(BFM Bourse) - La Banque centrale européenne a relevé jeudi ses taux d'intérêt pour la première fois depuis 2011, afin de freiner l'inflation qui a battu le mois dernier un nouveau record dans la zone euro. Le Conseil des gouverneurs a donné son aval au mécanisme anti-fragmentation destiné à contenir les écarts de taux entre Etats membres.
La BCE a mis fin jeudi à l'ère des taux d'intérêts négatifs en zone euro avec un relèvement de 0,50 point, plus qu'attendu, pour marquer sa détermination à combattre l'inflation galopante et mettre fin à une décennie d'argent facilement accessible en zone euro.
Prise dans un arbitrage complexe entre hausse des prix et craintes pour la croissance, l'institution de Francfort a choisi l'audace: elle relève ses trois taux directeurs de 50 points de base après avoir préparé les esprits à une hausse de 25 points seulement. Le principal taux d'intérêt passe ainsi de zéro, où il campait depuis 2016, à 0,50%, tandis que celui taxant une partie des liquidités bancaires non distribuées en crédit, négatif depuis 2014, remonte de -0,50% à zéro.
La Banque centrale européenne (BCE) poursuivra lors de ses prochaines réunions sa "normalisation" de politique monétaire, marquée jeudi par le relèvement de ses taux d'intérêt, et estime que d'autres hausses "seront pertinentes" à l'avenir face à l'inflation galopante.
L'ampleur de ces mouvements de politique monétaire sera dépendante "des données", précisent les gardiens de l'euro dans un communiqué après avoir mis fin plus rapidement qu'anticipé à l'ère des taux négatifs en zone euro.
Ce resserrement de la politique monétaire a déjà été amorcé en juillet avec l'arrêt des nouveaux achats de dette sur les marchés. Objectif: réduire la masse monétaire en circulation et freiner l'inflation qui a battu le mois dernier un nouveau record dans la zone euro, à 8,6% sur un an.
Aplanir les écarts de taux
La Banque centrale européenne a par ailleurs annoncé jeudi un nouvel instrument pour protéger les Etats les plus fragiles contre des attaques spéculatives sur leur dette, les marchés ayant en ligne de mire l'Italie où s'ouvre une période d'instabilité politique.
Cet outil "pourra être activé pour contrer les dynamiques de marché injustifiées et désordonnées qui menacent gravement la transmission de la politique monétaire dans la zone euro" qui vise un taux d'inflation de 2% à moyen terme, selon un communiqué à l'issue du Conseil des gouverneurs.
Depuis l'annonce en juin d'un durcissement de la politique monétaire par la BCE, concrétisé jeudi avec la première hausse des taux directeurs depuis 2011, les taux d'intérêt des dettes publiques européennes ont grimpé en flèche et l'écart entre les taux d'emprunts des différents pays s'est creusé. La BCE parle de "fragmentation" de la zone euro qui gêne sa politique et doit donc être combattue.
Les taux d'intérêt des États européens sont repartis à la hausse après la décision de la BCE, les investisseurs ayant plutôt anticipé un relèvement de 0,25 point de pourcentage. Le taux d'intérêt de l'emprunt allemand à 10 ans, qui fait référence pour la zone euro, prenait 10 point de base, à 1,353% vers 12H25 GMT. Celui pour l'Italie, déjà en forte hausse en début de séance en raison de l'instabilité politique, s'envolait de 22 points de base, à 3,592%.
En conséquence, l'écart entre ce taux et son équivalent allemand, passait de 215 points mercredi soir à 224 points, signe de la nervosité des marchés face à l'incertitude régnant dans la troisième économie de la zone euro.
(Avec AFP)