(BFM Bourse) - Le géant Microsoft a fait part mardi de son projet de rachat d'Activision Blizzard, le géant américain du jeu vidéo à l'origine des séries Call Of Duty, Candy Crush ou World of Warcraft, en proie au scandale face à la multiplication des révélations de faits de harcèlement.
De longue date présent dans l'univers du jeu vidéo avec l'acquisition de la licence Flight Simulator dès 1982, où le groupe s'est particulièrement renforcé ces vingt dernières années depuis le lancement de la Xbox, le géant Microsoft a annoncé mardi une acquisition qui en fera de facto le nouveau numéro 3 mondial (derrière Tencent et Sony) : l'acquisition de l'éditeur californien Activision Blizzard.
Ce rachat vise à accélérer la croissance du groupe sur le marché du jeu vidéo (lequel progresse lui-même significativement plus vite que le reste de l'économie) au travers des plateformes mobiles, PC et consoles, ainsi qu'au travers du cloud computing , et à constituer un relais de croissance pour l'avènement du métaverse. Pour cela, Microsoft offre 95 dollars par action Activision Blizzard, ce qui valorise l'éditeur de World of Warcraft 68,7 milliards de dollars (trésorerie comprise), soit et de loin la plus importante acquisition jamais opérée par le groupe fondé par Bill Gates. D'ores et déjà avalisée par les administrateurs des deux sociétés, le rapprochement serait effectif en 2023 sous réserve des conditions usuelles et de l'aval des autorités de concurrence.
Activision Blizzard est notamment connu pour ses nombreuses franchises à succès comme Call of Duty, Warcraft, Diablo, Guitar Hero, Heroes of the storm ou encore StarCraft.
Le patron de Microsoft, Satya Nadella, a souligné que le jeu vidéo, qui est déjà le segment à plus forte croissance de l'univers du divertissement, devrait jouer un rôle prépondérant dans le développement des plateformes de métavers à venir. "Nous investissons aujourd'hui dans des contenus et une communauté d'envergure mondiaux, ainsi que dans le cloud, ouvrant la voie à une nouvelle ère qui place les joueurs et les créateurs au premier rang, et rende les jeux sûrs, inclusifs et accessibles à tous", a-t-il mentionné.
Une prime de 45%
Pour les actionnaires d'Activision Blizzard le prix offert représente une prime de 45% sur le dernier cours coté, mais se situe un peu en dessous du record historique de plus de 102 dollars touché début 2021. Depuis, le groupe issu de la fusion en 2008 entre Activision Publishing et la branche de jeux vidéos de Vivendi, Blizzard Entertainment, a fait l'objet d'une longue série d'accusations de harcèlements sexuels et de discriminations envers certains employés, entraînant des dizaines de mises à pied et la perte de plusieurs sponsors.
En juillet, une instance californienne (California Department of Fair Employment and Housing) a déposé plainte contre Activision Blizzard, reprochant au groupe d'avoir trop longtemps ignoré délibérément les comportements de harcèlement dénoncés par de nombreuses employées. Un article du Wall Street Journal a mis en évidence le fait que Bobby Kotick, toujours PDG actuellement, avait passé sous silence de nombreuses accusations dont il avait connaissance, y compris de viols dans certains cas. Une pétition demandant sa démission a été signée par près d'un cinquième des 10.000 salariés du groupe.
Dans son communiqué, Microsoft indique que Bobby Kotick continue à diriger l'entreprise pour le moment. Une fois l'acquisition concrétisée, la responsabilité de l'activité d'Activision Blizzard passerait à Phil Spencer, actuel patron de Microsoft Gaming.
L'annonce intervient huit jours après celle du projet de rachat du spécialiste des jeux mobile Zynga par Take-Two Interactive, le numéro trois américain de l'industrie.