(BFM Bourse) - La BNS est montée au chevet de Credit Suisse en lui accordant une facilité de prêt allant jusqu'à 50 milliards de francs suisses. Avant elle, la Réserve Fédérale avait pris des mesures d'urgence pour éviter que la faillite de Silicon Valley Bank se propage.
Alors que le système financier tremble, les banques centrales sortent la lance à incendie. Depuis la semaine dernière, les fragilités bancaires reviennent sur le devant de la scène, laissant craindre un risque de contagion et rappelant les mauvais souvenirs de la faillite de Lehman Brothers en 2008.
Si le système est plus robuste qu'à l'époque, les grandes banques centrales ont néanmoins agi pour tenter de couper court à la panique.
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Alors que Credit Suisse s'est effondré en Bourse mercredi et a vu les primes sur ses CDS, un instrument de couverture pour se prémunir du risque de défaut, atteindre des niveaux angoissants, la Banque nationale Suisse (BNS) est sortie de son silence, mercredi soir.
Dans un communiqué publié avec l'autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), elle a assuré que Credit Suisse satisfaisait aux exigences de liquidités et de solvabilité et a indiqué être prête à lui fournir des liquidités. Des déclarations jugées "très fortes" par Charles-Henry Monchau, directeur des investissements de la Banque Syz.
Sautant sur l'occasion, Credit Suisse a ensuite annoncé qu'il activait une option lui permettant d'emprunter jusqu'à 50 milliards de francs suisses auprès de la BNS. Ce qui permet à son action de regagner plus de 20% à la Bourse de Zurich, en fin de matinée.
La Fed ouvre un nouveau guichet
Cette intervention fait suite à celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), elle-même consécutive à la faillite de Silicon Valley Bank (SVB), qui a entraîné d'importantes craintes sur les établissements régionaux américains.
La banque centrale américaine a annoncé dimanche l'introduction d'une facilité de prêt pour assurer que les banques plus fragiles puissent disposer de liquidités pour honorer les demandes de retraits de leurs clients. Ce que Deutsche Bank considère comme une forme de "quantitative easing" (assouplissement quantitatif).
Sur cette nouvelle facilité de prêts, les actifs apportés en garantie pour les financements ne devront pas être valorisés au prix de marché mais à leur valeur nominale, une valeur fixée pour les titres de dette lors de leur émission. Autrement dit indépendamment de leur valeur réelle à un instant "t" sur le marché.
Ce qui permettra aux établissements de limiter la décote de valeur sur les actifs nantis pour disposer de ces financements. Et donc pour, faire simple, d'emprunter plus.
Des risques faibles mais existants
Les yeux seront désormais tournés vers la Banque centrale européenne (BCE) et sa présidente, Christine Lagarde, qui s'exprimera à 14h45 ce jeudi. Aucun établissement de la zone euro n'a pour l'heure fait part publiquement de problème de liquidités.
Sur Twitter, l'économiste de Pictet, Frederik Ducrozet, a expliqué que l'institution européenne possédait plusieurs outils et mécanismes de soutien pour répondre aux potentielles préoccupations des banques en matière de liquidités. Il a notamment évoqué un assouplissement des règles sur les garanties demandées aux banques. "Et la BCE pourrait réfléchir à deux fois avant de mettre fin aux opérations de refinancement à long terme [TLTRO et LTRO, NDLR]", a-t-il ajouté.
Ces interventions des banques centrales comportent-elles des risques pour les citoyens de leur pays?
"Il existe un risque pour les contribuables américains et suisses mais il est extrêmement limité dans la mesure où les interventions de la Réserve fédérale et de la BNS visent à adresser un risque de liquidité et non de solvabilité. Il s'agit d'apporter des liquidités à des établissements à court terme le temps que l'horizon financier s'améliore et que les banques puissent se refinancer à nouveau dans des conditions normales sur le marché", répond Louis Harreau, économiste en charge du suivi de la Banque centrale européenne, chez Crédit Agricole CIB.
"On peut par ailleurs supposer que ce faible risque pour le contribuable est inférieur au coût qu'aurait provoqué l'absence d'intervention de ces banques centrales", conclut-il.