(BFM Bourse) - Le groupe a livré une croissance en données comparables inférieure aux attentes au deuxième trimestre, pénalisée par une chute de ses ventes dans l'ensemble des pays européens.
Pandora a récemment connu un parcours boursier relativement enviable. Sur trois ans, son action affiche une progression de 67,4% soit davantage qu'Hermès sur la même période (+49%) ou, plus largement, que la quasi-totalité des groupes de luxe.
Certes, assimiler Pandora à l'univers du luxe peut prêter à débat, comme c'est le cas pour d'autres actions (L'Oréal, Essilorluxottica, Watches of Switzerland). Reste que plusieurs bureaux d'études, comme Royal Bank of Canada, Deutsche Bank ou HSBC, incluent le bijoutier danois dans ce secteur.
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Plus abordable, plus résilient
Pandora propose des articles à des prix plus abordables que les grands acteurs du luxe. Les prix de ses bracelets et colliers s'échelonnent entre 65 euros et 359 euros. Toutefois, au-delà de l'achat des bracelets ou des colliers à proprement parler, les clients du groupe personnalisent souvent leurs bijoux selon leurs goûts via les fameux "charms", des pendentifs valant plusieurs dizaines d'euros.
"À l'ère de 'l'élévation des marques', Pandora est fière d'être une marque de bijoux grand public. Ses prix abordables lui permettent de tirer parti de la principale évolution que nous observons actuellement sur le marché des bijoux, à savoir le passage des bijoux sans marque aux bijoux de marque, mais en s'adressant à une clientèle plus large", appréciait en mai Deutsche Bank.
HSBC écrivait le mois dernier que, dans un contexte de marché difficile pour les groupes de consommation discrétionnaire, Pandora avait mieux bravé la tempête que plusieurs de ses rivaux. "Nous pensons que Pandora offre une proposition de valeur attractive dans le segment des bijoux abordables, avec des collections bien structurées qui couvrent l'ensemble de la gamme de produits, au-delà des 'charms' et des bracelets", écrivait la banque sino-britannique.
Par ailleurs, avec 60% de ses ventes réalisées à l'occasion de fêtes (anniversaires, Noël, Saint-Valentin, fêtes des mères), le groupe danois a tendance à se montrer plus résilient en période de turbulences économiques.
Une croissance qui déçoit
Malheureusement pour ses actionnaires, ces qualités n'empêchent pas les (lourdes) déceptions. Ce vendredi 15 août, l'action Pandora s'effondre de 17% à la Bourse de Copenhague vers 14h45, après que le groupe a livré des résultats inférieurs aux attentes au titre du deuxième trimestre.
D'avril à fin juin, la société scandinave a généré des revenus de 7,08 milliards de couronnes danoises (environ 950 millions d'euros), en hausse de 8% en données organiques (hors effets de changes et de périmètre) et de 3% en données comparables (la croissance organique retraitée des récentes ouvertures de magasins).
Le groupe a livré une croissance inférieure aux attentes puisque, selon Royal Bank of Canada, le consensus (la prévision moyenne des analystes) tablait sur un taux de croissance de 4% en données comparables. UBS, de son côté, estime que les investisseurs espéraient plutôt une croissance autour de 5% en données comparables.
Pandora a pu compter sur le dynamisme de ses ventes aux États-Unis, son premier pays, avec environ 30% de son chiffre d'affaires. Ses revenus y ont progressé de 8% en données comparables au premier trimestre.
A contrario, la société danoise a souffert dans les pays européens, notamment au Royaume-Uni (-9%), en Italie (-8%), en France (-7%) et en Allemagne (-6%).
L'entreprise a évoqué "des conditions de marchés difficiles" dans l'ensemble de ces pays. Pandora a aussi expliqué avoir décalé au second semestre ses investissements dans les médias au Royaume-Uni. En France, la société a récemment lancé une campagne avec l'influenceuse Caroline Receveur pour dynamiser ses ventes.
Un mois de juillet en-deçà
Par ailleurs, le résultat opérationnel de l'entreprise s'est établi à 1,29 milliard de couronnes au deuxième trimestre, contre 1,34 milliard de couronnes un an plus tôt, soit 1% de moins que le consensus, observe Royal Bank of Canada.
Pandora a aussi prévenu que sa croissance avait ralenti sur le début du troisième trimestre, avec une progression de ses ventes en données comparables de seulement 2% sur le mois de juillet. Pas un bon démarrage dans la mesure où le consensus table sur une croissance de 4% au troisième trimestre, selon UBS. Pour la banque suisse, cette indication constitue "l'élément négatif clef de la publication".
Pandora a par ailleurs indiqué attendre un impact des droits de douane américains sur son résultat opérationnel de 200 millions de couronnes en 2025 puis de 450 millions de couronnes en 2026. L'essentiel des articles du bijoutier danois vendus aux États-Unis sont produits en Thaïlande ainsi qu'en Chine ou encore au Vietnam.
Dans une interview donnée à Bloomberg, le directeur général de la société, Alexander Lacik, a indiqué que Pandora comptait passer des hausses de prix pour atténuer ces impacts. "Les consommateurs américains vont devoir payer la facture", a-t-il déclaré.