(BFM Bourse) - S'il est très difficile de prédire l'avenir, il est en revanche possible d'identifier les tendances à venir sur certains secteurs d'activité. Credit Suisse a relevé six "super-tendances" d'investissement pour les années à venir. Le document intitulé "Supertrends 2022" offre aux investisseurs des opportunités à long terme dans des secteurs qui devraient enregistrer une forte croissance.
Cinq ans après leur lancement, les Supertrends - ou tendances d'investissement à long terme - de Credit Suisse continuent de se concentrer sur les tendances sociétales à long terme et pluriannuelles susceptibles de créer des opportunités de croissance rapide des entreprises. Les entreprises présentant un fort potentiel de croissance future sont liées aux thèmes suivants : "sociétés anxieuses", infrastructures, technologie, économie des seniors, valeurs des millennials et changement climatique. Parmi celles-ci, seul le thème du changement climatique ne figurait pas dans le premier rapport Supertrends, publié en 2017 par le Credit Suisse.
Pour établir sa liste de ses tendances d'investissement à long terme, Credit Suisse s'est basé sur les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD). Ce nouveau cadre aidera les investisseurs à hiérarchiser leurs placements en fonction de leur objectif, qu’il s’agisse par exemple de lutter contre le changement climatique (ODD 13), de réduire les inégalités (ODD 10), de promouvoir la croissance économique et un travail décent pour tous (ODD 8) ou de favoriser la santé et le bien-être (ODD 3).
La récente volatilité des marchés liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’a pas significativement affecté la conviction de long terme sur l’ensemble des Supertrends, malgré la tendance de certains catalyseurs à court terme à favoriser certaines grandes tendances identifiées par les experts de la banque suisse. En 2021, les super-tendances "Infrastructure" et "Changement climatique" ont pour Credit Suisse particulièrement bénéficié de projets d’infrastructure à grande échelle, ainsi que du soutien politique en faveur de l’action climatique lors d’événements clés tels que la COP26.
Cette année en revanche, les investisseurs doivent selon Credit Suisse s’attendre à une baisse des rendements, étant donné que les sociétés et les consommateurs luttent avec une inflation à son plus haut niveau depuis des décennies. "Nous avons conçu nos Supertrends pour transcender les cycles économiques et offrir aux investisseurs des opportunités de placement en actions sur plusieurs années", explique Michael Strobaek, Global Chief Investment Officer de Credit Suisse.
Les sociétés "anxieuses" pour répondre aux maux sociaux
La première tendance sélectionnée par le Credit Suisse concerne les entreprises dites "anxieuses". Elle aborde les inégalités, notamment en matière d’accessibilité du logement, de l’éducation, des soins de santé et de la sécurité personnelle. Les sociétés identifiées par les équipes de gestion de Credit Suisse ont ainsi un impact positif sur la société et ont vocation à soulager les maux sociaux.
Les entreprises qui contribuent à réduire les coûts des besoins fondamentaux tels que la nourriture et le logement, qui encouragent la requalification/le développement des employés ou qui proposent des solutions en matière de sécurité personnelle, d'hygiène et de cybersécurité, sont à surveiller pour Credit Suisse. "La récente poussée d’inflation a donné lieu à de nouvelles difficultés d’accessibilité, surtout en matière de logement et d’alimentation, ouvrant la voie aux sociétés capables de relever ces défis" soulignent les experts de la banque suisse.
"Les tensions géopolitiques du début d’année ont remis le sous-thème 'Sécurité personnelle” de notre Supertrend 'Sociétés anxieuses' au premier plan. La cybersécurité notamment reste une conviction centrale, tout comme les sous-thèmes 'Accessibilité' et 'Sécurité de l’emploi' ", ajoutent-ils.
Autre "super tendance" identifiée par Crédit Suisse, la montée en puissance des entreprises du secteur des infrastructures. L'année 2022 devrait être le point de départ d'un "boom pluriannuel" dans un segment qui devrait être stimulé par l'augmentation des dépenses publiques consacrées aux nouveaux programmes d'infrastructure aux États-Unis et en Europe. Credit Suisse rappelle en ce sens le plan d’infrastructure de 1200 milliards de dollars adopté par le Congrès américain en novembre 2021. Axé sur la modernisation des transports, ce programme devrait bénéficier aux entreprises de construction. "L’inflation est un facteur plutôt positif pour le secteur des infrastructures, car les contrats des sociétés de transport et des services d'approvisionnement en eau/gaz/électricité réglementés contiennent une clause d’indexation des prix (liée à l’indice des prix à la consommation ou à une mesure de l’inflation spécifique au secteur)", note Credit Suisse.
Les valeurs technologiques et le vieillissement de la population
Pour les valeurs technologiques en revanche, l'inflation est loin d'être une bénédiction. Elle a été la cause de la récente déroute boursière sur le compartiment technologique. Malgré ces vents contraires, Credit Suisse estime que la révolution numérique est "loin d’être terminée." L'émergence de nouveaux mondes numériques comme le métavers seront, aux yeux des experts, générateurs de nouvelles opportunités. "Les investissements dans le marketing numérique, la production, les ventes et la distribution dans le métavers devraient augmenter avec la population de ce monde virtuel", explique Credit Suisse.
Les entreprises qui produisent des logiciels ou sont liés au déploiement de la 5G, à l'intelligence artificielle, à la réalité virtuelle et au métavers précédemment cité, restent des paris à long terme pour la banque suisse. Les générations Y et Z intégreront de plus en plus le métavers dans leurs activités quotidiennes, prédit Credit Suisse qui table également sur l'essor des sociétés proposant des solutions pour la confidentialité et la protection des données, les consommateurs étant plus conscients de leur importance.
Le vieillissement de la population mondiale est aussi une des grandes tendances identifiées par Credit Suisse. Le nombre de seniors devrait doubler, pour atteindre plus de deux milliards de personnes en 2050. Cette évolution démographique va créer de la demande mais sera également source de défis pour les experts de la banque suisse. Les principaux changements devraient se produire sur les marchés de l'immobilier, de la santé, de l'assurance et de la consommation...
Parmi les acteurs à surveiller, Credit Suisse se penche notamment sur les sociétés biopharmaceutiques, de technologie médicale et des sciences de la vie qui traitent les troubles affectant les personnes âgées avec des produits innovants (thérapies à ARN ou les conjugués anticorps-médicaments), les prestataires et opérateurs de logements pour seniors "bien gérés". Les gérants citent également les sociétés d’assurance maladie et d’assurance-vie, les conseillers en gestion de patrimoine privé et les gestionnaires de fortune ayant un solide pouvoir de négociation des prix mais aussi les sociétés de biens de consommation axées sur les besoins de base et les souhaits spécifiques des seniors (sociétés de tourisme, fabricants de produits de beauté).
"Les seniors sont un groupe de consommateurs puissant, au pouvoir d’achat important, qui reflète l’accumulation de richesse au cours de leur vie ainsi que les héritages reçus autour de l’âge de la retraite, un autre effet de l’augmentation de la longévité", relèvent les experts de Crédit Suisse.
L’intérêt de la nouvelle génération pour le métavers et la transition énergétique
À l'autre extrémité de la pyramide des âges, les entreprises qui offrent des services en phase avec les valeurs et les nouvelles habitudes de la population plus jeune (génération des millennials) ont la préférence des gérants de Credit Suisse. Pour eux, la jeune génération est prête à intégrer le métavers dans ses activités quotidiennes et va bouleverser les secteurs de la vente, de la publicité, des médias mais aussi le secteur financier. Les entreprises en phase avec les valeurs du plaisir, de la santé et des loisirs des millennials tournées vers les marchés émergents, tant des marques mondiales que chinoises, ont la préférence des gérants de Credit Suisse.
Les entreprises qui savent tirer parti de la conscience écologique de certains millennials ont également été intégrées dans la sélection de Credit Suisse. Ces sociétés évoluent dans des domaines tels que la protection de la biodiversité et du climat, l’alimentation saine et durable, la consommation et la production responsables, l’énergie propre. Une récente enquête du Credit Suisse Research Institute révèle en effet la forte préoccupation des jeunes consommateurs (en particulier dans les pays émergents) pour les questions environnementales.
D'ailleurs, Credit Suisse a intégré le défi lié au changement climatique dans ses Supertrends en 2020 après avoir observé une accélération des changements dans le comportement des consommateurs, les processus de production des sociétés et les actions engagées par les gouvernements pour freiner le changement climatique.
Le thème du changement climatique rassemble des entreprises leaders dans les énergies renouvelables (éolien, solaire, eau, etc.) et autres fournisseurs de technologies de production et de stockage d’électricité sans émissions de CO2, ou bien des sociétés maîtrisant la technologie de captage du carbone et œuvrant à l’amélioration des capacités de production d’hydrogène bleu et vert. Les entreprises de transformation de viande à faible émission de gaz à effet de serre, ainsi que les fournisseurs de produits alimentaires végétaux, sont elles aussi dans la sélection de Crédit Suisse.
Pour la banque, la récente hausse des prix de l’énergie devrait contribuer à court terme, à l’abandon des carburants fossiles pour la production d’électricité et le transport. "Le système alimentaire mondial, responsable de plus de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), est également en phase de réduction de son empreinte carbone et offre des opportunités à long terme à un vaste éventail de secteurs", ajoutent les experts.
Sabrina Sadgui