(BFM Bourse) - En nous basant sur companiesmarketcap.com, nous avons établi le classement des entreprises de défense avec la plus importante capitalisation boursière. La hiérarchie reste dominée par les États-Unis.
Avec le regain de tensions géopolitiques, la défense s'est retrouvée sur le devant de la scène, notamment en Bourse. En Europe, ce secteur est clairement le grand gagnant de ce début d'année.
L'indice Stoxx Europe Aerospace & Defense s'adjuge 29% depuis le 1er janvier. En excluant les actions de cet indice davantage exposées au civil qu'à la défense, Morgan Stanley calculait, dans une note publiée la semaine dernière, une progression moyenne de 68% sur une douzaine de valeurs (*).
Après de telles hausses, où se situent les groupes de défense européens cotés dans la hiérarchie mondiale? Quelles sont les entreprises du secteur avec les capitalisations les plus importantes?
Pour le savoir, nous nous sommes basés sur le classement établi par companiesmarketcap.com.
Notons toutefois qu'il est difficile de catégoriser une entreprise de défense. La plupart des groupes tirant des revenus issus des budgets militaires ont également des activités civiles. Boeing reste un acteur incontournable de la défense, mais ses autres métiers, tels que l'aéronautique civile et l'espace, sont bien plus importants. D'ailleurs, le classement de companiesmarketcap.com n'intègre ni Boeing, ni Airbus, les activités de défense ne constituant que 18% des revenus de la société européenne.
Nous avons donc pris ce classement et avons opéré des retraitements en sortant certaines sociétés dont les revenus liés à la défense représentaient moins de 40% du total. Ce qui nous a amené à exclure l'américain Honeywell (137,25 milliards de dollars de capitalisation boursière) ainsi que le français Safran, la défense ne constituant qu'environ 20% de ses revenus, selon les estimations de Bank of America.
Ce qui aboutit à la liste présentée dans l'infographie ci-dessous (**):
Un top 4 dominé par les États-Unis
In fine, la hiérarchie reste dominée par les États-Unis. L'américain Raytheon Technologies demeure le groupe de défense le plus important en Bourse avec une capitalisation de 177 milliards de dollars. Environ 54% de ses revenus sont tirés de la défense, ce qui comprend des radars, des capteurs, des moteurs, des missiles, notamment des missiles tomahawk.
Raytheon est suivi du célèbre Lockheed Martin (104 milliards de dollars), connu notamment pour ses avions de combat F16 et F35. Northrop Grumman pointe au troisième rang (74,1 milliards de dollars) et développe des produits tels que le bombardier F21, des munitions, de la cybersécurité ou encore des mitrailleuses. General Dynamics (72,64 milliards de dollars), qui conçoit par exemple des sous-marins nucléaires, des frégates ou des chars de combats, échoue au pied du podium.
Une autre société américaine figure dans ce top 10 à savoir L3Harris Technologies, huitième avec 39,2 milliards de dollars. Elle produit notamment des moteurs-fusées et des systèmes de communication militaires.
Le premier groupe européen est Rheinmetall (cinquième avec 61,5 milliards de dollars), la star de la Bourse de Francfort, qui conçoit notamment des blindés pour l'armée allemande et qui a vu son cours être multiplié par onze depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine. Vient ensuite le britannique BAE Systems (59 milliards de dollars), présent à la fois sur les systèmes aériens, terrestres et marins.
Seul vrai représentant de la défense sur le CAC 40, Thales arrive à la septième place (55 milliards de dollars).
L'indien Hindustan Aeronautics est neuvième avec une capitalisation boursière de 32,69 milliards de dollars.
L'ex-Finmeccanica Leonardo, qui collabore d'ailleurs avec Thales dans l'espace, clôture le top 10 avec 28,15 milliards de dollars.
Nous avons "triché" et nous sommes permis de mentionner dans l'infographie Dassault Aviation, le fabricant du Rafale, onzième avec 26,14 milliards de dollars.
Des groupes européens mieux valorisés
Si, donc, les entreprises de défense européennes reste moins grandes, en capitalisations, que leurs homologues américaines, sont-elles plus ou moins chères? Autrement dit, leurs actions s'échangent-elles avec des multiples boursiers plus ou moins généreux?
Dans une récente note, Jefferies remarquait que les titres européens de défense se traitaient désormais avec une prime de 40% par rapport aux actions des sociétés américaines du secteur, sur la base du résultat opérationnel attendu sur les douze prochains (avec un multiple autour de 17 pour les européens et autour de 12 pour les américains).
Si les groupes européens ont été portés en Bourse par les multiples annonces de hausses des budgets militaires en Europe, les américains ont, eux, pâti des craintes de réduction budgétaires au Pentagone, en lien avec les potentiels risques liés au DOGE ("Department of governement efficiency"), l'entité pilotée par Elon Musk et qui taille à la hache dans les dépenses fédérales.
Historiquement, les groupes de défense européens se traitent plutôt avec une décote par rapport à leurs pairs américains, en raison d'une rentabilité plus faible. "Bien que l'écart commence à se réduire, les marges des groupes de défense américains ont toujours été 1,5 fois plus élevées que celles de l'Europe", notait Goldman Sachs début mars. La banque américaine soulignait notamment les lourdes subventions américaines de R&D alors que "les entreprises européennes investissent leur propre capital".
(*) Renk, Köngsberg Gruppen, Rheinmetall, Leonardo, Qinetiq, Thales, Dassault Aviation, BAE Systems, Babcock, Hensoldt, Saab, Chemring
(**) Les capitalisations ont été arrêtées vendredi peu après la clôture européenne.