(BFM Bourse) - Les cours du blé atteignent un nouveau record lundi à l'ouverture sur le marché européen en réaction à l'interdiction des exportations de la céréale indienne. Les prix du boisseau étaient déjà à des plus hauts depuis l'éclatement du conflit ukrainien fin février.
Le cours du blé, au plus haut depuis la guerre en Ukraine, a battu un nouveau record lundi à l'ouverture sur le marché européen, à 435 euros la tonne, après l'annonce de l'Inde d'un embargo sur ses exportations de la céréale. "On a marqué un record à l'ouverture pour les blés de la nouvelle récolte. C'est un plus haut toutes échéances confondues sur Euronext, en réaction à l'annonce de l'Inde", a déclaré à l'AFP Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel.
L'Inde a décidé samedi d'interdire les exportations de cette denrée, sauf autorisation spéciale du gouvernement, face à la baisse de sa production due notamment à des vagues extrêmes de chaleur. La canicule de mars dernier, la plus chaude jamais enregistrée en Inde, imputée au changement climatique, avec des températures parfois supérieures à 45 degrés Celsius, a affecté les régions productrices de blé, dans le nord de l'Inde. Selon les estimations, la production de cette année devrait diminuer d'au moins 5% par rapport aux 109 millions de tonnes récoltées en 2021.
Selon l'Inde, cette "interdiction" est destinée à assurer la sécurité alimentaire nationale du pays de 1,4 milliard d'habitants et à garantir l'approvisionnement de ses vastes programmes sociaux, notamment la distribution mensuelle d'aliments de base gratuits et subventionnés à des millions de familles pauvres. "Nous ne voulons pas que le blé aille d'une manière non réglementée où il risque d'être thésaurisé et ne pas être utilisé aux fins que nous souhaitons qu'il serve - à savoir, les besoins alimentaires des pays et populations vulnérables", a expliqué le secrétaire indien au commerce M. Subrahmanyam.
Une décision qui va "aggraver la crise"
L'Inde est le deuxième plus grand producteur de blé au monde. Le pays a exporté 220.000 tonnes de blé en 2019, 2,15 millions de tonnes en 2020 et 7,21 millions de tonnes en 2021. Elle comptait en exporter 10 millions cette année. Le pays reste toutefois un acteur marginal sur le marché mondial, produisant essentiellement cette céréale pour la consommation intérieure. Près de la moitié de ses exportations de 2021 sont destinées au Bangladesh. Ses exportations ont été limitées en raison de problèmes de qualité et des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant les subventions agricoles de l'État.
Les ministres de l'Agriculture du G7 réunis à Stuttgart en Allemagne, ont aussitôt critiqué cette décision, craignant de voir s'"aggraver la crise" des matières premières. La décision de New Dehli va "aggraver la crise" d'approvisionnement en céréales au niveau mondial, s'est alarmé samedi le G7. Les exportations ont été limitées en raison de problèmes de qualité et des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant les subventions agricoles de l'État.
"Si tout le monde commence à imposer de telles restrictions à l'exportation ou même à fermer les marchés, cela ne fera qu'aggraver la crise et cela nuira aussi à l'Inde et à ses agriculteurs", a déclaré le ministre allemand de l'Agriculture, Cem Özdemir.
40% de hausse en trois mois
Le précédent record remonte au 13 mai, avec un cours du blé à 422 euros la tonne à l'ouverture, dans la foulée des nouvelles prévisions mondiales américaines qui sabraient d'un tiers la production ukrainienne de blé pour 2022-23.
Le blé caracole depuis des mois à des niveaux inédits sur les marchés mondiaux. Son prix a augmenté de 40% en trois mois et le marché est très tendu du fait des risques de sécheresse dans le sud des États-Unis et en Europe de l'Ouest.
Sabrina Sadgui, avec AFP