(BFM Bourse) - L'éditeur de logiciels professionnels a vu ses revenus progresser de 10% hors effets de changes au troisième trimestre et a dégagé un flux de trésorerie disponible en hausse de 44% sur un an. La société allemande relève plusieurs de ses objectifs.
La Bourse de Francfort ne possède pas pléthore de groupes de tech en Bourse. Mais la place allemande peut se targuer de compter dans ses rangs l'un des grands champions mondiaux du secteur: SAP.
Le spécialiste des progiciels pèse pour environ 250 milliards d'euros de capitalisation boursière et n'est pas très loin de devenir le premier groupe de tech en Europe, talonnant ASML (260 milliards d'euros), elle-même troisième capitalisation boursière du Vieux Continent.
La société basée à Walldorf a su au fil des années mener sa la migration de ses logiciels ERP (la planification des ressources fonctionnelles de l'entreprise, comme la comptabilité, les ventes, les ressources humaines ou encore les achats) vers le cloud (l'informatique dématérialisée).
Plus récemment, la société a pris à bras le corps le virage de l'intelligence artificielle générative. Début janvier, la société d'outre-Rhin a d'ailleurs annoncé une importante réorganisation centrée sur l'IA qui doit "affecter" (redéployer des effectifs ou provoquer des départs volontaires) entre 9.000 et 10.000 postes.
Cet accent mis sur l'IA et l'enchaînement de bonnes publications a permis à l'action de prendre 57% sur l'ensemble de 2024.
Et ce mardi le titre SAP grimpe encore, gagnant 3,4% à Francfort vers 15h00, l'action atteignant de nouveaux plus hauts historiques (223,20 euros en début de séance).
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L'IA porte le carnet de commandes
SAP a une fois de plus livré de bons résultats au titre de son troisième trimestre. Ses revenus totaux ont progressé de 10% hors effets de changes, tandis les revenus "cloud et logiciels" ont progressé de 11% contre 10% attendu par le consensus.
Le chiffre d'affaires réalisé dans le cloud, plus particulièrement, a bondi de 27% hors effets de changes, ce qui marque une accélération par rapport aux précédents trimestres, remarque Oddo BHF. Le sous-segment Cloud ERP a bondi de 34% sur un an hors effets de changes.
Le carnet de commandes dans le cloud a par ailleurs progressé de 29% hors effets de changes à 15,4 milliards d'euros.
"La croissance du chiffre d'affaires du cloud s'est remarquablement développée au cours du trimestre, en particulier pour notre suite ERP cloud (…) Une part importante de nos contrats cloud au troisième trimestre incluait des cas d'utilisation de l'IA", a déclaré le président du directoire, Christian Klein, dans le communiqué du groupe. Cité par Reuters, le dirigeant a précisé que 30% des contrats glanés dans le cloud au troisième trimestre présentaient ces cas d'utilisation dans l'intelligence artificielle.
Au-delà de l'activité, les analystes soulignent aussi les bonnes performances de la société en termes de rentabilité.
SAP a dégagé un résultat opérationnel de 2,2 milliards d'euros, en hausse de 28% sur un an en données non-IFRS tandis que son bénéfice par action a progressé de 15% à 1,24 euro. Le résultat opérationnel a dépassé le consensus de 10% selon Stifel et le bénéfice par action de 6%. Oddo BHF note que cette bonne performance s'explique à la fois par la bonne rentabilité des services cloud et un contrôle des coûts facilité par le plan de transformation lancé en janvier.
Un cash qui dépasse toutes attentes
Dernier point important: la génération de cash, critique pour investir, acquérir des sociétés ou rendre du cash aux actionnaires. SAP a dégagé un flux de trésorerie disponible de 1,25 milliard d'euros au troisième trimestre, en hausse de 44% sur un an.
Stifel note que cette génération de cash a déjoué toutes les attentes puisque le consensus anticipait un flux négatif de 157 millions d'euros. La société a absorbé sans souci un décaissement de restructuration de 300 millions d'euros grâce à l'amélioration de sa rentabilité et à de moindres charges d'impôts. Sur neuf mois, le flux de trésorerie libre a progressé de 47% à 5 milliards d'euros soit presque autant que sur l'ensemble de 2023 (5,09 milliards d'euros)
SAP a relevé plusieurs de ses objectifs pour 2024. Le groupe allemand table sur une croissance de son segment "logiciels et cloud" de 10% à 11%, contre 8% à 10% précédemment, sur un résultat opérationnel situé entre 7,8 milliards et 8 milliards d'euros, contre 7,6 milliards à 7,9 milliards d'euros auparavant et sur un flux de trésorerie disponible compris entre 3,5 milliards d'euros et 4 milliards d'euros, contre environ 3,5 milliards d'euros auparavant.
La génération de cash devrait en effet tomber dans le rouge au quatrième trimestre, en raison d'une hausse des charges de restructuration et d'un impact négatif de la variation du besoin en fonds de roulement.
Toutefois, Oddo BHF qualifie ce relèvement de perspectives de "logique et même prudent". Une prudence que la société justifie en invoquant l'environnement macroéconomique incertain.
"SAP a annoncé une nouvelle série de résultats solides et rassurants pour le troisième trimestre, en dépit d'une conjoncture difficile", conclut néanmoins Stifel.
"Il s'agit d'une nouvelle excellente performance de SAP, qui continue de s'inscrire à contre-courant de la tendance macroéconomique grâce au cycle de mise à niveau vers S/4 Cloud (une suite de logiciels ERP, NDLR) et qui bénéficie pleinement du plan de restructuration annoncé en début d'année", abonde Oddo BHF.
Le bureau d'études reste toutefois à "neutre" sur la valeur en raison d'un potentiel de hausse jugé limité par le courtier. L'action devrait toutefois "continuer à bien se comporter dans les semaines à venir grâce à la bonne dynamique commerciale et à la visibilité offerte par la société pour les années 2024 et 2025", reconnaît Oddo BHF.