(BFM Bourse) - Le fabricant de semi-conducteurs a livré des objectifs sans relief pour le trimestre en cours laissant les investisseurs sur leur faim. Le titre recule après avoir atteint des sommets historiques.
L'expression "Sept magnifiques" est désormais rentrée dans le langage courant. Pour rappel, ce terme, référence au film les "Sept mercenaires" ("The Magnificient Seven" en version originale) renvoie à Nvidia, Microsoft, Amazon, Apple, Meta, Tesla et Alphabet.
Ces sept titres ont enregistré des progressions vertigineuses en 2023 et 2024, portant presque à elles seules la totalité du marché américain. Ces sept flibustiers de la tech ont pour beaucoup vu leurs résultats et leurs valorisations être catapultés par l'essor de l'intelligence artificielle (IA), notamment l'IA générative.
La question d'agrandir ce club VIP des cadors de Wall Street se pose parfois. Le candidat le plus souvent cité reste Broadcom, un fabricant de semi-conducteurs au même titre que Nvidia et AMD.
Certains intermédiaires financiers le considère donc parfois comme le "Huitième magnifique". D'autres, comme Deutsche Bank, font référence à l'acronyme "BATMMAAN", soit les Sept magnifiques auxquels s'ajoutent Broadcom, et une référence évidente au justicier de Gotham City.
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Une hausse de 360% sur un an
Braodcom a vu son action grimper de 85% sur un an et de 362% sur trois ans. Récemment le titre a atteint ses plus hauts historiques, mercredi.
Le succès boursier de Broadcom trouve, comme Nvidia, ses racines dans le boom de l'IA. Cité par investopedia, les analystes d'Oppenheimer parlent d'ailleurs de Broadcom comme de la "franchise numéro 2 de l'IA derrière Nvidia".
Les processeurs XPUs de Braodcom peuvent constituer une alternative aux GPU (processeurs graphiques) de Nvidia pour donner la puissance de calcul nécessaire au développement des grands modèles de langage d'IA (LLM), comme ChatGPT ou Gemini. Même si ces produits ne sont pas exactement les mêmes.
Le site spécialise KrAsia explique que les GPU de Nvidia constituent des puces pour des applications plus larges, et sont donc plus versatiles que les XPUs de Broadcom. Les XPUs sont, eux des circuits intégrés pour des applications spécifiques aux clients (ASIC en anglais) et sont donc davantage taillés pour des tâches précises. Dans les faits, les GPU sont plus appropriés pour l'entraînement des LLM, c'est-à-dire la phase où les modèles d'IA sont construits. Les XPUs sont, eux, plus pertinents pour "l'inférence", l'étape où les LLM sont déployés à grande échelle.
Sur Linkedin en début d'année, Rajansh Miglani, d'Eagle Global Advisors, expliquait que, par essence, les GPU sont plus coûteux que les solutions de Broadcom. "Ces derniers sont mieux adaptées aux charges de travail internes des grandes sociétés Internet/de cloud ainsi qu'à certains de leurs clients les plus sophistiqués", indiquait le spécialiste de marché.
Des attentes élevées
Dans tous les cas, Broadcom bénéficie à plein tube de la forte demande d'IA. Ses résultats, publiés jeudi 5 juin après la clôture de Wall Street, en attestent. Sur le deuxième trimestre de son exercice 2024-2025, achevé début mai, ses revenus ont progressé de 20% sur un an à 15 milliards de dollars, tandis que les seules activités liées à l'IA ont bondi de 46% à 4,4 milliards de dollars. Son bénéfice par action a lui progressé de près de 50% à 1,58 dollar contre 1,1 dollar un an plus tôt.
Selon un consensus LSEG cité par CNBC, les analystes attendaient des revenus de 14,99 milliards de dollars et un bénéfice par action de 1,56 dollar.
Toutefois, le titre Broadcom cède du terrain. En début de séance, l'action perd 3% à Wall Street, ce vendredi 6 juin. La faute non pas aux résultats à proprement parler, mais aux perspectives données pour le trimestre en cours. "Broadcom a livré des objectifs de revenus sans relief", écrit ainsi Deutsche Bank.
Pour le trimestre débuté début mai, la société a indiqué tabler sur des revenus de 15,8 milliards de dollars. Certes, le consensus était logé à 15,7 milliards de dollars. Mais Bloomberg rapporte que certaines projections étaient plus proches de 17 milliards de dollars. "Ces perspectives indiquent que les attentes des investisseurs concernant la croissance de Broadcom, alimentée par l'IA, étaient trop ambitieuses", en déduit l'agence de presse.
Bank of America, de son côté, suggère aux investisseurs "d'ignorer le bruit" liés aux résultats trimestriels. La banque américaine a réitéré sa recommandation à l'achat et relevé sa cible à 300 dollars (contre un cours actuel de 252 dollars).
"Broadcom reste dans le top 5 du secteur (les semi-conducteurs, NDLR) avec un profil mêlant revenus récurrents, cycliques et structurels et des risques de concentration limités sur les clients", fait valoir la banque.