(BFM Bourse) - La marque allemande premium a annoncé des résultats préliminaires 2024 en ligne avec les attentes. Mais ses perspectives pour 2025 ont des airs d'avertissement sur résultats.
Introduit en grande pompe à la Bourse de Francfort en 2022 au prix de 82,5 euros, Porsche AG a depuis connu une douloureuse sortie de route. Le constructeur allemand premium et filiale de Volkswagen évolue actuellement autour de 56-57 euros l'action, soit 30% de moins que son cours d'introduction.
La société a pâti de la comparaison avec Ferrari, dont le statut boursier reste à part, avec des doutes sur sa faculté à tirer les prix. Porsche a également, comme l'ensemble des constructeurs automobiles allemands, souffert en Chine, où ses volumes ont plongé de 28% en 2024.
La communication de l'entreprise, jeudi soir, n'aide guère à redorer son blason boursier. Le groupe allemand a pré-annoncé des résultats pour 2024 et livré ses perspectives pour 2025.
Ces annonces sont sanctionnées par les investisseurs, le titre Porsche AG perdant 5,6% en milieu d'après-midi à la Bourse de Francfort.
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Perspectives 2025 faiblardes
Sur la base de résultats préliminaires, la société indique sa marge de flux de trésorerie net de l'automobile avait dépassé 10% en 2024 et que son résultat opérationnel se situait dans le bas de ses précédentes indications (14% à 15%). Selon Stifel, le consensus attendait une marge de flux de trésorerie de 7,6% et une marge opérationnelle de 14,3%.
Bernstein note que ces indications sont cohérentes avec de précédents messages livrés plus tôt ce mois par la société. "Mais la sévère détérioration des perspectives de Porsche pour 2025 constitue une inquiétude", ajoute le bureau d'études.
Pour l'année en cours, Porsche AG table sur des ventes comprises entre 39 milliards et 40 milliards d'euros, une marge opérationnelle de 10% à 12% et une marge de flux de trésorerie net de l'automobile située entre 7% et 9%.
Or, selon UBS, le consensus s'établissait à 39,4 milliards d'euros pour les revenus de 2025, à 14,4% pour la marge opérationnelle et à 8,8% pour la marge de cash. La banque suisse évoque un "avertissement sur résultats".
Porsche a invoqué, pour justifier ces perspectives moroses, la "baisse des prévisions de ventes induites par le marché" et des dépenses supplémentaires, ayant un impact de 800 millions d'euros sur son résultat opérationnel. Porsche fait notamment référence à l'élargissement de son portefeuille de produits, en incluant des véhicules thermiques et hybrides rechargeables, des dépenses liées au développement des modèles et aux activités de batteries, ainsi que des coûts causés par des "ajustements d'organisation de l'entreprise".
Une stratégie à revoir?
"Si nous pensons que les 'ajustements à l'organisation de l'entreprise' ont un caractère ponctuel (et peuvent conduire à des réductions d'effectifs), nous considérons que tous les autres éléments relèvent du cours normal des affaires et font donc partie de la performance sous-jacente", remarque UBS. Autrement dit, les coûts signalés par Porsche n'ont, en grande partie, rien d'exceptionnels.
"Il y a moins d'un an, le directeur général Oliver Blume assurait au marché, lors de la publication des résultats de l'exercice 2023, que la fourchette de prévisions inférieure de 15%-17% pour 2024, récemment annoncée, n'était que transitoire et que Porsche reviendrait à son objectif de marge de 17-19 % en 2025", rappelle Bernstein.
"L'annonce de (jeudi soir) fournit un contexte supplémentaire" pour les limogeages abrupts du "directeur financier et directeur général adjoint Lutz Meschke et du chef des ventes Detlev von Platen qui ont été annoncées au cours du week-end dernier", déduit le bureau d'études.
UBS estime que maintenant que cette opération vérité a été effectuée et que certains membres de la direction (notamment le directeur financier) ont été limogés, la société a l'opportunité de remettre d'équerre son activité.
Ce qui devra s'accompagner d'"un ajustement de la stratégie produit avec des véhicules à moteur à combustion interne de nouvelle génération (nous attendons Cayenne, Panamera et Macan)", ajoute la banque suisse. "Toutefois, cela devrait prendre du temps (nous pensons jusqu'en 2027) et les investissements devraient rester élevés dans l'intervalle. Par conséquent, le renversement de la tendance négative des bénéfices n'est pas l'affaire de quelques trimestres seulement", prévient-elle.
"Au cours des derniers mois, nous avons analysé à plusieurs reprises que Porsche devrait passer par une phase d'ajustement volatile cette année, en ajustant sa capacité pour compenser la faiblesse de la Chine, en dépensant davantage pour les véhicules thermiques, en augmentant la part de personnalisation et en changeant de direction (…) l'entreprise a fait un grand pas en avant dans ce sens, mais malheureusement à un coût plus élevé que prévu", souligne de son côté Deutsche Bank.