(BFM Bourse) - Le contrat à terme sur le concentré de jus d'orange congelé prend plus de 30% depuis le début de l'année et plus de 50% sur un an. Cette progression en fait la matière agricole la plus performante depuis le début de l'année.
La mécanique de la production d'orange s'est grippée, ce qui se fait sentir sur le cours de son jus sur le marché. Comme le relèvent Les Echos ce lundi, le cours du concentré congelé de jus d'orange, matière première indispensable à la boisson, évolue en forte hausse depuis le début de l'année.
Le contrat de juillet sur la matière première s'adjuge ainsi 32,5% depuis le 1er janvier, une progression qui passe à 55% sur un an. Selon Les Echos qui s'appuient sur les données de l'Intercontinental Exchange (ICE), place boursière américaine spécialisée dans les produits dérivées, cette progression dépasse celle des autres matières premières agricoles comme le sucre (+29%), le cacao (+18%), et le café (+15%). Précisons que l'or de son côté ne prend que 8,3% tandis que les cours du pétrole, en prenant le Brent comme référence, cèdent 12% sur la même période.
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Ouragans et "maladie du dragon jaune"
Les cours du jus d'orange bondissent en raison de tensions sur l'offre, c'est-à-dire sur la production d'oranges. En particulier en Floride, qui, comme l'explique dans une récente vidéo Angeline Ong, analyste financière chez IG Markets, a représenté jusqu'à 80% de la production des Etats-Unis, le troisième plus important producteur au monde derrière le Brésil, et très proche du deuxième, le Mexique.
L'Etat américain a subi deux ouragans à l'automne 2022, à savoir Nicole et surtout Ian, avec des dégâts dont le coût a été chiffré par l'Université de Floride à 247 millions de dollars sur la production d'agrumes (pour l'ouragan Ian uniquement).
Ce qui a exacerbé les pertes de production structurelles dues à une maladie appelée "citrus greening", ou "maladie du dragon jaune", causée par une bactérie transmise par des insectes semblables à des pucerons. Comme l'explique Angeline Ong, cette bactérie amène les arbres fruitiers à produire des fruits plus petits et amères et souvent impropres à la vente.
En conséquence le département américain de l'Agriculture estime que la production totale d'oranges de la Floride devrait, sur la saison 2022-2023, tomber à 16 millions de boites contre 41 millions sur la saison précédente, soit une baisse de 61%. Selon Reuters, la récolte d'oranges aux Etats-Unis devrait ainsi tomber à son plus bas niveau depuis 1937.
Vers une pénurie?
Cité mi-avril par MarketWatch, James Roemer, auteur de la publication WeatherWealth, explique que la hausse des cours du jus d'orange – qu'il qualifie "d'extraordinaire rallye" - est due à ces mauvaises récoltes américaines mais aussi à une fortement demande en vitamine-C sur la période post-pandémie. Et à des difficultés sur la récolte au Brésil, qui été repoussée de quelques semaines en raison de pluies intenses dans la région de Sao Paulo.
On peut aussi ajouter, comme l'indiquait mi-mai l'Unijus, l'union interprofessionnelle de la filière française du jus de fruits, que "la production mexicaine destinée majoritairement au marché américain d’ordinaire a elle aussi chuté de 30% cette année en raison de la sécheresse". "C’est également ce qui a été observé en Espagne par manque d’eau", complétait l'Unijus.
En conséquence, les professionnels du secteur ont récemment prévenu dans un communiqué que ces conditions de marché posaient le risque d'"une pénurie mondiale" de concentré de jus d'orange. Ils indiquaient que des ruptures pourraient être observées dans les magasins dans les prochaines semaines.