(BFM Bourse) - Alors que la Grèce est sortie de la tutelle de la troïka, la Bourse d'Athènes est toujours très loin de ses niveaux d'avant crise.
La Grèce vient de sortir lundi officiellement de son troisième plan d'aide après huit ans de sacrifices, mais la tâche semble encore herculéenne pour le pays, voire quasiment impossible à surmonter. La dette continue à légèrement augmenter, à 180% du PIB. Le FMI la juge d'ailleurs insoutenable et celle-ci ne semble jamais se combler, tel le tonneau des Danaïdes.
24 milliards d'euros de réserves
Au total, sur huit ans, ce sont 289 milliards d'euros qui auront été prêtés à la Grèce en trois plans d'aides, en 2010, 2012 et 2015. Si Athènes sort de son dernier plan d'aide, en cas de force majeure et de difficultés pour emprunter sur les marchés d'ici 2020, elle disposera toujours de 24 milliards d'euros de réserves.
A cette occasion, Alexis Tsipras s'est rendu à Ithaque, en mer Ionienne, point de départ et de retour d'Ulysse dans l'Odyssée d'Homère, pour annoncer "qu'un nouveau jour s'est levé" pour la Grèce. A court terme, la Grèce a déjà fait un premier retour sur les marchés l'année dernière et ne devrait pas avoir de difficultés dans les prochains mois. Mais le pays est loin d'être tiré d'affaire. Le risque est même d'aller de Charybde en Scylla.
Un chômage toujours endémique
La situation économique reste en effet très préoccupante. Certes la croissance du PIB est de retour : +1,7% en 2017, +1,9% attendus cette année et +2,3% prévus pour 2019. Mais le PIB de la Grèce est en toujours en repli de près de 25% en huit ans. En outre, le taux de chômage, s'il baisse lentement, est toujours très élevé, à 19,8% contre 5,3% en moyenne dans l'OCDE.
En outre, si elle n'est plus sous tutelle, Athènes aura bien du mal à tenir les objectifs fixés par ses créanciers. Un plan d'économies supplémentaires de 5,1 milliards d'euros pour 2019 et 2020 est prévu. Et surtout, le pays doit maintenir un surplus budgétaire de 3,5% jusqu'en 2022, puis de 2,2% jusqu'en... 2060.
La Bourse d'Athènes perd encore 12% depuis janvier
Si la situation du pays se détériorait, avec une récession ou même une croissance proche de 0, la situation deviendrait rapidement intenable, et pourrait nécessiter dans quelques années un nouveau plan d'aide.
En ce qui concerne la Bourse grecque, la situation n'est pas glorieuse non plus. Sur 10 ans, l'indice Athex Composite est toujours en baisse de 78%, en étant passé de 3336 à 705 points au cours de la dernière décennie. Il a certes rebondi de plus de 65% par rapport à ses plus bas de 2016 à 420,82, mais il perd 12% depuis le début de l'année, et se situe actuellement proche de ses plus bas annuels, à 705 points.
Le marché semble donc rester pour le moins sceptique, voire anxieux face à la situation du pays pour les prochains mois, voire les prochaines années. D'autant que le contexte européen reste délicat, avec la crise qui touche la Turquie et les difficultés budgétaires et politiques en Italie.