(BFM Bourse) - Le cours de Bourse de Trump Media Technology, entreprise qui chapeaute le réseau social Truth Social, a été divisé par près de trois depuis son plus haut atteint peu après son arrivée à Wall Street. La société affiche des comptes délétères et n'a guère été aidée par le retour de Donald Trump sur X.
Alors que Donald Trump croise désormais le fer avec Kamala Harris en vue de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, sa société de médias souffre à Wall Street.
Trump Media Technology Group (TMTG), qui chapeaute le réseau social "Truth Social" de l'homme d'affaires, était pourtant entré en fanfare sur la cote américaine, le 26 mars dernier, via sa fusion avec un SPAC, un véhicule d'investissement coté sans activités opérationnelles qui permet de faciliter les processus en matière d'introduction en Bourse. Le titre avait pris 16% puis 14% la séance suivante.
Mais très vite, la réalité a rattrapé l'action. TMTG a notamment chuté de plus de 20% début avril, après que plusieurs médias ont cité des documents enregistrés auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme américain de la Bourse, qui faisaient état de comptes financiers délétères. Selon ces mêmes documents, le cabinet d'audit chargé de certifier les comptes de la société soulignait que la situation financière de TMTG soulevait "un doute important quant à la poursuite de son activité".
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Des pertes qui représentent 200 fois le chiffre d'affaires
Les derniers résultats publiés par TMTG, le 9 août, attestent de l'extrême fragilité de ses finances. Sur les six premiers mois de 2024, l'entreprise n'avait dégagé que 1,6 million de dollars de revenus pour une perte nette de… 344 millions de dollars.
John Rekenthaler, analyste chez Morningstar, soulignait en avril que "tout le monde avait bien compris" que la société n'avait pas "de perspectives commerciales" importantes et donc que les investisseurs misant sur TMTG achetaient l'action davantage pour leur "connexion bien plus personnelle avec Trump". En clair, leur proximité politique avec le candidat républicain à la Maison Blanche.
Point intéressant: TMTG, dans le document compilant ses résultats et déposé auprès de la SEC, listait plusieurs risques. Parmi ceux-ci, le groupe rappelait les risques associés à la réputation de Donald Trump.
"En outre, le plan d'affaires de TMTG repose sur le fait que le président Donald J. Trump amènera ses anciens adeptes des médias sociaux sur la plateforme de TMTG (Truth Social donc, NDLR)", écrivait également l'entreprise.
Une valorisation déconnectée des fondamentaux
Donald Trump, qui possède plus de 57% de la société, n'a pas vraiment aidé sur ce point. L'homme d'affaires a accordé la semaine dernière un entretien exclusif à Elon Musk sur X (ex-Twitter), réseau social concurrent par essence de "Truth Social". Ce une journée après avoir fait son retour sur X, après un an d'absence.
Comme le souligne Bloomberg, cette apparition sur X a constitué "le dernier vent contraire" qu'a dû subir son propre réseau social. "L'un des arguments des investisseurs en faveur de l'achat de Trump Media a été que s'il gagnait en novembre, il utiliserait sa plateforme Truth Social comme un mégaphone depuis la Maison Blanche", souligne l'agence.
L'action a reperdu 5% le jour de l'entretien accordé à Elon Musk. Par la suite, Donald Trump a déclaré, lundi, qu'il songeait à confier un poste au patron de Tesla dans son administration. Autrement dit, il collaborerait avec le propriétaire d'un des plus importants concurrents de son propre réseau social. TMTG a encore perdu du terrain en Bourse.
Depuis son cours de clôture record atteint le 27 mars (66,22 dollars), l'action a été divisée par près de 3 (*) en l'espace donc de quelques mois.
Reste que que la valorisation en Bourse de TMTG, autour de 4,2 milliards de dollars, apparaît toujours déconnectée de ses fondamentaux. Bloomberg s'est d'ailleurs amusé à calculer que cette valorisation représente plus de 1.400 fois les revenus annuels de la compagnie. Nvidia, valeur chérie de Wall Street, se situe à… 40.
(*) Sur la base du cours arrêté jeudi soir.