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Les prévisions et le trimestre "monstrueux" de Nvidia calment les craintes d'une bulle de l'IA à Wall Street… pour le moment

Aujourd'hui à 08:17
Nvidia monte en Bourse

(BFM Bourse) - Le spécialiste des processeurs graphiques a livré des résultats et des prévisions supérieurs aux attentes et l'action a terminé en hausse de plus de 5% dans les échanges post-marché. Son directeur général, Jensen Huang, a lui-même écarté le risque d'une bulle dans l'intelligence artificielle. Mais est-ce que cela suffira à apaiser durablement les peurs du marché?

Dire que l'anxiété a gagné les investisseurs à l'approche des résultats de Nvidia relève de l'euphémisme. Le fabricant de semi-conducteurs incarne à lui seul ou presque l'incroyable envolée en Bourse de la thématique de l'intelligence artificielle (IA).

La demande pour ses processeurs graphiques (GPU), devenus indispensables pour donner la puissance de calcul nécessaire au développement des grands modèles de langage (LLM) d'IA comme GPT ou Llama, a dopé tant ses bénéfices que son cours, qui a pris près de 1.200% en trois ans.

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Des craintes de bulles au sommet

Mais depuis plusieurs semaines, le doute a envahi Wall Street. Le marché a froncé les sourcils à la vue de valorisations tendues dans la tech américaine et des dépenses d'investissement ("capex") massives des "hyperscalers" (Amazon, Microsoft, Oracle, Alphabet) dans les data centers et l'IA, à coups de dizaines voire de centaines de milliards de dollars.

Les nombreuses annonces de contrats entre quelques acteurs du secteur, avec très souvent OpenAI au centre de l'équation, ont également alimenté les craintes d'une circularité du système, où les frontières entre clients et fournisseurs deviennent poreuses.

Selon une enquête mensuelle de Bank of America dont la dernière mouture a été publiée mardi, 45% des gérants de fonds sondés ont jugé en novembre qu'une bulle de l'IA constituait le plus grand risque pour Wall Street, contre 33% en octobre et un peu plus de 10% en septembre.

Autre point saillant: pour la première fois depuis août 2005, les investisseurs jugent en majorité que les entreprises "surinvestissent" à l'heure actuelle. "Cette hausse s'explique par les inquiétudes liées à l'ampleur et au financement du boom des dépenses d'investissement dans l'IA", constatait Bank of America.

Pour ne rien arranger, plusieurs investisseurs clef ont pris leurs bénéfices ou envoyé des signaux inquiétants. Michael Burry, le célèbre gérant de fonds qui a gagné des centaines de millions de dollars en anticipant la crise des subprimes, a acheté des "put", des options misant sur une baisse d'un titre, sur les actions Nvidia et de Palantir, une autre star de l'IA. Burry a, certes, liquidé son fonds quelques semaines plus tard. Mais l'investisseur continue d'envoyer régulièrement des piques sur les groupes de la tech américaine pour convaincre le marché d'une survalorisation de ces sociétés.

Softbank a de son côté pris ses bénéfices en cédant sa participation dans Nvidia. Des documents boursiers ont révélé cette semaine que le milliardaire de la tech, Peter Thiel, avait fait de même au troisième trimestre.

Autant d'éléments qui pouvaient suggérer que les beaux jours de la tech en Bourse et de l'action Nvidia étaient bientôt dans le rétroviseur.

"Make or break"

Dans ce contexte, les Cassandre prédisaient que des résultats trimestriels décevants de Nvidia, ou juste pas suffisamment étincelants, provoqueraient un Armageddon boursier. Plusieurs médias anglo-saxons parlaient d'une publication "make or break" (comprendre "ça passe ou ça casse").

"Le vieil adage de Wall Street selon lequel 'une action ne fait pas un marché' ne s'applique pas ici", a déclaré à Reuters Neil Azous, gestionnaire de portefeuille du fonds Monopoly ETF. "Nvidia a la capacité de créer un marché", a-t-il ajouté.

L'apocalypse attendra. Car Nvidia s'est montré à la hauteur de l'évènement en livrant des résultats et des prévisions au-dessus des attentes.

L'action a terminé a bondi de 5% dans les échanges d'après-clôture à la Bourse de New York, mercredi soir. Une hausse qui ajouterait environ 225 milliards de dollars à la capitalisation de Nvidia, si elle se confirmait dans les échanges réguliers.

Wall Street de son côté respire. Le contrat à terme, un instrument dérivé qui donne la tendance du marché, sur le S&P 500 prend 1,25% ce jeudi matin et celui sur le Nasdaq 100 gagne 1,8%.

Dan Ives, analyste de la tech chez Wedbush écrit que le "parrain de l'IA", Jensen Huang, le fondateur et directeur général de Nvidia, a publié "un autre trimestre monstrueux". "Une bulle de l'IA, Quelle bulle de l'IA?", poursuit-il.

"Nvidia n'a pas seulement battu les attentes, ses chiffres ont explosé comme une surtension traversant un réseau déjà saturé à pleine charge", abonde Stephen Innes de Spi AM.

Sur le trimestre allant de début août à fin octobre, Nvidia a généré des revenus de 57 milliards de dollars, en croissance de 62% sur un an, tandis que sa marge brute a atteint 73,4%. Son bénéfice net a grimpé de 65% à 31,91 milliards de dollars tandis que son bénéfice par action s'est établi à 1,30 dollar.

Selon un consensus cité par Bank of America, les analystes attendaient en moyenne des revenus de 55 milliards de dollars et un bénéfice par action de 1,25 dollar.

Des prévisions qui ravissent la Bourse

Peut-être davantage que les résultats, les prévisions pour le trimestre en cours de la société étaient attendues au tournant.

Dans une note "preview", Gene Munster, gérant chez Deepwater AM, prévenait que Nvidia se trouvait dans une situation "inextricable" avec un potentiel scénario "perdant-perdant". Si ses prévisions étaient trop faibles, alors le marché aurait pu voir le signe que la croissance du groupe commençait à se normaliser plus vite que prévu. Mais des projections trop ambitieuses auraient aussi "pu amplifier les inquiétudes liées aux dépenses excessives" des groupes de tech, expliquait Gene Munster.

In fine, les prévisions de Nvidia ont ravi la Bourse. Le groupe a indiqué viser des revenus de 65 milliards de dollars pour la période allant de novembre à fin janvier, ce qui traduirait une croissance de 65%, en légère accélération par rapport au précédent trimestre. Le groupe a nettement battu les attentes logées à 61,55 milliards de dollars, selon Bank of America.

Durant la conférence téléphonique avec les analystes, la direction de Nvidia a multiplié les signaux de confiance. La directrice financière, Colette Kress, a réitéré une prévision déjà donnée par Jensen, à savoir que le groupe s'attendait à générer, dans les cinq prochains trimestres, 500 milliards de dollars de revenus sur ses dernières architectures de GPU nouvelles générations Blackwell et Rubin (qui doivent entrer en production en 2026).

"Nous sommes sur la bonne voie sur (cette prévision) et le nombre croîtra (…) nous n'avons pas fini et nous n'avons pas dit que nous ne prendrons plus de commandes", a-t-elle déclaré.

Un simple répit pour Wall Street

"Les ventes de Blackwell dépassent toutes les prévisions et les GPU cloud sont en rupture de stock", a pour sa part affirmé Jensen Huang.

Le directeur général a lui-même tordu le cou aux spéculations sur une bulle.

"Il y a eu beaucoup de discussions autour d'une bulle dans l'IA. De notre point de vue, nous voyons quelque chose de très différent", a assuré le dirigeant aux analystes.

Jensen Huang a évoqué trois transformations "massives" que connaît actuellement le marché. À savoir la migration des processeurs centraux (CPU) vers les GPU pour accélérer la puissance de calcul, la transformation d'application existantes et la création de nouvelles applications via l'IA générative (le dirigeant a cité Meta qui a amélioré ses revenus publicitaires via l'IA générative) et l'IA dit "agentique", c'est-à-dire des systèmes d'IA conçus pour agir de manière autonome, prendre des décisions et atteindre des objectifs spécifiques.

Nvidia est bien positionné sur ces trois transitions, "excellant à chaque phase de l'IA", a-t-il affirmé.

"Jensen était extrêmement optimiste à court et à long terme", a résumé Gene Munster.

Nvidia a donc tenu son rang. Suffisamment pour calmer les craintes d'une bulle sur le marché. Du moins pour le moment.

Stephen Innes juge que ces peurs ne sont que "temporairement" apaisées. "Ne vous y trompez pas: ce marché reste en équilibre précaire entre l'euphorie suscitée par l'IA et la réalité marquée par l'endettement", fait-il valoir.

"Les résultats de Nvidia ont peut-être donné un répit au marché, mais ils n'ont pas réécrit le scénario : ils ont simplement rappelé aux traders pourquoi ils s'accrochent encore à l'idée qu'un dernier rallye de Noël peut être tiré du supercycle de l'IA. Nvidia est la locomotive de l'indice, la question est de savoir si elle a suffisamment de vapeur pour tirer tout le train de marchandises jusqu'en décembre", développe-t-il.

"Les inquiétudes quant au caractère non durable de la croissance des dépenses en infrastructures d'IA ne sont pas près de s'estomper", a de son côté déclaré à Reuters Ruben Roy, analyste chez Stifel.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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