(BFM Bourse) - Alimenté par le torrent de liquidités déversées sur le marché par les banques centrales, le marché mondial des introductions en Bourse a battu des records de montants levés au cours des six premiers mois de l'année 2021, malgré une certaine accalmie sur le front des SPACs.
Record semestriel explosé et record annuel en vue en termes de montants levés sur le marché des introductions en Bourse, qui connaît un brusque coup de chaud en ce début d'année 2021. Attirées par les conditions de marché favorables, les indices à travers le monde évoluant tous à -ou proche de- leur record historique, les entreprises n'ont clairement pas hésité à se lancer, également aidé par le biais accommodant des banques centrales, qui n'ont pas réduit leur rythme de rachat d'actifs, déversant toujours des sommes astronomiques sur les marchés mondiaux.
Un montant record de près de 350 milliards de dollars a été levé lors d'introductions en bourse au cours des six premiers mois de cette année, selon des données compilées par Bloomberg, dépassant le précédent pic de 282 milliards de dollars atteints... au semestre précédent. L'activité du premier semestre 2021 surpasse d'ailleurs celle de l'ensemble de l'année précédente, au cours de laquelle 1.591 entreprises avaient récolté 331 milliards de dollars (+42% par rapport à 2019), selon les données du rapport annuel publié par le cabinet Baker McKenzie.
Le marché semble ainsi en bonne voie pour établir un nouveau record absolu et ainsi effacer des tablettes celui de 2007 à 420 milliards de dollars.
Lorsque la ruée vers les introductions en bourse a démarré l'année dernière, les valeurs "stay-at-home" avaient mené la danse, profitant de l'intérêt des investisseurs pour les sociétés à vocation technologique. La tendance avait par ailleurs été alimentée par l'émergence d'un phénomène, celui des SPAC, ces coquilles vides qui lèvent des fonds avec pour seul objectif d'acquérir ensuite une société non cotée. Cette année, alors que les actions poursuivent leur chasse aux records, la tendance s'est élargie pour inclure -notamment- des sociétés liées aux énergies renouvelables ou des spécialistes du commerce en ligne, constate Bloomberg. Parmi les plus grosses levées de fonds (à ce stade) de l'année, on retrouve ainsi la holding chinoise Kuaishou Technology (6,2 milliards), spécialisée dans les services de streaming en direct et de marketing en ligne, ou le plus grand commerçant en ligne sud-coréen Coupang (4,2 milliards).
"Les marchés, de New York à Hong Kong, se sont enflammés au premier semestre de cette année et ont même laissé dans le rétroviseur l'époque du boom des "dotcoms" de la fin des années 90", constate Aaron Arth, responsable du pôle financement de Goldman Sachs pour l'Asie interrogé par Bloomberg. Et ce n'est probablement pas fini. "Le boom des introductions va probablement se poursuivre au cours des six à douze prochains mois", estime ainsi Rob Leach, responsable européen des marchés des capitaux propres chez Jefferies, tandis qu'on estime du côté de Deutsche Bank qu'il existe "un certain degré d'incertitude quant à la durée de la fête, mais nous nous attendons à un troisième trimestre très actif", avec un grand nombre d'entreprises qui s'apprêtent à débarquer sur les marchés après l'été, avance Saadi Soudavar, coresponsable des marchés des capitaux propres pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique chez Deutsche Bank.
À noter que ce montant faramineux (près de 350 milliards de dollars) a été levé alors que le phénomène des SPACs se tarit déjà quelque peu. Alors que ce type d'opérations représentait près de la moitié de l'ensemble des fonds récoltés par les entreprises introduites au premier trimestre, cette part a chuté à environ 13% au deuxième trimestre.