centrale européenne (BCE).

Les fuites massives de dépôts qu'a essuyées SVB provient pour l'essentiel de sociétés de tech, qui elles-mêmes ont été fragilisées par la remontée des taux. "Le dossier SVB révèle avant toute une mauvaise gestion, mais cet évènement ne serait pas probablement pas arrivé si nous n'étions pas dans une période de hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui révèle les fragilités bancaires, explique Alexandre Baradez, d'IG France.

Des anticipations de taux revues

Surtout que les taux directeurs des banques centrales ne sont pas étrangers aux pertes que peuvent accuser les établissements lorsqu'ils sont pris à la gorge. "Lorsque les banques centrales augmentent les taux directeurs, les taux obligataires remontent et donc logiquement les valeurs des portefeuilles obligataires souverains détenus par les banques ou les gérant d'actifs baissent. Ce sont des pertes de valeurs latentes", explique Louis Harreau.

Néanmoins ces pertes deviennent bel et bien réelles lorsque les établissements ne détiennent pas les titres jusqu'à maturité et se retrouvent, au contraire, forcés de les vendre dans la précipitation. C'est ce qui c'est passé avec SVB, qui a cédé en urgence 21 milliards de dollars de titres, accusant une perte de 1,8 milliard de dollars.

Face à la peur suscitée par la déroute de SVB, Goldman Sachs estime que la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait relever ses taux de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) à l'issue de sa prochaine réunion, le 22 mars prochain, alors qu'elle tablait auparavant sur 50 points de base (0,5 point).

Du côté de la BCE, Robert Halver, analyste chez Baader Bank cité par l'AFP, juge que l'institution européenne pourrait "moins augmenter" ses taux, après la hausse de taux à venir jeudi. Les membres de l'institution européenne s'étaient en effet engagés à les relever de 50 points de base pour cette prochaine réunion.

A voir si ces anticipations se confirment, jeudi 16 mars pour la BCE et mercredi 22 mars pour la Fed.

Par ailleurs, la Fed a introduit une nouvelle facilité de prêt pour assurer que les banques plus fragiles puissent disposer des liquidités pour honorer les demandes de retraits de leurs clients. Ce que Deutsche Bank considère comme une forme de "quantitative easing" (assouplissement quantitatif).

Sur ces nouvelles facilité de prêts, les actifs apportés en garantie pour les financements ne devront pas être valorisés au prix de marché mais à leur valeur nominale, une valeur fixée pour les titres de dette lors de leur émission. Autrement dit indépendamment de leur valeur réelle à un instant t sur le marché.

"La décision de la Réserve fédérale peut être comprise de la façon suivante: la banque centrale américaine prend des mesures d'urgence pour garantir les dépôts et s'assurer de la stabilité du système bancaire. Mais cela lui permet de se donner de la latitude pour, d'autre part, rehausser ses taux directeurs. On peut très bien imaginer, si des tensions survenaient sur les banques européennes, ce qui n'est pas notre scénario, que la Banque centrale européenne utilise un schéma similaire", analyse Louis Harreau.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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