(BFM Bourse) - L'entreprise allemande, du même nom que son logiciel propriétaire de télémaintenance, s'est introduite à la Bourse de Francfort mercredi. L'opération a rapporté 2,2 milliards d'euros à son propriétaire, le fonds britannique Permira, ce qui en fait la plus grosse introduction de l'année (en termes de fonds levés) sur le Vieux Continent.
Teamviewer efface Traton, la branche poids-lourds de Volkswagen, des tablettes et s'adjuge le titre honorifique de plus grosse introduction en Bourse de l'année. Dans un contexte pourtant peu porteur au vu des incertitudes politico-commerciales, la société, allemande elle aussi, a fait ses premiers pas à la Bourse de Francfort mercredi matin. L'opération a rapporté 2,2 milliards d'euros à son propriétaire, Permira, qui a placé 42% du capital. Le fonds d'investissement britannique fait plus que doubler sa mise -tout en conservant une majorité des parts- puisqu'il avait mis la main sur Teamviewer en 2014 pour 870 millions d'euros.
La cotation de la société de Göppingen, dans le sud-ouest du pays, a débuté au prix de 26,25 euros, égal à son prix de souscription, avant de reculer jusqu'à 24,80 euros dans les premiers échanges. Ce prix d'introduction valorise Teamviewer 5,25 milliards d'euros.
Plus grosse opération européenne mais loin derrière Uber ou AB InBev
Teamviewer fait donc mieux que Traton, qui avait levé 1,56 milliard d'euros, via la cession par Volkswagen de 11,5% du capital de sa filiale de camions (MAN, Scania...). L'entreprise technologique allemande devance également la firme italienne spécialisée dans les paiements, Nexi, qui avait levé 2,1 milliards d'euros en avril.
En France, c'est l'ancienne filiale d'emballage en verre de Saint-Gobain, Verallia, dont l'introduction en Bourse a démarré lundi, qui devrait signer la plus grosse levée de fonds sur le marché parisien depuis 2017. Dans l'hypothèse d'un prix d'introduction dans le milieu de la fourchette, soit 28 euros par action, le leader européen de son secteur va lever entre 960 millions et 1 milliard d'euros, si l'option de surallocation est entièrement exercée.
À l'échelle mondiale, Uber devrait rester dans les annales comme la plus grosse opération de 2019, le groupe californien ayant levé pas moins de 8,1 milliards d'euros en mai dernier. En deuxième position, la filiale asiatique du plus grand brasseur mondial, AB InBev, a levé cinq milliards de dollars à la Bourse de Hong Kong mardi.
Deux milliards d'appareils connectés
Créée en 2005 au cœur du Bade-Wurtemberg, région industrielle qui abrite notamment Daimler, Bosch, Audi ou Heidelberger Druckmaschinen, Teamviewer fait partie des "licornes", ces start-up technologiques valorisées au-delà du milliard de dollars avant même leur introduction boursière.Très populaire dans les entreprises comme dans les foyers privés, la firme revendique plus de deux milliards d'appareils connectés et plus de 1,5 milliard d'identifiants dans le monde, qui utilisent le plus souvent gratuitement ses progiciels de maintenance à distance d'ordinateurs et de vidéoconférence. Son modèle comprend aussi une offre payante par abonnement (avec des offres de 9,90 euros à 124,90 euros par mois) pour les entreprises, avec 368.000 clients à ce jour, regroupant des centaines de millions d'ordinateurs.
"Les possibilités d'investissement dans des sociétés allemandes d'informatique à la fois grosses, liquides et d'envergure internationale ont jusqu'à présent été très limitées. Teamviewer est donc un atout pour ce type de valeurs en Allemagne", note Pascal Spano, analyste chez Metzler, joint par l'AFP.
Des conditions de marché délicates
Reste pour la licorne allemande à écrire une histoire boursière à succès, alors que cette première cotation intervient dans un climat maussade. Lors du troisième trimestre de l'année, le volume des émissions a reculé de 22% dans le monde, à 40,2 milliards d'euros, l'Europe enregistrant de son côté une baisse de 1% à 3,5 milliards d'euros en intégrant cette opération, selon une étude d'Ernst & Young publiée mercredi. "Les conditions difficiles du moment font que l'empressement est moindre pour se préparer à une introduction en Bourse", a indiqué à l'AFP Martin Steinbach , associé chez Ernst & Young.
Le marché allemand a d'ailleurs été particulièrement "sur la retenue" cette année, après un cru 2018 flamboyant (Siemens Healthinners, DWS...) et "nous ne prévoyons pas de reprise significative dans la première partie de 2020", ajoute Pascal Spano. Le quatrième trimestre étant le plus actif en termes d'arrivées sur la cote, "certains émetteurs pourraient nous surprendre (à Francfort) et risquer l'introduction en Bourse même avant Noël", veut néanmoins croire Martin Steinbach.
(avec AFP)