(BFM Bourse) - Les deux groupes de distribution ont livré des activités jugées robustes par les analystes. Mais leurs perspectives et les craintes sur l'économie britannique font trébucher Tesco à Londres tandis que Marks & Spencer chute.
Sale temps pour la distribution britannique en Bourse ce jeudi 9 janvier. Tesco et Marks & Spencer sont sanctionnés à Londres, et ce bien que les deux sociétés aient, chacune, fait part d'une activité solide.
Tesco abandonne 0,8% vers 15h20 après avoir perdu plus de 3% en début de séance, tandis que Marks & Spencer chute de plus de 7,6%.
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Pas de relèvement d'objectifs pour Tesco
Tesco a enregistré une croissance qualifiée de "robuste" par UBS sur son troisième trimestre, période achevée le 23 novembre. Ses ventes ont progressé de 3,8% au Royaume-Uni et de 2,8% en Europe centrale. Sur la période de Noël, soit les six semaines achevées le 4 janvier, ses revenus ont augmenté de 4,1% au Royaume-Uni et de 4,7% en Europe centrale. Selon UBS, les analystes tablaient sur une croissance de 3,6% au Royaume-Uni au troisième trimestre et de 4,1% pour la période de Noël.
Marks & Spencer a de son côté publié une croissance de 5,6% de ses ventes sur les 13 semaines achevées le 28 décembre. Deutsche Bank évoque une activité "robuste". "Dans l'alimentaire, il semble que les magasins et les gammes de produits premium se soient bien comportés pendant la période de Noël et que Marks & Spencer ait continué à prendre des parts de marché", commente la banque allemande.
Les perspectives des deux sociétés peuvent néanmoins faire froncer quelques sourcils. Tesco a confirmé tabler sur un bénéfice opérationnel ajusté des magasins d'environ 2,9 milliards de livres pour l'exercice 2024-2025.
Or "d'après nos conversations, certains investisseurs s'attendaient à ce que la cible de bénéfice soit légèrement revue à la hausse", note UBS. "Dans cette mesure, l'absence d'un tel relèvement peut être considérée comme légèrement décevante", conclut la banque suisse.
Hausse de contributions sociales
De son côté, Marks & Spencer n'a pas formulé de cible chiffrée. Le groupe s'est dit confiant pour la suite mais a souligné que "les perspectives de croissance économique, d'inflation et de taux d'intérêt (étaient) incertaines" et que le groupe devait "faire face à des coûts plus élevés en raison de l'augmentation bien documentée de la fiscalité".
"Les actions de Marks & Spencer ont été pénalisées par le ton sombre adopté dans la déclaration sur les perspectives. Bien que compréhensibles compte tenu de l'impact des changements fiscaux, de l'inflation galopante et des taux d'intérêt plus élevés à long terme, ces commentaires s'inscrivent dans le contexte actuel de morosité des perspectives économiques du Royaume-Uni", commente Russ Mould, d'AJ Bell.
Le directeur général de Tesco, Ken Murphy, a de son côté, déclaré aux analystes que la hausse des contributions sociales sur les rémunérations décidée par le gouvernement britannique coûterait à la société 250 millions de livres par an, rapporte Bloomberg.
Contexte de marché défavorable
Plus largement, la réaction du marché aux deux publications montre que "même si la confiance du marché sur le Royaume-Uni s'est considérablement affaiblie depuis la présentation du budget (du gouvernement travailliste NDLR ), cette faiblesse pourrait se poursuivre", juge Stuart Gordon, de Bloomberg Intelligence.
Pour Russ Mould, les investisseurs voient le marché "à moitié vide" et "s'emparent de la moindre trace de négativité" sur les deux publications.
"Le contexte plus large de l'augmentation des rendements des obligations britanniques et de l'effondrement de la livre ne fait rien pour améliorer le sentiment à l'égard des actions domestiques", ajoute-t-il.
Les rendements obligataires britanniques atteignent actuellement des niveaux inédits depuis 2008 tandis que la livre recule de 0,4% face à l'euro et de 0,5% face au dollar, après avoir déjà perdu, mercredi, 0,7% et 0,9%, respectivement, face à ces deux devises.
Ces réactions de marché traduisent des inquiétudes sur les finances publiques britanniques, avec potentiellement des économies à venir.
"La faiblesse de la livre sterling et du marché des gilts (obligations souveraines britanniques, NDLR) semble être la conséquence inévitable d'un budget mal accueilli", souligne Matthew Amis, d'abrdn.
"Nous pensons que madame Reeves (Rachel Reeves, la chancelière de l'Échiquier, équivalent du ministre des Finances, NDLR) aura enfreint ses propres règles budgétaires nouvellement élaborées lorsque l'OBR (un organe indépendant d'évaluation des finances publiques, NDLR) présentera ses prévisions actualisées à la fin du mois de mars", ajoute-t-il.