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Marché : L'État français n'avait pas perçu aussi peu de dividendes depuis au moins 20 ans

samedi 30 octobre 2021 à 07h00
L'Etat actionnaire n'avait pas perçu aussi peu de dividendes depuis 20 ans

(BFM Bourse) - L'Agence des participations de l'État n'a perçu que 300 millions d'euros de dividendes en 2020 sur les 83 sociétés de son portefeuille. Au cours des 20 dernières années, ce montant avait été inférieur au milliard d'euros seulement deux fois, en 2002 et en 2003. Zoom sur une année -très- creuse.

Au cours des 20 dernières années, les dividendes perçus par l'État français de la part des sociétés dans lesquelles il détient des participations n'avait été inférieur au milliard d'euros qu'à deux reprises, en 2002 (990 millions) et en 2003 (900 millions). Ce montant a fondu à 300 millions d'euros en 2020 selon le rapport annuel de l'Agence des participations de l'État (APE) dévoilé ce mardi, contre 2,3 milliards en 2020.

Cette brusque chute s'explique par le fait que l'État avait indiqué en mars 2020 que les grandes entreprises bénéficiant d’aides devaient s'engager à ne pas verser de dividendes ni procéder à des rachats d'actions en 2020, incitant par ailleurs les entreprises dont il est actionnaire à en faire de même afin de préserver leur bilan dans un environnement dégradé. Cette chute a également affecté le rendement global du portefeuille de l'État (plus-values et dividendes), qui a reculé de 4,6 % en 2020, soit à peine mieux que le CAC 40 Total Return (dividendes réinvestis) sur la période (-4,9%).

La valeur des 11 participations cotées de l'Etat (EDF, Engie, Eramet, ADP, Air France - KLM, Airbus, Safran, Thales, Renault, Orange et FDJ) a en revanche rebondi de 33% sur un an au 30 juin 2021, à 70,2 milliards d'euros - dont 30,4 milliards pour la quote-part de l'État dans EDF et 9,3 milliards pour sa participation dans Airbus.

"La crise du Covid-19 a fortement modifié les priorités de gestion du portefeuille de l’APE. La priorité de l’État actionnaire a été le sauvetage ou la sécurisation des grandes entreprises, beaucoup d’entre elles ayant vu leurs modèles économiques bouleversés en particulier dans les secteurs des transports, de l’aéronautique et de l’automobile" peut-on lire dans le rapport.

Si le millésime 2020 a été en tout point exceptionnel pour l'APE, que l'État avait doté d'une enveloppe de 20 milliards d'euros destinée à renflouer les groupes en difficultés (près de 4 milliards d'euros ont été octroyés à Air France - KLM, et autant à la SNCF), "toutes les entreprises du portefeuille de l'État ont montré une résilience exceptionnelle" se félicite son directeur général Martin Vial.

Au-delà du portefeuille coté, l'État détient des participations dans 72 autres entreprises, de La Poste à la SNCF en passant par la RATP, Naval Group, les Chantiers de l'Atlantique, KNDS (armement terrestre) ou encore TechnicAtome (conception, développement et maintenance des réacteurs nucléaires de propulsion pour la Marine Nationale. Et l'ensemble des 83 sociétés dans lesquelles il est investi "ont fait preuve d’une formidable capacité d’adaptation dans la gestion de leur production et de la relation avec leurs clients, qui leur a permis d’assurer la pérennité de leurs activités" poursuit Martin Vial.

Quid de la future stratégie de l'APE ? Outre de possibles nouvelles opérations capitalistiques, les décisions de l'agence mettront l'accent sur la souveraineté économique, comme l'explique le ministre de l'Économie Bruno Le Maire en avant-propos du rapport: "Le rôle de l’État est aussi de protéger les entreprises (...) en assurant que les centres de décision de nos secteurs stratégiques restent en France: c’est un impératif de souveraineté économique pour notre pays". À ce titre, poursuit-il, "l’État doit intervenir dans des domaines vitaux pour notre indépendance, notamment la défense et le nucléaire, et dans les secteurs essentiels au bon fonctionnement de notre économie, comme les transports ou les grands services publics". "Il n'y a pas que l'Etat, il faut veiller à avoir des actionnaires français puissants ou des européens ; quand les investisseurs sont américains, chinois ou asiatiques, cela peut compliquer les choses" précise Martin Vial.

Cet investissement de l’État dans les entreprises relevant de la souveraineté nationale, notamment le nucléaire civil et militaire, se traduit déjà par le contrôle très majoritaire voire à 100 % des grands acteurs du secteur: EDF, Orano, Areva ou Technicatome.

En revanche, pour Orange, une évolution de la participation est envisageable explique le directeur général de l'APE, mais pas à n'importe quelle condition. "Si l'État devait réduire sa participation, ce qui n'est pas d'actualité, il faudrait regarder qui sont les actionnaires" affirme-t-il.

[Dividendes perçus par l'État actionnaire]

2001 : 1,4 milliard 2002 : 990 millions 2003 : 900 millions 2004 : 1,2 milliard 2005 : 2,8 milliards 2006 : 3,5 milliards 2007 : 4,8 milliards 2008 : 5,6 milliards 2009 : 5,5 milliards 2010 : 4,4 milliards 2011 : 4,4 milliards 2012 : 4,6 milliards 2013 : 4,5 milliards 2014 : 4,1 milliards 2015 : 3,9 milliards 2016 : 3,5 milliard 2017 : 2,8 milliard 2018 : 2,4 milliard 2019 : 2,3 milliard 2020 : 300 millions

Quentin Soubranne - ©2025 BFM Bourse
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