(BFM Bourse) - L'action du concepteur de cartes graphiques a perdu 4,7% mardi, effaçant environ 80 milliards de dollars de capitalisation boursière. Le titre a été plombé par de nouvelles mesures de l'administration américaine pour limiter les ventes de puces graphiques à la Chine.
Nvidia a beau se classer au rang de sixième entreprise la plus importante au monde en termes de capitalisation boursière, elle reste soumise au risque politique et aux choix stratégiques de Washington.
La séance de mardi l'a bien démontré. Le spécialiste des processeurs graphiques, qui a vu son activité et son cours de Bourse (+200% depuis le début de l'année) être propulsés par l'essor de l'intelligence artificielle (IA) générative cette année, a abandonné 4,7%. Une chute qui a même atteint plus de 7% en début de séance, et qui a effacé environ 80 milliards de dollars de capitalisation boursière à la clôture.
En cause, un nouveau tour de vis dans la réglementation américaine qui vise à pénaliser les processeurs graphiques (GPU) que Nvidia vend à la Chine.
La chine représente 20% des revenus
Fin 2022, l'administration Biden avait pris une vague de mesures pour obliger les entreprises à obtenir le feu vert du département américain du Commerce pour exporter vers la Chine les semi-conducteurs les plus avancés. Le but étant de freiner la progression du pays dans les technologies d'intelligence artificielle (IA), notamment dans les applications militaires et scientifiques qui sont évidemment très sensibles sur le plan géopolitique.
Nvidia s'était alors adaptée en produisant des versions dédiées au marché chinois de ses puces pour l'IA, l'A800 et la H800, qui tombaient sous les seuils de performances minimums sur lesquels les restrictions s'appliquaient. Rappelons qu'au deuxième trimestre 2023, la Chine représentait environ 20% des revenus de Nvidia, pour un total de 2,74 milliards de dollars.
Mais l'administration américaine a décidé mardi de resserrer l'étau, en limitant davantage en matière de puissance les semi-conducteurs qui pourront être exportés à la Chine sans licence préalable. Ces nouvelles règles, qui ne visent certes pas nommément Nvidia, seront probablement encore mises à jour une fois par année pour empêcher toute faille, a expliqué la secrétaire du département au Commerce, Gina Raimondo, citée par Reuters.
L'objectif n'est pas de nuire à Pékin sur le plan économique mais de limiter l'accès de la Chine aux "semi-conducteurs avancés qui pourraient alimenter des percées dans le domaine de l'intelligence artificielle et des ordinateurs sophistiqués qui sont essentiels pour les applications militaires (chinoises)", a-t-elle déclaré.
Pas d'impact sur les finances à court terme
Dans une déclaration effectuée auprès de la SEC, le gendarme américain de la Bourse, Nvidia a indiqué que ses processeurs A800 et H800 tombaient sous le coup de cette nouvelle législation.
Ces nouvelles règles entreront en vigueur dans un horizon de 30 jours et "compte tenu de la forte demande pour nos produits dans le monde entier, nous ne pensons pas que (ces) restrictions supplémentaires auront un impact significatif à court terme sur nos résultats financiers", explique Nvidia. Le groupe fait effectivement face à un tel essor pour ses technologies qu'il parvient à vendre chaque processeur fabriqué.
Mais ces nouvelles restrictions "peuvent avoir un impact sur la capacité de l'entreprise à achever le développement des produits en temps voulu, à soutenir les clients existants ou à approvisionner les clients des produits couverts en dehors des régions touchées et pourrait obliger l'entreprise à transférer certaines activités en dehors d'un ou de plusieurs pays identifiés", poursuit la société.
"Bien que les restrictions n'affectent pas beaucoup les estimations à court terme, elles peuvent éroder les perspectives à long terme de Nvidia", a estimé Kunjan Sobhani de Bloomberg Intelligence.
Selon Bloomberg, Morgan Stanley a de son côté réduit son objectif de cours sur Nvidia citant un contrôle des exportations "draconien" de la part de l'administration Biden.