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Marché : Ces entreprises qui ont une deuxième vie en Bourse

dimanche 18 décembre 2022 à 12h00
Les retours en Bourse, une démocratisation à venir?

(BFM Bourse) - Les entrées en Bourse sont monnaie courante, tout comme les retraits de cote. Mais cette dernière opération n'est pas irréversible. Les retours de sociétés sur le marché après en être sorties une première fois existent, même si les cas sont rares. Quelles sont les raisons de ces retours sur les marchés actions?

Comme les chats, les entreprises peuvent avoir plusieurs vies… sur les marchés financiers. Si les entrées en Bourse sont monnaie courante, les retours de sociétés sur le marché après en être sorties une première fois sont plutôt rares. Ces opérations plutôt méconnues du grand public s'appellent "Public to Private to Public Again" ou "P2P2P" dans la langue de Shakespeare. Une telle opération ne se fait évidemment pas concomitamment au retrait. Généralement, quelques années s'écoulent entre la sortie de la cote et la "réintroduction" en Bourse.

Le retrait de la cote ne doit pas être perçu comme une sanction par les observateurs. Après quelques années d’admission sur le marché, les fonds d’investissement ou les actionnaires historiques de la société cotée prennent conscience de la perte d’intérêt de la cotation, sans pour autant que la viabilité et la solidité de l’entreprise ne soit remise en cause.

Les raisons d'un retrait de cote sont multiples: baisse du cours de l’action avec ou sans lien avec les fondamentaux de la société, règlementation lourde ou inadaptée, coût d'une présence en Bourse trop lourd à supporter. La méconnaissance ou l'incompréhension des métiers de la société par les investisseurs ou l'impossibilité pour l'entité de se financer correctement sur le marché sont les raisons évoquées pour un retrait de la cote.

Pour vivre heureux, vivons cachés

Une fois l'entreprise revenue dans "l'anonymat", l'actionnariat et/ou la direction de l'entreprise auront les coudées franches pour piloter une restructuration, ou un changement stratégique. La phase de mue peut durer plusieurs années. Elle est susceptible d'entraîner une augmentation de l’endettement de la société, notamment pour financer la croissance externe ou interne, les recrutements de talents et investissements indispensables au repositionnement de l’entreprise, etc.

"Une fois cette étape réussie, la société peut se retrouver dans une situation favorable, affichant des résultats et performances supérieurs à ses comparables cotés ce qui la rend (ré)éligible à une introduction en Bourse", note Thomas Hornus, associé chez EuroLand Corporate. Pour le spécialiste, les retours de sociétés sur les marchés financiers peuvent donc présenter des avantages non négligeables pour les actionnaires. Ce nouveau statut permet à la société d'attester qu'elle a atteint un stade de maturité suffisant pour revenir auprès des investisseurs avec de nouvelles ambitions ou sur des marchés différents de ceux sur lesquels elle était positionnée avant sa première cotation. Cette nouvelle vie sur les marchés financiers sera mieux négociée par la direction ou les actionnaires de la société en question, "ayant déjà connu le statut de société cotée, les écueils du passé sauront être évités" explique Thomas Hornus.

General Motors: le cas d'école

Parmi ces retours en Bourse emblématiques, difficile de faire l'impasse sur celui de General Motors. L'ex-fleuron industriel a retrouvé le chemin de la Bourse en 2010, et signait à l'époque la plus grosse introduction en Bourse de l’histoire des Etats-Unis. Ce retour sur les parquets de Wall Street est intervenu un peu plus d'un an après son sauvetage par le gouvernement américain. Le groupe de Détroit avait accumulé pour près de 90 milliards de dollars de pertes entre 2005 et 2008, frappé de plein de plein fouet par la crise de 2008. A cette époque, le géant perdait 100 millions de dollars par jour. Depuis sa restructuration, c'est un General Motors qui tourne à plein régime. Mi-novembre, General Motors a rehaussé ses estimations de génération de trésorerie libre pour 2022 et affiché de belles perspectives à moyen terme, tablant notamment sur une rentabilité dans les véhicules électriques d'ici 2025.

Autre exemple avec le géant des ordinateurs Dell mais pour des raisons différentes. Le fabricant texan avait décidé de quitter la Bourse, fragilisé par des ventes de PC déclinantes en raison de la concurrence des smartphones. Cette vie loin des projecteurs de la Bourse aura duré près de 5 ans puisqu'en décembre 2018, Dell revient à Wall Street plus restructuré que jamais. Dans l'intervalle, Dell s'est offert VMware en 2016, société spécialisée dans le cloud, domaine qui a le vent en poupe.

De son côté, l'empire hôtelier Hilton a fait un retour triomphal à Wall Street en décembre 2013, six ans après avoir été racheté par le fonds d'investissement Blackstone dans le cadre d'un LBO de près de 27 milliards de dollars.

Source : EuroLand Corporate

En France, quelques (rares) entreprises ont fait des allers-retours à l'image de Dell, General Motors ou Hilton. On peut citer Elior qui a fait son retour en Bourse en 2015, après avoir été sorti de la cote par les fonds Charterhouse et Chequers Capital en 2006. De son côté, Labeyrie, le poids lourd de l'industrie agroalimentaire, a connu une nouvelle vie boursière de 2004 à 2009 à Reykjavik en Islande, après 3 années de cotation (entre 1999 et 2002) sur le second marché, l’ancêtre de l'Eurolist d'Euronext. En 2016, la société avait même évoqué l’idée de retenter l’aventure boursière avant de mettre quelque temps plus tard ce projet en sommeil.

Une alternative crédible aux LBO secondaires

Pour Thomas Hornus, un P2P2P offre ainsi aux actionnaires "une liquidité nouvelle et une solution de sortie partielle ou totale de l’investissement, particulièrement si les efforts mis en œuvre tout au long de la vie non cotée de l’entreprise ont permis une réintroduction sur une valorisation plus élevée que celle à laquelle la société a été sortie de la cote…" Dans le cas d'Elior, ce retour en Bourse a permis aux fonds Charterhouse et Chequers Capital - qui étaient à l'origine du retrait de cote d'Elior - de sortir partiellement du capital du spécialiste de la restauration collective.

En ce qui concerne Hilton, le retour sur investissement a manifestement été payant pour le géant du capital investissement. Une fois restructuré, et réintroduit en Bourse, Blackstone aura récupéré près de 15 milliards de dollars au total après des cessions réalisées au fil de l'eau entre 2013 et 2015. Le fonds et ses co-investisseurs avaient mis sur la table 6,5 milliards de dollars de fonds propres lors de l'opération de 2007.

Après 18 retraits de cote en 2020, 22 en 2021 et 18 à ce jour en 2022 sur les marchés Euronext réglementé et Euronext Growth à Paris, Euroland Corporate considère que la réintroduction en Bourse de sociétés restructurées s'impose désormais comme une véritable alternative aux leverage buy out (ou LBO) secondaires. Ce mouvement de P2P2P pourrait ainsi connaître un nouveau souffle dans les 3 à 5 années à venir, "permettant une redynamisation du marché par la réintroduction de sociétés restructurées, susceptibles de maximiser l’intérêt de leur cotation" conclut le spécialiste.

Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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