(BFM Bourse) - Après la Turquie, l'Italie et l'Espagne? Les taux des pays d'Europe du Sud se tendent lundi après-midi sur des craintes de contagion à la suite de différentes déclarations.
Les taux des emprunts d’Etat des pays d'Europe du sud progressaient nettement lundi alors que l'Italie et son nouveau gouvernement inquiètent depuis des semaines. Le taux à 10 ans italien prend 10 points de base en milieu d’après-midi à 3,09%, et toute l'Europe du sud suit, avec les taux espagnols à 10 ans à 1,51%, ou encore le Portugal avec des taux à 1,86%.
Budget 2019: cacophonie à l'italienne
L'Italie est dans une situation compliquée depuis des mois et la nomination de son nouveau gouvernement né d'une alliance extrême gauche et extrême droite alors que se profile l'examen dans les prochains jours du budget 2019. Celui-ci contiendrait deux mesures importantes: des fortes baisses d'impôts et la création d'un revenu de citoyenneté, l'équivalent du revenu universel, déjà dans le débat ces dernières années en France ou dans d'autres pays.
Dans un entretien au Corriere della Sera lundi, Luigi Di Maio, vice-Premier ministre italien et chef de file du Mouvement 5 étoiles, a certes promis "le plus grand respect des équilibres budgétaires", tout en demandant à l'Europe de les "laisser faire les réformes" qui permettront "de réduire la dette publique et l'augmentation de la demande interne". Après les élections européennes en 2019 "on en aura fini avec l'époque de l'austérité et on entamera un septennat de budgets d'expansion", a t-il prévenu...
Luigi Di Maio a par ailleurs démenti des propos de Giancarlo Giorgetti, de la Ligue du Nord, qui évoquait des attaques potentielles de fonds spéculatifs sur la dette italienne à la fin du mois... Matteo Salvini, de la Ligue également, a demandé des crédits d'impôt pour les familles et Luigi Di Maio voulait abandonner l'obligation constitutionnelle d'un équilibre budgétaire...
Ces déclarations en tout genre, dont la plupart ne seront jamais mises en œuvre, inquiètent les investisseurs, qui ne comprennent pas, assez logiquement, la cohérence entre les uns et les autres au sein du gouvernement italien, qui ferait mieux de s'atteler à présenter un budget solide et cohérent.
Un climat déjà délétère
Ces tensions interviennent alors que la crise de la livre turque, qui a perdu près de 45% depuis le début de l'année, a déjà entamé la confiance des investisseurs, les inquiétudes se focalisant en particulier sur les pays les plus fragiles de l'Europe.
Les craintes de contagion par rapport à l'exposition à la Turquie de certaines banques européennes, comme BBVA en Espagne ou Unicredit en Italie, ont donné des sueurs froides au marché la semaine dernière, même si l’importance de cette exposition doit être relativisée dans la mesure où la plupart des banques devraient pouvoir faire face aux pertes et à la situation.
La pression ne se relâche toutefois pas sur la livre turque qui touché de nouveaux plus bas historiques ce matin, à un dollar pour 7.03 livres turques, et un euro pour 8 livres turques, avant de retomber légèrement.