(BFM Bourse) - Le fonds souverain norvégien a enregistré un rendement de 13% l'année dernière, soutenu par la forte progression des valeurs technologiques américaines.
Les performances stratosphériques des "Sept magnifiques", soit les Gafam (Alphabet, Amazon, Meta, Apple et Microsoft) auxquels on ajoute Nvidia et Tesla, ont fait du bien au fonds norvégien. Le plus important fonds souverain au monde a ainsi signé un rendement de 13% (hors effet de change et abondement du gouvernement) en 2024.
Alimenté depuis 1996 par les revenus issus des gisements pétroliers du pays (les plus grands d'Europe de l'Ouest), le fonds a vu la valeur de ses actifs progresser de 2.511 milliards de couronnes (soit environ 214 milliards d'euros l'an dernier), en excluant là encore l'impact positif des effets de changes (1.072 milliards de couronnes) et les abondements de l'état norvégien (402 milliards de couronnes). "C’est-à-dire l’équivalent de 40% du PIB de la Norvège !", signale Alexandre Baradez, chef de l'analyse de marché chez IG France.
Ces gains record générés par le fonds ont contribué à porter son bilan total à 19.742 milliards de couronnes, soit l'équivalent de 1.682 milliards d'euros à fin décembre.
Des placements dans la tech lucratifs
Par classe d'actifs, les placements en actions, qui représentent 71,4% du portefeuille, ont gagné 18%, portés par les géants américains de la technologie en raison de la demande soutenue pour les solutions basées sur l'intelligence artificielle générative (IA).
D'ailleurs, les Sept Magnifiques accompagnés du spécialiste des semi-conducteurs Broadcom faisaient tous partie à fin décembre des neuf plus fortes participations du fonds en valeur, la neuvième étant le fondeur taïwanais TSMC, qui a lui aussi bénéficié de l'essor lié à l'IA.
"Le fonds a obtenu de très bons rendements en 2024, grâce à un marché boursier très solide. Les valeurs technologiques américaines, en particulier, se sont très bien comportées", déclare Nicolai Tangen, directeur général de la Norges Bank Investment Management, le fonds souverain.
La tech a ainsi fortement contribué aux résultats record du fonds en 2024, lui permettant d'empocher 1.170 milliards de couronnes en 2024, soit un peu moins de 100 milliards d'euros.
Hasard du calendrier, la Norges Bank a dévoilé son rapport annuel mercredi. Soit deux jours après un mouvement de vente appuyé sur les valeurs technologiques américaines lié à aux prouesses de la jeune pousse chinoise Deepseek dans le marché de l'IA.
Cette start-up a dévoilé la semaine passée un modèle de langage d'IA rivalisant avec ceux des grands groupes américains et qui a été construit, a priori, avec des coûts bien moindres. Ce qui a créé une onde de choc sur les marchés, le Nasdaq Composite ayant baissé d'environ 3% lundi, tandis que les fabricants de puces Nvidia et Broadcom ont chuté de respectivement 16,97% et 17,4%.
Plus gros investisseur du monde
Nicolai Tangen a commenté l'onde de choc Deepseek lors d'une séance de questions-réponses estimant que l'émergence de modèles avec des coûts plus faibles va être positif pour une démocratisation de l'intelligence artificielle. Le président du fonds souverain a aussi ajouté qu'il n'y avait pas eu de "changements majeurs" dans le portefeuille du fonds depuis la tempête provoquée par Deepseek sur les marchés américains.
Interpellé sur le risque de concentration en valeurs technologiques dans le fonds, Nicolai Tangen a répondu qu'il était géré "en étant un investisseur de long-terme". "Nous devons apprendre à vivre avec un risque de concentration plus élevé que par le passé, et je ne pense pas qu'il y ait grand-chose qu'on puisse faire" de plus, a-t-il aussi abondé.
Comme à son accoutumée, la Norges Bank Investment Management a répété que de tels résultats ne pouvaient être escomptés à l'avenir. "Cela ne durera pas éternellement", a-t-il rappelé.
Les investissements obligataires (26,6% des actifs) se sont appréciés de 1% sur l'ensemble de l'année. Les placements immobiliers (1,8% des actifs) en revanche cédé 1% sur cette même période et ceux, encore très marginaux (0,1% du portefeuille), dans les projets d'énergies renouvelables non cotés ont cédé 10%. Le fonds a généré un rendement annualisé moyen de 6,34 % entre 1998 et 2024.
Le fonds souverain norvégien, est le plus gros investisseur individuel au monde. Il détient des participations dans près de 9.000 entreprises et en moyenne 1,5% du capital de tous les groupes cotés de la planète, selon son site internet.